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CHAPITRE XVI.

Examen plus particulier de cette pretendue clarté que les Calviniftes attribuent à l'Ecriture à l'égard même des plus fimples. Deux illufions infignes dans lesquelles ils tombent fur ce sujet.

N n'a confideré dans les deux

chapitres precedens, que le peu de proportion qu'a cette vafte étenduë de chofes qu'il faut examiner dans la voie que les Calvinistes prennent pour inftruire les hommes de la veritable foi avec les bornes étroites de leur efprit: & fi l'on y a parlé de la clarté qu'ils attribuent à l'Ecriture dans les dogmes neceffaires à falut, ce n'a été que pour montrer qu'elle ne difpenfoit pas, felon leurs principes mêmes, de quantité de difcuffions longues & penibles don't on ne peut dire que les fimples foient capables.

Mais il eft utile de faire encore plus de reflexion fur ce principe de la clarté de l'Ecriture, qui eft le fondement de toutes les nouvelles fectes, parce qu'il

paroit que Dieu a eu un deffein tout particulier d'en confondre les auteurs par de fenfibles, mais funeftes experiences, en permettant que les Predicateurs de la clarté de l'Écriture fe divifaffent entr'eux prefque fur tous les points de Religion qu'ils pretendent y être clairs, & qu'en fuivant cette voie ils renverfaffent tous les myfteres, & renouvellaffent prefque toutes les anciennes herefies.

Les uns ont depoüillé l'homme du libre arbitre. Les autres ont élevé le libre arbitre jusqu'à n'avoir point besoin de la grace. Les uns ont pouffé à des extremitez horribles la corruption originelle, en voulant qu'elle infecte de telle forte toutes les actions des regenerez, que le S. Efprit ne leur en faffe faire aucune, quand ce feroit un acte d'amour de Dieu, qui ne foit un peché digne de l'enfer. Les autres par un excès contraire l'ont niée abfolument, & ont enfeigné que les hommes naiffent eptierement purs, fans la tache d'aucun peché. Les uns ont condamné le bâtême des petits enfans, & les autres l'ont aprouvé: & entre ces derniers, les uns ont crû qu'il leur étoit neceffaire, & qu'ils

Q; ne

ne pouvoient être fauvez fans cela: & les autres, qu'il ne leur étoit point neceffaire, & que même il fe pouroit faire qu'un enfant mort avant que d'être bâtifé foit fauvé, & qu'un autre mort auffi-tôt après l'avoir été, ne le foit pas. Les uns ont trouvé l'Episcopat dans l'Ecriture, les autres n'y ont trouvé qu'un gouvernement de Prêtres égaux. Les uns y ont trouvé que l'ame étoit immortelle; les autres y ont crû trouver qu'elle perit avec le corps, ou au moins qu'elle fe diffipe, & n'a plus nifentiment ni connoiffance. Les uns y ont trouvé que J. C. étoit Dieu; les autres ont crû qu'il le faloit mettre au rang de ceux qui font purement hommes. Entre ceux qui ont trouvé qu'il étoit Dieu, les uns ont crû qu'il avoit la même nature individuelle que fon Pere; les autres ont crû qu'il avoit la même nature en efpece. Les uns ont pris le S. Efprit pour une perfonne; les autres en ont fait un fimple attribut de la nature de Dieu, en prenant pour profopopée tous les paffages qui le reprefentent comme une perfonne fubfiftante. Les uns ont reconnu que Dieu étoit immense, & qu'il avoit la connoiffance de toutes les

chofes

chofes futures; les autres l'ont renfermé dans un certain lieu du ciel, & ont nié abfolument & la prefcience & l'immenfité de Dieu. Les uns ont crû que l'Ecriture enfeignoit l'éternité des peines; les autres l'ont rejettée. Les uns ont trouvé que J. C. eft réellement prefent dans l'Euchariftie, & que les méchans auffi-biens que les bons, y reçoivent par la bouche du corps le vrai corps & le vrai fang de J. C. & les autres s'imaginent y avoir trouvé que le corps de J. C. n'y eft qu'en figure, fauf encore à difputer entr'eux fi cette figure eft pleine & inondée de la vertu de Dieu, ou fi elle eft vuide & non inondée.

Ils ne difputent pas feulement fur la verité de ces articles, mais auffi fur la neceffité. Car il y en a qui faifant profeffion de reconnoître la verité de certains dogmes, comme de la divinité de J. C. & de la Trinité, nient qu'ils foient neceffaires à falut, afin de fe pouvoir lier de communion avec ceux qui le nient.

Ces conteftations & une infinité d'autres, entre des perfonnes qui font tous profeffion.de ne croire que l'Ecriture, Q4

font

font-elles fort à propos pour perfuader un homme raisonnable que ce foit un moyen facile & proportionné à toutes fortes d'efprits, de fe déterminer par l'Ecriture feule fur ces differens de religion, & que les plus fimples y peuvent voir clairement ce qu'ils ont à croire & à rejetter? Quoi! toutes les femmes Calviniftes, tous les marchands, tous les foldats, tous les artifans, tous les manœuvres qui n'ont aucune connoiffance du texte original de l'Ecriture,fur lequel feul, felon eux, on peut apuïer sa foi, n'étant point feur de s'arrêter aux verfions qui peuvent être fautives; & ceux-mêmes d'entre ces gens-là qui ne favent pas lire, s'imagineront voir clairement dans les livres faints ce que n'y ont point aperçu tant d'hommes favans animez du même zele qu'eux contre la prétendue corruption de l'EglifeRomaine, qui ne fe croïent pas moins qu'eux fufcitez de Dieu pour la reformer & retablir le Chriftianifme dans fa premiere pureté, & qui ont eu certainement beaucoup de fecours, qui leur manquent pour en entendre les termes & en découvrir le fens.

Ils diront peut-être que cela n'eft pas

éton

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