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foit fufcitez extraordinairement pour reformer fon Eglife, il ne nous eft pas poffible de les prendre pour des gens de cette forte, & nous avons un sujet très-legitime de refufer de les écouter.

CHAPITRE XIII.

Que les dogmes monstrueux & notoirement faux enfeignez par les Calviniftes touchant l'état des vrais Chré tiens, donnent un droit legitime de les rejetter, fans examiner leurs autres opinions.

LA

A fin de toutes les recherches des veritez de la foi étant de trouver la voie du falut, & de difcerner la focieté à laquelle on fe doit joindre ; on peut fe difpenfer avec raifon, de paffer plus outre dans l'examen des opinions d'une nouvelle fecte, lorfque l'on fait avec certitude qu'elle eft incapable de nous y conduire.

Or pour cela, il fuffit que ceux qui l'ont formée foient notoirement coupables de quelque erreur groffiere & inexcufable, qui donne lieu de conclu→

re qu'ils ne pouvoient être Miniftres de Dieu, ni avoir été choifis pour annoncer la verité aux hommes.

On pouroit en remarquer plufieurs de ce genre dans la doctrine de ceux qui ont établi la Societé des Calvinistes. Ce qu'ils enfeignent, par exemple du Bâtême, qu'il n'eft pas neceffaire aux enfans des fidéles, & qu'ils ne laifferoient pas d'être fauvez fans l'avoir reçu; qu'il n'opere fon effet que dans les predeftinez, & que plufieurs des enfans qui en reçoivent le figne, n'en reçoivent point la grace, eft fi visiblement contraire à l'Ecriture & à toute la tradition, que la temerité de ces dogmes fournit feule une raifon fuffifante pour rompre tout commerce avec ceux qui ont eu la hardieffe de les enfeigner. Mais leur doctrine de l'inamiffibilité de la juftification, & cette alliance qu'ils font de l'état de grace & d'enfant de Dieu avec des crimes horribles, en soutenant d'une part, qu'un jufte ne peut dechoir de la juftice, & avouant de l'autre, qu'il peut neanmoins tomber, & demeurer long-tems dans des pechez trèsénormes ; cette doctrine, dis-je, a quelque chofe de fi étrange, de fi monf

trueux,

trueux, de fi contraire & à l'Ecriture & à la raifon, qu'il ne faut que ce feul dogme-enfeigné par les principaux auteurs de cette fecte, & confirmé par le Synode de Dordrecht, pour montrer qu'ils ne font point l'Eglife, & que l'Efprit de Dieu n'eft point en eux.

Il n'y a point deraifon plus jufte pour refuser d'écouter des gens qui entreprennent de reformer l'Eglife, & qui n'ont point la miffion ordinaire, que d'être convaincu qu'ils ignorent la voie du ciel. Car il s'enfuit de là manifeftement, qu'ils ne peuvent avoir été envoyez par celui qui eft defcendu du ciel en terre pour enfeigner aux hommes cette voie, ad dandam fcientiam falutis plebi fna. Or c'eft ignorer cette voie, que de ne pas favoir ce qui en exclut, & d'aprouver les crimes les plus énormes, ou comme des actions juftes, ou comme des actions compatibles avec l'état d'une vie chrétienne.

Les Gnoftiques & plufieurs autres heretiques ont fait le premier, & les Cálviniftes font le fecond. S'ils n'ôtent pas aux actions criminelles le nom de crimes, & s'ils ne les declarent pas innocentes ils enfeignent au moins qu'elles

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qu'elles font incapables de nuire pour le falut à un fidéle & à un jufte, à moins qu'elles ne fuffent dans un certain degré chimerique, où elles ne fe trouvent jamais, ni dans les vrais fidéles, ni prefque dans aucun autre. Ils enfeignent qu'elles ne font perdre ni le droit au Roïaume de Dieu, ni la qualité de juste & d'enfant de Dieu. Ils enfeignent qu'on n'a pas fujet d'en aprehender aucune punition ni en cette vie ni en l'autre. Ils enfeignent enfin qu'elles fubfiftent avec l'état d'un Chrétien, & qu'elles ne nous font point fortir de la voie

du ciel.

Je n'ai pas befoin ni de prouver, ni de refuter ici toutes ces propofitions. On le doit faire avec étendue dans un livre qui s'imprime prefentement. Et l'on fera voir qu'il n'y eut jamais d'erreurs plus clairement condamnées par l'Ecriture du vieil & du nouveau Teftament, que celles de l'inamiffibilité de la juftice, & de l'alliance des crimes. avec l'état des juftes; & que l'on në s'eft jamais joué de l'Ecriture par de plus vaines & de plus ridicules défaites que les Miniftres font, en tâchant d'éluder les paffages qui condamnent ces

erreurs.

Je

Je n'ai donc qu'à tirer de ces principes les mêmes confequences qu'on en a tirées dans le livre où l'on a traité cette matiere à fond, & à les emploier ici, pour conclure que les Predicateurs de ces deteftables herefies, qui détruisent entierement le Chriftianifme étant certainement des Predicateurs du ferpent, comme parle S. Auguftin, ils n'ont pu être en même-tems choifis de Dieu pour rétablir fon Eglife tombée en ruine, & pour l'avertir des erreurs & des abus qui s'y feroient gliffez: Qu'ils ne font point dignes d'être écoutez dans les myfteres cachez, puifqu'ils font vifiblement coupables dans les chofes les plus claires & les moins embaraffées : Qu'il eft contre la raifon de vouloir aprendre la verité de gens qui font euxmêmes envelopez de fi épaiffes tenebres, & de fuivre des guides qui vont droit au precipice, & qui ne peuvent qu'y conduire ceux qui les fuivent: Et enfin que c'eft une folie de choisir pour maîtres de la foi chrétienne des perfonnes qui font voir qu'ils n'ont jamais fçu ce que c'étoit que d'être Chrétien.

Voilà ce que l'on conclut des principes établis dans ce traité. C'eft aux Mi

niftres

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