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niftres à voir ce qu'ils ont à y repondre, fans quoi il ne paroit pas qu'ils puiflent demander avec la moindre ombre de justice qu'on s'engage plus avant dans la difcuffion de leurs opinions touchant les myfteres plus difficiles.

CHAPIT

APITRE XIV.

Que la voie que propofent les Calviniftes pour inftruire les hommes de la verité, eft ridicule & impossible.

Q

UAND on arrêteroit les Calviniftes par toutes les confiderations que nous avons propofées, comme par autant de barrieres, & que l'on fe difpenferoit d'entrer dans la difcuffion de leurs dogmes, ils ne fe pouroient plaindre que l'on leur fit la moindre inuftice; & l'on auroit droit de leur fer

er la bouche, en leur difant que la Verité faifant voir qu'ils ne meritent pas d'être écoutez, il n'eft pas poffible qu'ils foient deftinez pour en inftruire les hommes. Mais parce que l'on peut fe porter à les entendre par d'autres otifs, comme par le defir de les dé

tromper

tromper eux-mêmes, je veux bien nonobftant tous ces prejugez fi peu favorables, continuer encore à m'informer de leurs principes.

Mais comme il s'agit ici de la promeffe qu'ils font de découvrir aux Catholiques plufieurs veritez de la foi, qui font felon eux obfcurcies, & même alterées dans l'Eglife Romaine, il n'y a rien de plus jufte ni de plus naturel que de s'enquerir d'abord de la voie qu'ils veulent prendre pour y réuffir, afin que l'on puiffe juger par la nature même de cette voie ce que l'on en doit attendre. Car s'il fe trouvoit qu'ils nous voulusfent engager dans un chemin infini, & qui n'eût aucune iffuë, il n'y auroit point d'excufe plus legitime pour s'exemter de les entendre, ni de conviction plus évidente de la temerité de leur entreprise.

Il eft vrai que fi on les entend parler fur ce fujet fans aprofondir davantage ce qu'ils difent, on aura fujet d'être fatisfait. Car ils promettent hautement de nous conduire à la foi par une voie courte, facile, lumineufe, fans embaras, fans danger de s'égarer; & cette voie, difent-ils, eft l'examen des arti

cles

cles de la foi par l'Ecriture, qui eft l’unique regle que Dieu nous ait donnée pour decider les differens de Religion, & nous affurer de ce qu'il faut croire, tout le refte étant fujet à erreur.

Mais parce que dans une matiere de cette importance il faut extrêmement éviter de fe laiffer éblouir par des paroles qui auroient plus d'aparence que de folidité, il eft bon de s'informer plus exactement fi ce chemin eft auffi facile qu'on le reprefente; s'il ne s'y rencontre point d'obstacles qui empêchent de paffer outre ; & s'il n'eft point d'une longueur exceffive qu'on ne doive pas efperer raifonnablement d'arriver au bout, quelque diligence que l'on faffe; s'il eft proportionné à tout le monde & s'il n'y a perfonne qui ne puiffe en y - marchant fidelement, arriver à la fin où il conduit.

Car tous les hommes generalement, hommes, femmes, favans, ignorans, grands & petits, étant apellez au falut, & n'y aïant point d'autre chemin pour y arriver que celui de la foi; fi la voie pour l'aquerir eft unique, comme les Calviniftes le publient, tout chemin qui n'y poura conduire les fimples & les

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ignorans, n'y poura conduire perfonne; puifque le caractere & la marque de cet unique chemin doit être d'y pouvoir conduire tout le monde. Il est donc neceflaire de prevoir en gros les diver fes routes par où ils nous veulent fairepaffer, pour juger raifonnablement, s'il y a quelque efperance que tout le monde foit capable d'y marcher & d'aller jufqu'à la fin.

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Mais parce que de peur d'effraïer le monde; ils diffimulent autant qu'ils. peuvent les difficultez du chemin par où ils nous veulent conduire, il faut par neceffité les prevoir foi-même, fur ce qu'ils nous difent en general des dé tours par où ils nous veulent conduire..

Leur premier principe donc, eft que la foi ne fe doit aprendre ni de la voix: de l'Eglife, ni de l'autorité de la tradirion, mais de la feule Ecriture; que les traditions font incertaines & trompeufes; que l'Eglife peut faillir, & qu'elle n'a aucune promeffe de ne fe point tromper dans les jugemens les plus folemnels qu'elle rend fur les differens qui s'élevent touchant la foi; qu'ainfi Dieu ne nous a donné aucune regle certaine pour nous en affurer que celle de fa parole.

Ce

Ce premier principe enferme toutes ces maximes fans lefquelles il ne peut fubfifter.

1. Que l'Eglife n'eft pas infaillible dans fes decifions touchant la foi.

2. Que les traditions ne font aucune partie de la regle de la foi.

3. Que l'Ecriture contient generalement tous les points de foi, & qu'ainfi ce qui n'eft point contenu dans l'Ecriture ne peut être de foi.

4. Qu'elle les contient clairement & d'une maniere proportionnée à l'intelligence de tout le monde.

Ainfi la certitude de cette voie, & l'efperance qu'on en peut raifonnablement concevoir, dépend de la certitude de ces maximes. Il faut donc qu'elles nous foient attestées par une autorité à laquelle nous foïons obligez de foumettre notre efprit, c'est-à-dire, par une autorité divine; car on ne dira pas fans doute que ces maximes foient claires par elles-mêmes, & que le fens commun fuffit pour en connoitre la ve

rité.

Il faut donc que tout homme qui ne voudra pas fe laiffer abuser groffierement, demande d'abord aux Calvini

ftes

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