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& par confequent qu'il en confulte pluheurs & comme les meilleurs ne font :

pas également bons par tout, il faut qu'il y fuplée par les autres.

On peut juger où cela va; & ce n'est pas néanmoins encore tout. Car ne feroit-il pas raisonnable en écoutant les divers Interpretes de l'Ecriture, de confulter auffi les anciens, c'est-à-dire, les Saints Peres, qui avoient encore plus de lumieres? Pourquoi fe priver volontairement de ce fecours? Le confentement de plufieurs perfonnes defintereffées à expliquer un paffage en un certain fens, ne fait-il pas voir que c'est celui auquel il porte de lui-même ? Et n'a-t'on pas bien plus de fujet de fe défier de fes propres lumieres, que de celles de tant de grands hommes, que l'on fait avoir été éminens en fainteté & en science, & avoir eu toutes les marques de perfonnes animées & éclairées par l'efprit de Dieu ?

Pour moi, je ne vois pas comment on s'en pouroit difpenfer, puifque cette pretendue clarté de l'Ecriture n'exclut -point, comme dit Chamier, l'aplication des moïens humains pour s'en affurer, & que cet examen des fentimens

de

de l'antiquité eft le principal de ces moïens. Cependant fi les Miniftres admettent la neceffité de cette recherche, où en font-ils ? Et qui y poura fuffire? Mais ne traitons pas ce profelyte du Calvinifine fi à la rigueur. Permettonslui de paffer pardeffus plufieurs difficultez très-grandes & très-raifonnables: autrement bien loin d'achever l'examen de toutes les matieres de foi, à peine arriveroit-il jufqu'à pouvoir commencer la difcuffion d'aucun point particulier. Il faut donc lui faire grace, & s'imaginer qu'il a fait ce qu'il n'a pas fait.

Supofons donc qu'il ait fait toutes ces importantes découvertes dont nous avons montré la neceffité.

le

Supofons qu'il ait reconnu que mouvement interieur étoit la marque établie de Dieu pour difcerner les Livres canoniques.

Supofons qu'il ait reconnu par cet efprit interieur quels étoient les Livres canoniques, ce qui enferme au moins qu'il les ait lûs comme nous l'avons montré.

Supofons que dans l'examen de la queftion, fi l'Ecriture fuffit, il ait vû

tous

tous les paffages que l'on allegue de part & d'autre, afin de reconnoitre le veritable fens de tous ces paffages.

Supofons encore qu'il fe foit affuré que tous ces paffages étoient conformes aux textes originaux, & qu'il n'y avoit point d'autres textes qui donnassent lieu d'en douter.

Supofons qu'il ait confulté les anciens & nouveaux Interpretes de l'Ecriture fur ces mêmes paffages autant que la prudence le demandoit, & qu'il foit parvenu par toutes ces recherches à cette conclufion; Que dans l'examen des matieres de la foi, il ne faut s'arrêter qu'à la feule Ecriture, fans avoir égard l'autorité de la tradition, foit pour expliquer l'Ecriture, foit pour nous rendre temoignage de quelque dogme qui n'y fût pas contenu. Ce feroit fans doute avoir fait de grands progrès, & neanmoins il ne feroit encore qu'à l'entrée de l'examen qu'il entreprendroit, & la premiere difficulté qu'il découvriroit enfuite, le jetteroit encore dans de plus grands embaras.

Car il est évident que de vouloir examiner en detail tout ce que contient Ecriture, & toutes les veritez qu'on

en

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en peut tirer, c'eft entreprendre un ouvrage infini, & manifeftement impoffible; & que d'attacher le falut à cette condition, c'est en ôter toute efperance aux hommes. Les Catholiques remedient à cet inconvenient par une voie très-facile & très-conforme à la raison, qui eft de dire qu'il n'y a qu'un certain nombre de veritez de foi que chaque fidele foit obligé de croire de foi diftinte, & qu'à l'égard des autres, il fuffic de les croire fur la foi de l'Eglife, & de ne foutenir aucune erreur qui foit contraire à l'Ecriture ou à la tradition, felon le jugement de la même Eglife. Or en tout cela il n'y a rien que de trèspoffible, & un homme le peut fort bien affurer qu'il y fatisfait.

Les Caviniftes ont auffi fenti cette difficulté, & ils ont pretendu y remedier par une autre voie : C'eft de dire qu'il y a un certain nombre d'articles neceffaires & fuffifans pour le falut, qu'ils apellent pour cette raifon fondamentaux, & que foit qu'on ignore les autres, foit qu'on les combatte même par erreur & contre le jugement de l'Eglife, ces fortes d'erreurs ne rendent point heretiques & ne nuifent point pour le falut.

Cette

Cette doctrine eft differente de celle des Catholiques, en ce qu'elle enfeigne qu'il y a des erreurs contraires à l'Ecriture & au confentement de l'Eglife, qui ne rendent point heretique, & ne privent point du falut, quand même on les foutiendroit opiniâtrement; & qu'elle borne ainfi les articles qu'on ne peut defavouer fans perdre la foi, à un certain nombre: au- lieu que les Catholiques enfeignent que toute erreur contraire à ce que Dieu nous a revelé, foutenue avec opiniâtreté contre le jugement de l'Eglife, rend heretique, quoiqu'ils n'enfeignent pas qu'on foit obligé de croire de foi distincte toute veriré de foi.

Il eft clair que cette diftinction des articles de foi, en fondamentaux & non fondamentaux, eft effentielle à la voie que les Calviniftes prennent d'inftruire les hommes de la foi par l'Ecriture; parce que fans ce retranchement qu'ils font des articles non fondamentaux, cette voie eft notoirement ridicule & impoffible. La raifon oblige donc de s'affurer fi cette diftinction eft vraie & folide; ce qu'ils ne peuvent faire qu'en établiffant par des preuves

convain

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