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étonnant, que ce qu'ils enfeignent de la clarté de l'Ecriture n'eft qu'au regard des fideles & dés élus ; & qu'ainfi on ne doit pas trouver étrange qu'une pauvre femme bien humble y trouve la verité ey qu'un favant orgueilleux n'y trouve pas Mais qui a affuré les Calviniftes que les premiers Auteurs de leur fecte n'ayent pas été de ces favans orgueilleux à qui Dieu cache les veritez de fa parole, & qu'ils n'ayent pas merité d'être frapez d'aveuglement en punition du crime qu'ils ont commis en fe revoltant contre l'Eglife, & déchirant fon unité par un schisine si funeste ?

Qui leur a dit d'autre part, que tous ceux qui ne voyent pas dans l'Écriture ce qu'ils s'imaginent y voir, & qui y voyent même tout le contraire en des points très-importans, font des infideles & des reprouvez? Ils ne le croyent pas eux-mêmes, comme ils l'ont bien témoigné en offrant tant de fois aux Lutheriens de les recevoir dans leur communion, fans les obliger à changer de fentiment. Car par là ils ont reconnu que tant de fentimens qu'ils ont dans la Religion entierement opofez à ceux des Calviniftes, n'empêchent pas qu'ils es ne

ne puiffent être de vrais fideles & de vrais élûs. Pourquoi donc ne font-ils pas frapez de la pretendue clarté des paffages de l'Ecriture touchant l'Eucha riftie que tous les Calvinistes pretendent les fraper fi vivement, qu'il leur eft impoffible de ne pas voir que J. C, n'a voulu dire autre chofe, finon que le pain qu'il donnoit à fes Apôtres étoit la figure de fon corps? Quel fujet peut avoir la moindre femme Calvinifte, de fe croire mieux difpofée à recevoir la lumiere du S. Efptit qui leur a fait apercevoir leur fens de figure dans tout ce que l'Ecriture dit de ce Sacrement, que tous les Lutheriens de l'Europe, qui font leurs freres aînez dans l'œuvre de la reformation, & qui auroient fans doute reçu les premices de l'Efprit de Dieu pour ce grand ouvrage, fi l'Efprit

de Dieu en avoit été l'Auteur?

Mais que diront-ils de Martin Luther, de cet homme incomparable, comme ils l'apellent, de cet excellent ferviteur de Dieu, comme le nomme Calvin, de ce Saint, qu'ils fe glorifient d'avoir eu pour pere, quia, felon eux, merité plus qu'aucun autre, qu'on le regarde comme le chef de ces nouveaux Pro

phetes

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phetes fufcitez de Dieu par une voie extraordinaire pour redrefler l'Eglife tombée en ruine? Tout Calvinifte qui agira raisonnablement, ne peut-il pas arrêter fon Miniftre par cette reflexion? S'il eft auffi clair que vous nous le dites, que les paroles de l'inftitution de l'Eu chariftie fe doivent prendre au fens de figure, d'où vient qu'un fi grand homme, à qui nous devons les commencemens de notre reformation ne s'est point aperçu d'une chofe fi claire & fi évidente; & que bien loin d'être frapé de cette lumiere, il a crû tellement voir le contraire dans ces mêmes paroles, qu'il a apellé diables & archidiables tous ceux qui ne les prenoient pas dans le fens de realité? Et fi cet exemple fait voir que l'évidence que vous attribuez aux paroles de l'Ecriture prifes dans votre fens n'eft qu'imaginaire, vous me trompez donc en me portant à hafarder mon falut fur cette prétenduë clarté, & en voulant même que je me tienne en repos & dans l'affurance que je fuis dans la verité, quand les Chrétiens de toute la terre & de tous les fiecles tiendroient le contraire ?

On peut encore preffer les Calvinistes.

par un exemple plus confiderable à leur égard, qui eft celui de Calvin même. Car s'il y a des paffages de l'Ecriture qui doivent être clairs aux Elus, ce font ceux où Dieu nous a revelé fes plus grands mysteres & les plus neceffaires au falut, comme eft celui de la Trinité. Et tels font fans doute les deux lieux fi celebres de l'Evangile de S. Jean & de fa premiere Epitre: Ego & Pater unum fumus; Tres funt qui teftimonium dant in cælo, Pater, Verbum, & Spiritus fanctus, & bi tres unum funt, qui établiffent, felon tous les Peres, l'unité de la nature divine dans les trois perfonnes. Cependant il a plu à Calvin de prendre tous les Peres à partie fur cette explication Catholique, & de leur preferer les Arriens qui ont voulu qu'ils ne s'entendiffent que d'une unité de fentimens & de volonté : Les anciens Peres, dit-il, fe font mal à propos fervis de ce lien: Moi & mon Pere ne fommes qu'un, pour prouver que 7. C. eft confubftantiel à fon Pere. Car 7. C. ne parle point d'une unité de substance mais d'une unité de fentiment, qui eft entre lai & fon Pere. Et il dit la même 16. in chofe fur ces autres paroles: Tres funt qui teftimonium dant in cælo, &c. Ce

Calv. in

Joan,

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Ep Joan.

4. 5.

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que faint Jean dit, que les trois ne font qu'un, ET HI TRES UNUM SUNT, ne fe raporte point à l'effence, mais plutôt an confentement; comme s'il difoit que le Pere, le Verbe & le S. Efprit apronvent ensemble 7. C. d'un confentement commun. (a) Les Miniftres n'oferoient nier que ce que dit Calvin ne foit faux, favorable aux Sociniens, & tout à fait contraire au vrai fens du S. Efprit. Et neanmoins, felon eux, Calvin n'a pas été feulement un fidele & un élu du commun, mais un homme Apoftolique, qui avoit reçu de Dieu des dons extraordinaires de lumiere & de grace.Comment donc le vrai fens de ces paffages qui établiffent la verité du plus grand myftere de notre Religion, lui a-t-il été caché, fi ceux qui contiennent les veritez neceffaires au falut font clairs à tous les Elus? Et y a-t-il un feul Calviniste, au moins de tous ceux qui n'ont point étudié en Theologie, qui ne doive dire: Si Calvin, qu'on nous reprefente comme un homme fi éclairé & fi

plein

(a) Meftrezat l. 4. de l'Ecriture Sainte ch. 9. Repli quer que quand J. C. avoit dit moi & le Pere fommes un, cela s'entendoit d'unité par confentement & bon accord, & non par unité d'effence, cela fe refute par la confideration de la raifon pour laquelle Jefus-Chrift tient ce propos.

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