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imprimé à Amsterdam fous ce titre : Lettre apologetique des Eglifes r furmées, le met à la tête des faints Peres du Calvinifme. Marchant, difent les P. 4: Auteurs de cet écrit, fur les pas de nos faints Peres, Luther, Zuingle, Capiton, Bucer, &c.

exegefi

P. 33.

Zuingle apelle Luther dans la chaleur Zwing! in même de la difpute, le principal défenfeur de l'Evangile, le fidele Jonathas qui attaque le camp des Philiftins.Ceux Hofpin de Zurich le nomment, un infigne fer- fol. 17. viteur de Jesus-Chrift, lors même qu'il les traite d'heretiques & de fanatiques. Calvin Et Calvin déclare qu'il avoit accoutu- dans la mé de dire de lui, que quand il l'apel- Latre du leroit Diable, il ne laifferoit pas de le 's No. reconnoître pour un excellent ferviteur Bulinger. de Dieu.

Ils ont eu la même complaifance pour les Lutheriens. Ils leur ont offert une infinité de fois l'union & la fraternité. Et ce n'eft pas feulement dans leur dernier Synode de Charenton de l'année 1631. qu'ils ont déclaré qu'ils étoient prêts de les admettre à la Communion; ils l'avoient fait dès le commencement de leur fecte, & dans toutes les conferences, entrevues, colloques qui fe font

1544. à

font faits entr'eux, la pretention des Zuingliens aïant toûjours été, non d'obliger les Lutheriens à changer de fentiment pour s'unir à eux, mais de fe lier avec eux d'une communion exterieure, en perfiftant de part & d'autre dans leurs fentimens.

On voit affez comment la corruption du cœur peut unir des inclinations fi differentes. Mais il n'eft pas aifé de deviner de quelle forte la confcience le peut faire, & comment en fuivant les regles de la verité, les Calviniftes ont pu traiter Luther de faint & d'excellent ferviteur de Dieu, en nous reprefentant fes actions telles qu'ils nous les reprefentent: & il faut qu'ils reconnoissent que ce procedé a tout-à-fait l'air de celui de gens qui ne fuivent dans leurs actions & dans leurs paroles, que leurs paffions & leurs interêts.

Car enfin fi Luther eft un Saint & un inftrument de Dieu, comment eft - il poffible que ceux qu'il a traitez toute fa yie de fanatiques, de fchifmatiques, d'heretiques, d'archidiables, fans fe tromper dans le fait, & en connoiffant parfaitement leurs fentimens, puiffent être gens de bien, & deftinez de Dieu à reformer fon Eglife?

Si

Si Luther avoit tort dans la conduite qu'il a tenue envers les Zuingliens ; s'il a perfecuté en eux la verité avec tant d'emportement & de violence, & par des mouvemens auffi criminels que ceux qu'ils lui attribuent, quelle opinion veut-on que nous aïons de ceux qui connoiffant fes erreurs, fes injuftices, fes crimes, n'ont pas laiffé de le traiter de Saint, & de vouloir faire croire qu'il étoit animé par l'Esprit de Dieu ? Et comment les pourrions-nous regarder autrement que comme des ames baffes & intereffées, qui n'avoient ni honneur ni fincerité?

Ainfi l'innocence ou les crimes de Luther condamnent également les Calviniftes, ou pour avoir décrié un innocent, ou pour avoir donné d'injuftes loüanges à l'un des plus méchans hommes qui fût jamais. Et cette alliance monftrueufe qu'ils ont voulu faire en fa perfonne de la fainteté avec les crimes les plus détestables, eft une preuve évidente qu'ils n'ont aucune idée de la vertu chrétienne ni de l'esprit du Chriftianifme.

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Mais cela paroitra d'une maniere encore bien plus évidente, fi l'on confide

re

Contr.

1.2. c.

re de quelle forte les principaux Auteurs de cette fecte ont tâché de fe tirer de ces mauvais pas, & d'allier les louanges qu'ils ont données à Luther avec les excès qu'ils lui attribuent, fans autorifer par là aucun des reproches qu'il leur a faits. Le fieur Daillé, qui eft fans doute l'un des plus habiles de ce parti, nous tiendra lieu de tous les autres : Car il a voulu fignaler fon adreffe en parlant de leurs differens avec les Lutheriens de cette maniere qu'il a cru fort ingenieufe & fort delicate.

Permettez-nous, dit-il, de garder Conite. cette moderation pour lui & pour les 14.8. fiens; de fuporter leur erreur fans l'aprouver, & de fouffrir leurs injures: fans perdre pour eux le respect & la charité. Ce font des freres qui font en colere: il faut pardonner à leur paffion, &nous confoler par le temoignage que leur violence rend même à la bonté de notre caufe, dans le differend que nous avons encore avec eux. S'ils n'avoient tort, ils n'en viendroient pas aux injures. C'est assurement l'erreur qui les trouble; la verité a plus de douceur & de retenuë; elle n'a pas accoutumé de s'emporter ainfi. Car que Luther & ses

difciples

difciples fuffent en colere quand ils écri-voient les vilenies les horreurs que vous en avezramaffees, le defordre & l'extravagance de leurs propres paroles le montre affez. Comme, pour laiffer le refte, ce titre ridicule du Livre de l'un d'eux, que vous ne manquez pas de reprefenter: LES ABSURDITEZ TRESABSURDES DES ABSURDITEZ CALVINIENNES Un homme favant ne parleroit pas fi fortement, s'il étoit en fens raffis. Et ne dites point que des coleres fi violentes, & des injures fi tranchantes les rendent indignes des éloges que nous leur donnons, & du fuport dont nous voulons ufer envers eux. S. Paul nous aprend que les Saints mêmes font auffi hommes, fujets aux mêmes paffions que nous. Qu'y eut-il jamais dans l'Eglife de plus faint que lui, &que Barnabé? & neanmoins il se passa entr'eux un differend qui alla jufqu'à l'irritation & à l'aigreur, napovoμòs (car l'Ecriture ufe de ce mot) & à la feparation de l'un d'avec l'autre. Sans contredit Chryfoftome, ferôme, & Cyrille d'Alexandrie, ont été trois grands hommes. Et neanmoins qui ne fait que ces deux derniers fe fant emportez contre le pre

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