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plein de Dieu, s'eft pu tromper en entendant mal des paffages ficelebres, & qui établiffent fi clairement le myftere de la Trinité; quelle affurance puis-je avoir que je ne me trompe point en prenant les paroles de l'inftitution de l'Euchariftie en un fens de figure, qui est condamné par toutes les focietez Chré tiennes qui font fur la terre?

Il fuffit, difent quelques-uns, què l'on foit affuré de la verité de la doctrine par quelques paffages, mais les favans peuvent difputer fi c'eft par celuilà ou par un autre. Mais fi chaque paffage en particulier n'eft pas clair, quelle certitude & quelle clarté peut naître de tous ces paffages joints enfemble; fontils en affez grand nombre pour conclure qu'il eft impoffible qu'il n'y en ait quelqu'un qui fe doive prendre au fens l'on prétend d'établir? & ne fe peut-il pas faire que puifqu'une partie des Calviniftes peut fe tromper en un certain hieu, & une autre fur un autre, ils le trompent tous enfemble fur tous les lieux qui concernent quelque dogme? Qui ne voit donc que toute l'affurance qu'ils ont de cette prétendue clarté, n'eft qu'un caprice & une fantaifie fans

que

raison, par laquelle ils donnent le nom de clair à ce qui leur plaît?

Mais fi nous jettons les yeux fur les faints Peres > nous y trouverons une preuve encore plus fenfible de cette illufion des Calviniftes, que chaque élu vot clairement dans l'Ecriture ce qui eft neceffaire au salut ; & qu'ainfi c'est à I'Ecriture feule qu'il doit s'arrêter.Car il faut remarquer qu'ils ont toujours témoigné de l'eftime & du refpect pour les perfonnes des faints Peres, au moins des fix premiers ficcles. Je dis pour leurs perfonnes parce qu'ils fe font donné affez de liberté de cenfurer leurs ouvra ges, & d'y trouver de grandes erreurs. Mais cela n'a pas empêché qu'ils ne les ayent toujours regardez comme de grands Saints, bien-loin de les exclure du nombre des fideles & des élus.

M. Claude étend cette opinion avantageufe des Peres jufqu'à ceux des huit premiers fiecles, qu'il apelle les beaux jours de l'Eglife, les jours de benediction & de paix, pendant lefquels il dit qu'il y avoit de bons ferviteurs de Dieu, qui prenoient foin de bien inftruire leurs troupeaux. Et ils fe trouvent même obligez par un certain éclat de pieté &

de

de Eccle

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de fainteté qui brille par, tout dans les Balmer. œuvres de S. Bernard, d'aprouver le jufa notis gement qu'en a fait Calvin, en l'apellant un Auteur pieux, pium Scriptorem, fauf à ajufter, comme ils peuvent, avec les principes de leur fecte, l'opinion avantageufe qu'ils ont d'un homme fi attaché à ce qu'ils apellent les abominations de l'Antechrift, en quoi il n'y ena point qui ayent mieux réuffi que le fieur Amirault, qui s'en fauve par une comparaison tout-à-fait ingenieuse. (a) Car il veut que ce Saint fe foit prefervé de la corruption de Rome, en vomiffant toutes les après- dînées les abominations de la Meffe Papiftique qu'il avoit dite le matin, comme les poiffons de mer s'empêchent de contracter l'amer

tume

(a) Juvat fane audire qued Bellarminus demonftrare fatagat Calvinum ipfum Ecclefiæ Romanæ teAimonium confeffione fuâ perhibuiffe. Vocavit Calvinus Bernardum pium Scriptorem. Pietas autem nulla eft fine veritate. Quando igitur Bernardus Papifta fuit, inquit acutiffimus Cardinalis ex ipfius Calvini confeffione veritatem penes Papiftas effe conftat. O fecurum hominem, & quibufcum hominibus fibi res fit incogitantem: Ergone Bernardus Papifta fuit, qui Papa cohortem Babylonem apellavit; Bernar dus quemadmodum alii multi in confeffione Romana pifces qui funt in mari imitatus eft. Ut hi falcedinem, fc ille errorem quem auribus aurire cogebatur, quotidie rejectabat. Si quid ex eo illi adhæfit id ei Deus habita ratione temporum in fine vitæ & revelavit Spiritu fuo, & benignè ac misericorditer condonavit

a

tume de ses eaux falées, en les rejettant fans ceffe à mefure qu'ils les avalent; & que s'il lui eft demeuré quelque chofe de ces abominations qu'il n'ait pas revomi, Dieu le lui a revelé par fon Efprit à la fin de fa vie, & le lui à misericordieufement pardonné. Il n'eft pas befoin de refuter ces vifions. Il fuffit que par le propre aveu de Calvin & des Calviniftes, S. Bernard ait été pendant fa vie ( car il n'a pas attendu à écrire après la mort ) pius Scriptor, un Ecrivain plein de pieté, & par confequent une vrai fidele, puifqu'il n'y a point de pieté fans la foi.

Etant donc certain que les Calviniftes avouent que tous ces Saints ont été de vrais fideles, nonobftant les erreurs qu'ils leurs imputent, arrêtons-nous particulierement fur quelques-uns des plus illuftres, tels que font les trois Saints Gregoire de Nazianze, de Nice, & de Rome; S. Athanafe, S. Bafile, S. Ambroife, S. Auguftin, S. Jerôme, S. Paulin, S. Profper, S. Cyrille d'Alexandrie, S. Fulgence, & mettons-y encore S. Bernard, puifqu'ils nous le permettent. Ces Saints avoient lû, fans doute, une infinité de fois ces paroles de S. Paul:

S. Paul: Qu'il n'y a qu'un Mediateur de Dien & des hommes, JESUSCHRIST homme ; & ce que dit Saint Jean: Que fi quelqu'un de nous a peché, nous avons un Avocat envers Dien, JESUS-CHRIST jufte; & tous ceux où il nous eft recommandé d'invoquer Dieu, & ceux qui parlent de l'état des juftes après leur mort. D'où vient donc que la moindre femme de Charenton, & le plus ignorant artisan, jufqu'à ceux qui ne favent pas lire, voient clairement dans ces paffages qu'il n'eft pas permis d'invoquer les Saints qui font dans le ciel, & que cette

invocation eft une erreur fondamentale contre la foi; & que nul de ces grands hommes n'y a rien vû de femblable, ayant tous aprouvé que l'on invoquât les Saints? D'où vient que S. Auguftin ne s'eft point aperçu de ce qui faute aux yeux, fi nous en croyons les Miniftres, de la femme la plus ignorante & la plus groffiere des Calviniftes? S'il ne fuffit pas que ces paffages foient d'eux-mêmes très-lumineux, mais qu'il foit befoin

que ceux qui les lifent foient bien difpofez, quelles difpofitions trouveront-ils dans cette femme, qu'ils ofent

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