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nable de ne la pas écouter & de la rejetter même fans l'entendre. Ainfi comme les preuves exterieures & interieures font unies dans le deffein de Dieu, & dans l'ordre de fa providence, il est de la pieté des Theologiens Catholiques de les joindre auffi ensemble, & il n'eft au moins jamais permis de décrier cette conduite, ni de blâmer perfonne de l'avoir suivie.

Mais fur-tout on ne fauroit alleguer une plus mauvaife raifon pour la condamner, que de dire que c'eft une marque que l'on fe deffie de la bonté de fa caufe, que d'avoir tant de foin de ne lui ôter rien de ce qui peut fervir à la fortifier : & ce reproche ne peut venir que de gens qui n'ont jamais bien compris la foibleffe de leur propre efprit..

Il eft vrai que la verité est en ellemême toute pleine de lumiere & de force: mais il eft vrai auffi, comme on l'a dit au commencement de cette Pre

face, que notre efprit n'eft de lui-même que tenebres & qu'infirmité; que tout eft préfque capable de l'éblouir & de le furprendre; que les plus petites raifons aufquelles il s'attache, lui font

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font fouvent perdre de vûe les plus grandes & les plus folides; & que les plus legeres conjectures dont il est frapé, font quelquefois fuffifantes pour lui faire prendre parti dans les quetions les plus obfcures.

Il est donc jufte de fe deffier non de la force de la verité, mais de la foibleffe de l'efprit des hommes, & de ne négliger ainfi aucun des moïens legitimes qui peuvent fervir à l'éclairer, à le foutenir, & à l'affermir dans la verité. Les uns font touchez d'une raifon, les autres d'une autre. Les uns ont l'efprit ouvert à de certaines preuves, & l'ont fermé à d'autres qui font plus fortes en elles-mêmes. Il faut donc en propofer de tout genre, pourvu qu'elles foient toutes veritables.

Il eft d'autant plus utile de joindre en cette rencontre ces preuves exterieures aux interieures, & de commencer par les premieres, qu'elles découvrent une circonftance generale qui affoiblit infiniment toutes les raifons des Calviniftes, & qui fortifie toutes celles des Catholiques. Car le moins que. l'on en puiffe conclure eft, que la caufe des Calviniftes étant bleffée par de fi violens

violens préjugez, qu'ils femblent donner droit de les condamner même fans. les entendre, il faut au moins, fi l'on leur fait la grace de les écouter, que leurs preuves foient dans le fouverain degré de clarté, pour balancer un peu l'impreffion defavantageufe que ces préjugez forment neceflairement : & qu'au contraire les moindres raifons doivent fuffire pour retenir les hommes dans l'Eglife Catholique, puifque fa doctrine eft foutenue par tant d'appuis exterieurs & par une autorité si éminente. Quel jugement donc devrat'on faire de la caufe des uns & des autres, fi l'on ne trouve dans l'examen des dogmes particuliers que des illufions groffieres dans les preuves des Calviniftes, qui étoient obligez de ne produire que des demonftrations; & que l'on découvre au contraire une force invincible dans celle des Catholiques, quoiqu'ils euffent droit de fupofer leur doctrine pour veritable, fans fe mettre en peine de la prouver ?

Au refte, je croi que Meffieurs de la Religion Pretenduë Reformée feront affez équitables pour ne pas croire qu'on leur ait voulu faire injure en reB 4 pre

prefentant, comme l'on a fait, les excès de ceux qui font auteurs de cette funefte feparation dans laquelle ils fe trouvent envelopez; & que ceux d'entr'eux qui n'ignorent pas ce que l'on a dit de leurs vices perfonnels, trouveront qu'on ne pouvoit pas en parler avec plus de moderation, puifqu'on ne s'eft attaché qu'à des défauts notoires & publics, & qui fe prouvent par leurs écrits.

Ils nous doivent auffi cette juftice, de croire que nous mettons une difference infinie entre les auteurs du fchifme & les Calviniftes d'à prefent, qui l'ont trouvé déja tout formé, qui y font nez & élevez, & à qui l'éloignement de l'Eglife Romaine eft devenu comme naturel, parce qu'ils ont reçu les impreffions dans un âge où ils n'étoient pas capables de diftinguer la verité de l'erreur. Il eft vrai qu'on ne fauroit avoir de l'amour pour l'Eglife & pour les ames que JESUSCHRIST a rachetées de fon fang, que l'on ne foit émû de quelqe forte d'indignation contre ces hommes temeraires & prefomptueux qui ont attaché les fimples à eux en les fepa

rant

rant de J. C. & de fon Eglife, & qui fe sont ainfi rendus le principe de la damnation d'une infinité d'ames, dont Dieu leur redemandera le fang.

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Mais on a bien d'autres fentimens pour ceux qui fe font trouvez engagez dans le fchifme par leur naiffance même, & qui y ont été entrainez par l'autorité de leurs peres. On les peut affurer que l'on n'a pour eux que des mouvemens de charité & de tendreffe, que. des defirs très-ardens de leur procurer toutes fortes d'avantages & fpirituels & temporels, & que c'eft avec toute forte de fincerité que l'on leur adreffe ces belles paroles de faint Auguftin: Que ceux-là vous traitent avec August. rigueur, qui ne favent pas combien il eft comir. Ep. difficile de trouver la verité, & d'éviter les erreurs. Que ceux-là vous traitent avec rigueur, qui ignorent combien il y a de peine à s'élever au-deffus des fantômes dont on s'eft une fois rempli. Que ceux-là vous traitent avec rigueur, qui ne connoiffent point les difficultez extrêmes qu'il y a à purifier l'oeil de l'homme interieur, , pour le rendre capable de voir la verité qui eft le foleil de l'ame.

cap. 3:

Mais pour nous, nous fommes très- << Ibid. B. < éloi‹‹. 18.

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