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femble dans ce differend les derniers excès de la violence, & les plus lâches baffeffes d'une politique intereffée.

Tout cela n'eft rien neanmois au prix de l'abfurdité des comparaifons que le fieur Daillé fait de cette guerre fanglante que les Lutheriens & les Calviniftes fe font faite mutuellement, avec des differens qui ont été entre des Saints. Car comme tout ce qui porte le nom de difpute fuffifoit pour juftifier les excès où ils fe font portez les uns contre les autres, & qui ont eu tant de funeftes fuites, il raporte la diverfité des fentimens qui obligea S. Paul & S. Barnabé de fe feparer, quoiqu'elle ne regardât ni les dogmes, ni leurs per. fonnes, mais feulement un point de conduite dans lequel ils fuivoient deux vuës differentes; l'une de charité, l'autre d'exactitude dans la difcipline, & qui étoient toutes deux bonnes & saintes en elles-mêmes.

Il raporte le differend entre S. Chryfoftome, & S. Jerôme, & S. Cyrille, quoiqu'il ne regardât que des faits perfonels, dans lefquels on a jamais nié qu'il ne puiffe arriver aux Saints mêmes d'être furpris à l'égard les uns des auN

tres,

tres, & qu'ils n'empêchaffent pas qu'ils n'euffent les mêmes fentimens touchant la foi, & qu'ils ne fe regardaffent les uns les autres comme membres de la même Eglife.

Il raporte le differend entre S. Cyprien & le Pape Etienne, fur un point qui n'avoit pas encore été decidé par l'Eglife univerfelle, quoique le Pape Etienne, qui a temoigné le plus de chaleur, & qui avoit plus de raifon dans le fond, ne fe foit porté par l'ardeur de fon zele qu'à quelques menaces d'excommunication, ou fi l'on veut, à une excommunication qui n'aïant pas eu de lieu, ne produifit aucune divifion réelle, & n'empêcha pas que S. Cyprien ne fûr honoré par l'Eglife Romaine, & Saing Etienne par celle d'Afrique.

Quel raport ont donc tous ces exem ples avec la divifion dont il s'agit? Ce n'eft point une diverfité de fentimens fur quelque point de conduite, fur lequel on puiffe avoir des vues diffe

rentes.

Elle n'a point pour fondement des fairs perfonels à l'égard defquels on peur facilement être furpris, en foupconnant les hommes de vices humains

tels

tels qu'ont été tous les differens entre S. Chryfoftome, S. Jerôme, S Epiphane, & S. Cyrille d'Alexandrie: & il fe trompe même au regard de S. Epiphane, en difant, qu'il avoit condam né, excommunié, & depofe S. Chrysoftome, ce qui eft notoirement faux.

Ce n'eft point une difpute fur des points encore indecis, qui fe foit terminée fans rupture actuelle de commu nion, comme celle de S. Cyprien & dự Pape S. Etienne.

C'eft un differend fondé fur plufieurs dogmés, qui a produit une rupture totale de communion, fans aucune recon ciliation. C'eft un differend accompa gné de la part de Luther, felon la pre tention des Calviniftes, d'impofture, de calomnie, d'orgueil,de violences, de perfecutions, de manquemens de foi.

C'est un fchifme non avec deux ou trois perfonnes, mais felon les Calvinistes, avec tous ceux qui étoient vraie ment ortodoxes, que Luther a condamnez d'herefie & de blafpheme, & qu'il a traitez d'archidiables, en publiant hautement qu'on ne pouvoit avoir aucunes liaisons avec eux. N'eft-ce pas une chofe honteufe, que d'avoir

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ofé

ofé comparer des chofes fi inégales ? Si le fieur Daillé avoit voulu produire quelque exemple femblable, il devoit chercher quelque Saint qui eût perfecuté tous les ortodoxes, qui les eût calomniez & outragez pendant plufieurs années, & par des mouvemens trèsinjuftes & très-corrompus; qui fût mort dans cette difpofition, ou dans une autre encore plus criminelle; & qui neanmoins eût été reconnu pour Saint. Que s'il eft non feulement impoffible d'en trouver de cette nature, mais même ridicule d'en chercher, il est évident qu'il a voulu tromper le monde, ou qu'il s'est groffierement trompé lui-même, lorfqu'il a pretendu juftifier les differens d'entre Luther & Zuingle, par des exemples qui ont fi peu de raport.

Il faut donc que les Calviniftes avouent que l'on ne peut fupofer, comme ils font, que Luther avoit tort dans les differens qu'il a eus avec Zuingle & avec eux, & que ce qu'ils nous en raportent eux-mêmes foit veritable, fans Faire de Luther un des plus grands ennemis de Dieu & de l'Eglise qui aient jamais été.

Mais les confequences de cet aveu

vont plus loin qu'ils ne penfent, & elles nous font connoitre l'efprit de tout ce parti. Car fi Luther eft un inftrument du diable, un mechant, un fchifmatique, un violent & un emporté; que deviendra la reformation qu'il a établie, & qui fert de fondement à celle des Calviniftes? Que dira-t'on de tant de louanges qu'ils lui ont données, finon qu'elles prouvent parfaitement que leur Societé n'a été dans fon origine qu'une faction de gens politiques, qui ont fongé principalement à leur établiffement & à leur confervation, & qui ont toujours preferé leurs interêts à la verité: ce qui ne nous donne pas grand fujet de croire qu'ils aient été destinez de Dieu pour la découvrir aux hommes?

Que fi ces déferences qu'ils ont euës pour Luther marquent clairement, que la crainte & l'interêt les ont toujours dominez; la complaifance qu'ils ont eue pour les Lutheriens, en les traitant de freres, & en leur offrant fi fouvent leur communion, fait encore mieux voir qu'une politique intereffée a toujours été le grand principe de leur con

duite.

Car on ne fauroit examiner de bonne

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foi

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