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fi vous en demeurez-là, & que vous ne cherchiez point d'autres lumieres. Car c'est un crime fans doute à un homme de fe tenir en repos, loríqu'il ne fait pas s'il a la foi fuffifante pour le falut, & s'il eft membre de la vraie Eglife. Or quiconque ne fait pas s'il croit tous les articles fondamentaux,ne fait point, felon les Calvinistes mêmes, s'il a la vraie foi, ni par confequent s'il eft de la vraie Eglife. Il est donc criminel s'il demeure en cet état fans rechercher d'autres lumieres que celle qu'il a. Ainfi la determination precife des articles fondamentaux par des preuves évidentes, étant effentielle à la voie par laquelle les Calviniftes pretendent conduire les hommes à la foi, & les Calviniftes étant dans l'impuiffance de fatisfaire à cette condition à laquelle ils fe font engagez, il s'enfuit que leur voie & leur methode eft fauffe, & qu'il est impoffible d'arriver à la foi par ce che

min.

Mais quoiqu'au-lieu de raifons folides & de preuves convaincantes tirées de l'Ecriture, que les Calviniftes font obligez de produire fur ce point & fur tous les autres, ils ne nous paient que

de

de fupofitions temeraires & fans fondement; il faut neanmoins les laiffer faire pour pouvoir confiderer les autres embaras de cette voie qu'ils nous propofent.

Je veux donc bien encore recevoir, ce nombre arbitraire d'articles fondamentaux: comme s'ils étoienr convenus de cette reduction, & qu'ils l'euffent demonstrativement prouvée; & je choifis pour exemple le Livre de Monfieur Daillé, qu'il a fait exprès pour montrer que l'on pouvoit facilement prouver par l'Ecriture les articles de la foi Calvinifte. Je ne lui ferai point de procès fur le choix qu'il fait des pafsages, fur ceux qu'il lui plaît d'obmettre, fur les articles qu'il obfcurcit & qu'il propofe en termes ambigus qui ne fignifient rien de diftinct, afin de pouvoir plus facilement trouver les fentimens dans quelques expreffions generales de l'Ecriture.

Je demande feulement qu'il fatisfaffe au titre de fon Livre, qui eft : La foi demontrée par l'Ecriture: FIDES ex Scripturis demonftrata; & je foutiens que non feulement il ne le fait pas, mais que pour reduire en preuves convaincantes

vaincantes ces pretenduës demonftrations, il faudroit encore plus de cinquante ans d'étude.

Ce Miniftre s'eft imaginé qu'en reduifant toute la foi à certains myfteres, & toutes les preuves de certains mysteres à certains paffages qu'il eftime clairs, il auroit droit de dire qu'il auroit démontré les articles de la foi par cette voie abregée; mais il eft bien loin de fon compte.

Pour démontrer, il faut non feulement que les preuves foient vraies en elles-mêmes, mais qu'elles le foient auffi à notre égard, c'eft-à-dire, que nous y voïions une lumiere fuffifante pour les juger vraies, & que l'on n'y fupofe rien qui ne foit clair, ou démontré d'ailleurs.

Or il y a un grand nombre de fupofitions dont on ne peut s'éclaircir fans un grand travail, & dont la verité même ne paroit point par ces paffages mêmes alleguez par le Sieur Daillé.

Il fupofe premierement, que tous ces paffages font tirez des Livres canoniques. Or cela ne paroit point par les paffages mêmes. Il faut favoir d'ailleurs, que les Livres dont ils font tirez

font

font canoniques, & ceux qui ne s'en raportent pas à l'autorité de l'Eglife, ne le fauroient favoir fans les lire, quand même on leur permettroit de s'en raporter à leur efprit interieur.

Il fupofe que ces paffages font conformes aux textes originaux. Or cela ne paroit pas par fon livre même. Il faut un travail confiderable pour s'en affurer, foit qu'on confulte les originaux mêmes, foit qu'on s'arrête au temoignage de plufieurs perfonnes defintereffées qui les auront confultez.

Il fupofe qu'il n'y ait point de diver fes manieres de lire ces paffages, qui en affoibliffent l'autorité. Mais il s'en faut encore affurer par d'autres voies. Car il n'est pas raifonnable de s'en raporter à lui, ni d'établir fa foi fur fon temoignage.

II fupofe qu'il n'y ait point d'autres lieux femblables dans l'Ecriture, qui prouvent que les paffages qu'il allegue fe peuvent & fe doivent expliquer en un autre fens. Mais comme il y a des focietez entieres qui prétendent le contraire, il faut avant que de former ce sentiment, examiner ce paffage ; ce qui ne fe peut faire qu'en lifant toute

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l'E

Ecriture, ou un grand nombre de livres où ils font ramaffez.

Il fupofe qu'il n'y ait point de paffages dans l'Ecriture qui paroiffent contraires à ceux qu'il allegue dans le fens auquel il les prend, Mais il y en a certainement fur tous les points conteftez, & il eft injufte, s'il veut qu'on s'arrête aux fiens, fans confiderer ceux que les autres peuvent alleguer; Je dis que cela eft injufte: car comme il eft facile à toutes les fectes de renfermer leur creance dans certains paffages de l'Ecriture qui les favorifent par une fauffe aparence, elles auroient autant de droit que que lés Calviniftes, de demander qu'on ne lût que leurs paffages, fans s'amufer à ceux que l'on objecte.

Supofons donc que les Arriens, les Sociniens, les Neftoriens, les Anabaptiftes, & generalement tous les autres heretiques, faffent chacun un catalo gue des paflages qu'ils croient favorables à leurs fentimens, fans citer aucun de ceux qui les détruifent; les Miniftres trouveroient-ils qu'il fût de la prudence de s'arrêter à l'un de ces catalogues, fans vouloir lire aucun des autres ; & de regler fa foi, par exem

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