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rieure en la maniere que l'Eglife Romaine en parle. Quelle eft donc la temerité de ces pretendus Reformateurs, qui ont fait un crime à l'Eglife, & qui ont porté les Chrétiens à fe feparer d'elle fur des points de doctrine, à l'égard defquels elle parloit comme les Peres, & n'avoit point d'autres fentimens que ceux des Peres ?

Je n'excufe pas abfolument ceux d'entre les Theologiens Catholiques, qui imputeroient des erreurs aux Proteftans qu'ils ne tiendroient pas, & qui n'auroient pas affez de foin de bien penetrer le fond de leurs opinions, parce qu'il faut être jufte & équitable envers tout le monde. Mais la verité oblige

néanmoins à mettre une extrême difference entre ces fortes d'injuftices qu'on leur peut faire, & celles qu'ils ont faites à l'Eglife, parce que l'on n'a pas la même obligation de s'informer de leurs fentimens, qu'ils en ont eu de s'inftruire de ceux de l'Eglife, & qu'ils étoient d'ailleurs certainement condamnables dans leurs expreffions temeraires, & dans les reproches injurieux qu'ils faifoient aux Catholiques. Car quiconque parle un autre langage que l'Eglife

en s'élevant contr'elle, eft criminel par cela feul, quand même il ne feroit en differend avec elle que fur des mots. Ainfi on a pu condamner les termes des Miniftres lorfqu'ils étoient opofez à ceux de l'Eglife, & qu'ils étoient emploïez pour la combattre, fans fe mettre en peine d'en penetrer le fens. C'est à eux à fe faire entendre; & ils y étoient d'autant plus obligez, qu'ils attaquoient l'Eglife à qui ils devoient toute forte de refpect.

Mais il n'en eft pas de même quand des particuliers s'élevent contre l'Eglife, & qu'ils entreprennent de l'accufer d'erreur. C'eft à eux à s'inftruire à fond de fes fentimens. L'ignorance & le defaut d'inftruction ne peuvent fervir d'excufe, parce que le devoir de ne la pas condamner temerairement eft fi vifible & fi indifpenfable, qu'il eft impoffible que l'on l'ignore que par un aveuglement volontaire, & que l'on fe donne la liberté d'y manquer que par une infolence très-criminelle. S'ils ont donc décrié des veritez comme des erreurs, faute de les bien entendre, leur faute eft énorme & inexcufable. Or ils l'ont fait, & ils ont même fondé leur Lepa

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feparation fur ces accufations temeraicomme on le conclut neceffairement de ce que l'on a dit ci-deffus, & de plufieurs autres Auteurs Calviniftes qui ont traité plus à fond que les autres les questions de la juftification. Et par confequent toute la pretenduë Reformation n'étant fondée que fur la calomnie, on ne peut nier que ce ne foit un ouvrage du demon.

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Que les Miniftres ne prétendent pas fe décharger en défavouant leur confrere & en l'accufant de s'être trop avancé. Car outre que l'on dit qu'il eft en état de ne craindre perfonne dans fon parti, & qu'il y eft auffi apuïé qu'un autre; il ne s'agit pas ici d'un defaveu en l'air, qui ne peut être qu'un effet de paffion; mais il faut de plus répondre à fes raifons & à fes preuves, & aux paffages des Ecrivains de fa se&te, qu'il pretend être dans les mêmes fentimens que lui. Et l'on eft affuré que les Miniftres ne le fauroient faire.

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CHAPITRE XII.

Que l'efprit d'une politique toute humaine qui paroit dans les differens que les Calvinistes ont en avec les Lutheriens, donne droit de les rejetter fans autre examen, comme des gens fans confcience.

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IN des plus ordinaires reproches qu'on ait fait aux Auteurs de la pretenduë Reformation, eft qu'ils n'ont pas plutôt paru, qu'on les à vu fe dechirer les uns les autres par des injures fanglantes, & fe faire entr'eux une guerre auffi cruelle, que celle qu'ils faifoient en commun à l'Eglife Catholique. Et ce reproche fans doute eft très-embarraffant pour les Calvinistes, qui ont toujours crû qu'il étoit de leur intereft de reconnoitre Luther pour un des Apôtres de leur nouvel Evangile, & d'attribuer auffi bien à l'Efprit de Dieu fon foulevement contre l'Eglife Romaine, que celui de Carloftad, de Zuingle, & de Calvin.

On leur a demandé avec raison, com

ment

ment il s'eft pu faire que fi Luther, Zuingle & Calvin avoient reçu miffion de Dieu, & étoient des inftramens qu'il eût choisi pour le plus grand ouvrage qui fût jamais, qui est la réformation des erreurs de feize fiecles, ils n'ayent pas laiffé de se divifer d'abord entr'eux, de fe déchi rer, de fe perfecuter d'une maniere outrageufe, & de fe traiter les uns les autres comme des ennemis déclarez de Dieu & de fon Eglife. Car il ne faut pas s'imaginer que ce n'ait été que fur de petits differens, & fur des points peu importans. Ce font des differens capitaux, qui ont été pouffez aux dernieres extremitez de part & d'autre, & qui n'ont jamais pu être apaifez. Ce font des differens qui ont porté Luther Comm à traiter les Zuingliens de fanatiques, Epift ad in Genef. & d'archidiables; de déclarer qu'il vaut Francof. micux être privé des Sacremens toute fa vie, que de les recevoir de la main Tur d'un Zuinglien: qui l'ont pouffé à les Hofpin. mettre au même rang que les Anabapti- fol. 18. ftes, à leur refufer toute communion onfe à publier hautement qu'il ne veut point être participant de leur blafpheme; à les apeller blafphemateurs contre Dieu & M.5 contre

Luther.

contr.

Vile

in parva

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