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convaincantes les maximes fuivantes.

1. Que l'on peut fans perdre la foi & le falut foutenir des erreurs contraires à l'Ecriture & au confentement de l'E

glife, pourvu qu'elles ne foient point

contraires aux articles fondamentaux.

2. Que ces articles fondamentaux confiftent precisement en tels & tels articles, & que nul autre, à l'exception de ceux-là, n'eft fondamental.

La neceffité de s'affurer de ces deux points eft toute évidente. Car à quoi ferviroit de s'inftruire des principales veritez de la foi, fi l'on pouvoit être encore heretique, & déchoir du falut pour d'autres veritez moins importantes, que l'on combattroit par erreur ?

Et quel moïen y auroit-il d'avoir jamais une affurance raisonnable, que l'on fait tout ce qui eft neceffaire pour être fauvé, fi l'on ignoroit le nombre precis de ces articles, ou que l'on ne fût au moins affuré qu'il n'excede point un certain nombre?

Cependant la verité eft que les Calviniftes font dans une entiere impuiffance de prouver aucun de ces deux principes, aufquels ils attachent neanmoins leur foi & leur falut.

Il eft certain à l'égard du premier, que l'ancienne Eglife n'a point connu cette diftinction d'erreurs fondamentales & non fondamentales, & qu'elle a traité d'heretiques indifferemment tous ceux qui foutenoient quelque doArine contraire au confentement de tout le corps de l'Eglife. C'est auffi ce que le fieur Daillé blâme fort nettement dans fon Apologie.

En la Religion, dit-il, il faut fuir la communion de ceux dont l'erreur chaque les fondemens de la foi, mais entretenir charitablement ceux qui aïant le principal, n'ont pu s'exemter entierement de toutes les creances contraires à la verité. L'antiquité me pardonnera, fi j'ofe remarquer qu'elle femble par fois avoir été trop fcrupuleufe & s'il le faut ainsi dire, trop chagrine en cet endroit, rebattant fouvent des opinions innocentes avec des termes tragiques,

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les perfonnes qui les défendoient comme s'ils euffent renversé tout l'Evangile.

Mais comme ce n'eft pas une grande preuve de verité pour une opinion, que d'avouer fimplement qu'elle eft contraire au fentiment de l'ancienne Eglife,

&

& que l'on ne peut guere aporter au contraire de plus forte preuve de fa fauffeté, il faut par neceffité que les Calvinistes en cherchent d'autres, & qu'ils nous faffent voir par l'Ecriture,` que l'on peut contredire l'Ecriture ou la tradition, & foutenir fon erreur contre le jugement de l'Eglife fans perdre la foi, & fans dechoir du falut. Voilà à quoi ils font obligez indifpenfablement. Et tant s'en faut qu'ils y fatisfaffent, qu'ils ont même fouvent reconnu le contraire de ce pretendu principe.

pin. p. 2.

Luther, au raport d'Hospinien, repondit à l'Electeur de Saxe, qui le confultoit fur l'union avec les Suiffes: Que celui qui nioit un feul article de Luther. foi, n'étoit pas moins impie qu'Arrius, apudHofou ceux qui lui reßemblent. Calovius fol. 124: Lutherien dans fon Abregé des Controverfes, pag. 34. parle en ces termes de la pretention des nouveaux Calviniftes : C'est une fupofition deftituée de toute preuve, & qui est même trèsfauffe, qu'on ne doive compter entre les herefies, que les erreurs contraires à quelque dogme dont la foi fait précife•ment necessaire au falut ; & qu'il n'y a

que

pag. 226.

que celles-là qu'il faille condamner. Car fi cela eft, plufieurs de ceux que S. Auguftin& S. Epiphane mettent au nombre des beretiques, ont été injustement éondamnez.

Mais quand il auroient prouvé en general qu'il faut reduire les points neceffaires au falut à certains articles, il en faudroit venir à la determination precife de ces articles; autrement ils n'auroient encore rien avancé. Or comment

les uns en

le feroient-ils, puifqu'ils n'en conviennent pas eux-mêmes, & que veulent un plus grand nombre, les autres un moindre, & qu'il n'y a rien fur Amald. quoi ils foient plus partagez ? Qui est-ce, Polenbur dit un Calvinifte de ce tems-ci, qui in praft. vivor. Ep. poura decider au contentement de tous, quels font les dogmes necessaires à falut, & qui y suffisent precifement? je le prendrai pour un grand Prophete. Et un Auteur tout recent de cette même Religion, dans des remarques fur un Livre intitulé: La réunion du Chriftianifme, fait par un autre du même parti, fur ce qu'il étoit dit dans ce Livre, que d'autres qui fembloient avoir vise à cette reconciliation generale, n'avoient pas affez diftingué ce qui eft fondamen

tal

tal de ce qui ne l'eft pas, trouve qu'il y a bien de la vanité à ce pretendu Conciliateur de Religions, de s'imaginer pouvoir mieux faire que les autres cette importante diftinction. A quoi, dit-il, Pag. 9 penfe cet homme ? Croit-il qu'il foit fi aifé de convenir de ce qui eft fondamental, ou qui ne l'eft pas ? N'est-ce pas jufqu'ici, UNE DIFFICULTE' IN

SURMONTABLE?

,

Cependant fans cette connoiffance, quelle affurance & quel repos un Calvinifte peut-il avoir en fa Religion? Je croi, dira-t'il, la Trinité, l'Incarnation & tous les autres articles contenus dans le Symbole, & je m'en fuis pleinement convaincu par l'Ecriture. Mais que favez-vous lui repondra-t'on, s'il n'y a point encore quelqu'autre article qui foit neceffaire à falut, & que l'on ne puiffe nier fans crime & fans encourir la damnation? Si vous le favez, alleguezen des preuves, & faites-nous voir qu'elles font de la qualité de celles aufquelles il eft permis de s'arrêter felon les principes de votre Religion. Si vous ne le favez pas, confeffez que vous n'avez point de fujet de vous tenir en repos, & que votre repos même eft criminel,

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