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ftes des preuves claires & convaincantes de ces maximes capitales fur lefquelles tout le refte de leur religion est établi, c'est-à-dire, des paffages de l'Ecriture formels & decififs, puifqu'on ne le fauroit prouver que par là.

Or fi cet homme que les Calviniftes pretendent inftruire, veut fuivre la raifon, il ne fe peut difpenfer, quelque paffage qu'on lui propofe pour la preuve de ces maximes, de former d'abord trois questions, avant même que d'en confiderer la force & le fens. Car il doit s'affurer en premier lieu, fi ce paffage eft tiré d'un Livre canonique; 2. s'il eft conforme à l'original; 3. s'il n'y a point de diverfes manieres de le lire qui en affoibliffent la preuve.

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La premiere queftion oblige de s'informer quels font les Livres canoniques, & par quelles regles on en doit juger; fi c'eft par l'autorité de l'Eglife, ou par un mouvement interieur du S. Efprit. Il faut que cet homme dont nous parlons, fe determine fur ce point avant que de paffer outre. Et comme pour embraffer la derniere opinion, qui eft celle des Calviniftes, il faut que l'on lui allegue des preuves convaincantes,

qui faffent voir que c'eft par le mouve ment interieur qu'on doit faire ce dif cernement fi important, je ne fai pas bien où les Calvinistes en trouveront de cette nature.

Supofons neanmoins qu'ils perfua dent cet homme, que c'eft-là la veritable voie pour reconnoitre les Livres canoniques. Il faudra enfuite qu'il la mette en pratique ; & je ne voi pas qu'il le puiffe faire autrement qu'en lifant d'Ecriture d'un bout à l'autre, & en faifant cependant attention s'il fentira le mouvement interieur. Car je ne croi pas que les Calviniftes veuillent pouffer cette reverie jufqu'à ce point d'extravagance, que de foutenir que ce mouvement interieur fait reconnoitre non feulement fi un Livre eft canonique, mais fi chaque paffage de ce Livre eft · canonique fans qu'il foit befoin de lire le Livre tout entier.

pas

Voilà donc déja ceux qui ne pouront

lire toute la Bible, exclus de ce difcernement. Et quand même on repondroit qu'il n'eft pas befoin de connoitre tous les Livres canoniques, pourvu que l'on fache que ceux dont on fe fert pour prouver les veritez de la foi le font.,

cela

cela ne diminuera guere le travail de cet examen. Car il y a peu de Livres canoniques qui ne foient neceffaires pour l'établissement de quelque verité de foi, foit pour la prouver directement, foit pour confirmer les paffages qui la prouvent comme nous dirons plus bas.

De là il faudra paffer aux deux autres queftions qui regardent la fidelité de la traduction, où les diverses manieres de lire le paffage dont il s'agira: & cet examen ne le peur faire qu'en confultant les originaux mêmes, ce qui demande une grande.connoiffance des lan→ gues; ou en s'en raportant à un affez grand nombre de perfonnes habiles pour n'avoir pas fujet de douter de la fidelité de leur raport, ce qui ne laisse pas d'être long & embarallant.

Ces trois questions que l'on peut apeller préjudiciales, érant décidées, il en faudra venir aux paffages mêmes, & confiderer s'ils concluent bien nettement que l'Ecriture contient clairement toutes les verirez de foi neceffaires au falut, & qu'elle en eft l'unique regle, en prenant garde à ne fe pas laiffer furprendre, & à ne donner pas une plus

grande

grande étendue à ces paffages qu'ils n'en ont effectivement.

Par exemple, fi les Calviniftes alleguent à cet homme pour le perfuader que l'Ecriture eft l'unique regle de la foi, ce paffage dont ils fe fervent ordinairement: Que la loi de Dien eft parfaite,& qu'elle convertit les cœurs, il aura fujet de demander comment ils peuvent conclure de ce lieu-là, que l'Ecriture contient tout ce qui eft neceffaire à falut; puifque quand David écrivit ces paroles, il n'y avoit point encore d'autres Livres de l'Ecriture écrits que ceux de Moïfe, de Jofué, des Juges, & les premiers des Rois, & peut-être Job; & que cependant Chamier n'oferoit s'engager à foutenir pofitivement que l'immortalité de l'ame, la refurrection, le jugement, le paradis, l'enfer, foient clairement contenus dans ces Livres de l'Ecriture, quoique ce foient des articles de foi très-neceffaires à favoir, & fans lefquels la Religion n'a jamais pu fubfifter.

Il avoué même tacitement l'impuiffance visible où les Calviniltes font de prouver ces articles par ces Livres de l'ancien Teftament, en difant dans fa Reponse

tom. 1.

Réponse à une objection du Cardinal cham. du Perron: qu'il ne nie pas qu'il n'y ait 1. 9. c. 84 eu un tems où la tradition avoit lieu, §. 20, qu'il fait que Dieu a difpenfe diversement les Ecritures; que le grand difcours de Jefus Chrift aux Capharnaïtes étoit une tradition non écrite avant que S. Jean l'eût redigé par écrit, comme il fit quelques années après ; que l'on en peut dire de même de l'ancien Teftament, & que l'hiftoire de la creation, du deluge, d'Abraham, avoit été quelque-tems fans être écrite ; & qu'ainfi le Cardinal du Perron n'a pas plus de raifon de conclure que l'Ecriture ne contient pas tous les articles de fois parce qu'il y en a qui n'ont été écrits que depuis Moife, qu'il y en auroit de conclure qu'elle eft imparfaite à l'égard de ceux que Moïfe a le premier

écrits.

Mais ce Miniftre qui accufe par tout les autres d'être des fophiftes, tombe lui-même en cet endroit dans un fophifme vifible. Car il ne s'agit pas fi l'Ecriture contient prefentement ces articles, mais il s'agit fi l'on le peut prouver par ces fortes d'expreffions generales, comme celles de David: Que

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