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contre fon CHRIST, fecte condamnée, hommes menteurs, maudits, fuperbes, arrogans; & ajoûter qu'il fe foucioit auffi peu d'être loué ou blâmé par les fanatiques Zuingliens, que s'il l'étoit par les Juifs, par le Pape, & par tous les diables; & qu'étant prêt de mourir il vouloit porter cette gloire au tribunal de JESUS-CHRIST, qu'il a condamné de tout fon cœur Carloftad, Zuingle, Oecolampade, & les autres ennemis des Sacremens.

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Les Zuingliens de leur côté n'ont pas épargné les Lutheriens en quelques occafions. Car ils les ont traitez de fons de fanatiques, de gens remplis de l'amour d'eux-mêmes, de méchans sophiftes de calomniateurs, de furieux, d'hommes fans modeftie & fans pudeur de fuperbes, defarouches, de feelerats, de Neftoriens, d'Eutychiens, de partifans de Mahomet, d'opiniâtres, de cruets de nouveaux Dogmatiftes, de Difnofophiftes, de trompeurs de fourbes, de nouveaux Capharnaites, d'ennemis communs de la verité, d'impudens chicaneurs, de renovateurs de l'idolâtrie, de factieux fchifmatiques, de Sacramentaires, d'Andropophages,

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de mangeurs de chair bumaine. Ce font les épithetes que les Lutheriens fe plaignent leur avoir été donnez par les Zuingliens, & qu'ils ont pris le foin de ramaffer à la fin de la Preface de la Refutation qu'ils ont faite d'un livre des Zuingliens intitulé, Le confentement ortodoxe.

: Ils ne fe font pas contentez de fe charger d'injures les uns les autres. Ils en font venus jufqu'aux dernieres extremitez. Hofpinien raporte en divers endroits les cruautez que les Lutheriens ont exercées contre ceux de fa fecte en tous les lieux où ils ont été les maîtres. Il reprefente de quelle forte ils les ont emprifonnez, chaffez, privez de tous leurs biens toutes les fois qu'ils l'ont pu faire. Et il avoue auffi que quand les Calviniftes fe font trouvez les plus forts, ils n'ont traité guere plus favorablement les Lutheriens, comme entr'autres dans le Palatinat, dont ils les chafferent l'an 1584. après la mort de l'Electeur Louis, qui les y avoit rétablis.

Il n'y a guere de personnes qui ne cruffent qu'on a droit au moins de conclure d'un differend fi animé, que com

me il n'étoit pas poffible que la verité fût de part & d'autre, la charité & l'Esprit de Dieu n'y pouvoit être aufsi, & que ceux qui l'auroient fi cruellement traitée, ne pouvoient être que fes ennemis. Mais les Calvinistes nous ont voulu faire voir ici qu'il n'y avoit rien d'impoffible à leur politique, & qu'elle favoit allier les chofes que tout le monde auroit cru inalliables.

Ils étoient d'un côté très-aigris con tre Luther & contre fon parti, qu'ils éprouvoient en tout contraire à leurs deffeins, & duquel ils avoient certainement fujet de fe plaindre, fupofé les opinions dont ils étoient prevenus: mais il leur étoit utile d'un autre, que Luther fût un excellent ferviteur de Dieu, que Dieu eût parlé par fa bouche, qu'il fût un de leurs Peres, de leurs Apôtres, & de leurs Saints, & que tous les Lutheriens fuffent leurs freres. Car par ce moïen ils ôtoient à leur pretenduë Reformation cette ta: che fi odieufe, que l'ouverture en eût été faite par un des plus méchans hommes du monde, par un ennemi & un perfecuteur de la verité, par un homme fans confcience; & ils le refervoient

une

une voie, de fe fervir au befoin des Lutheriens contre les Catholiques.

Ainfi pour fatisfaire à ces deux inclinations, ils nous ont dépeint d'un côté Luther tel qu'il étoit en effet, & qu'ils le devoient croire felon leurs principes; & de l'autre, ils n'ont pas laiffé de lui conferver toutes les prerogatives de grace & de fainteté qu'il leur étoit utile qu'il eût.

pars alte

ra, p. 43.

C'eft en fuivant la premiere de ces inclinations, qu'Hofpinien accufe Lu- Hofpin. ther d'avoir écrit contre Zuingle & les Sacramentaires avec une fureur & des injures exceffives, de l'avoir traité plus cruellement qu'il ne l'a jamais été des Papiftes, & de n'avoir écrit contr'eux que par un mouvement de jaloufie, parce qu'ils avoient ofé entreprendre quelque chofe dans la reformation fans le confulter. Ce qui eft lui attribuer le plus diabolique orgueil qui fût jamais. Il lui impute les fuplice de ceux que Pol 51. l'on fit mourir pendant cette diffenfion en Allemagne, en France, en Italie, en Angleterre, en Espagne. Il le décrit comme un homme emporté, qui ne fol. 7. pouvoit fouffrir d'être contredit, qui 182.885, perfecutoit la verité non feulement fans 187. raifon,

Voyez

13T. 172.

dum bac

raison, mais contre fa parole & fa confcience; qui violoit les conditions dont il étoit demeuré d'accord. Et enfin après avoir reprefenté par toutes fes contradictions, fon inconftance dans fa do&trine, fes erreurs groffieres, fes abfurditez, fon procedé malhonnête, fes injuftices, fes calomnies atroces, fes médifances furieufes, & les avoir attri❤ buées affez clairement à l'efprit du diaUt lector ble; après avoir décrit & s'être mocqué intelligat de fon entretien avec le diable, ille fait que Spiriagira mourir dans la plus cruelle difpofition tus fueris qui fût jamais, en lui attribuant de n'afcriberet, voir pas voulu rendre gloire à la verité, fol. 201. qu'il dit qu'il reconnut à la fin de fa vie, peur de rendre fa doctrine fufpecte. Qui voudroit faire le portrait du plus méchant homme du monde, il ne feroit pas befoin d'y emploïer d'autres couleurs que celles dont cet Hiftorien Calvinifte, & les autres Auteurs du même parti fe fervent pour dépeindre Luther. Cependant il fe trouve qu'ils ont voulu par-là nous faire le portrait d'un Saint, & d'un infigne ferviteur de Dieu; & c'eft ainsi qu'ils en parlent, quand ils fuivent cette autre inclination que l'interêt leur infpire. Un écrit

de

imprimé

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