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tous ces foins & toutes ces précautions? Où font ceux qui puiflent dire avec verité, qu'ils ont éxaminé par l'Ecriture fi cette diftinction d'articles fondamentaux & non fondamentaux étoit folide & veritable, & qu'ils ont connu par des preuves preuves démonftratives le nombre de ceux qui font fondamentaux ? Enfin où font ceux qui puiffent dire à l'égard de tous les articles particuliers, qu'ils ont lu les paffages qu'on allegue de part & d'autre;qu'ils ont cherché exactement dans l'Ecriture tout ce qui pouvoit fervir à les éclaircir ; qu'ils ne s'en font pas fiez à eux-mêmes, & qu'ils ont joint à leurs lumieres celles de tous les principaux Auteurs qui ont travaillé für l'Ecriture, & que ce n'eft qu'après un examen de cette forte qu'ils en ont jugé ?

Je ne croi pas qu'il y ait beaucoup de Calviniftes affez peu finceres pour ofer foutenir qu'ils ont obfervé toutes ces chofes. Si donc leur confcience les force de reconnoître qu'ils n'en ont rien fait, la raifon ne les oblige-t-elle pas en même tems d'avouer devant Dieu, qu'ils ont embraffé la Religion qu'ils fuivent d'une maniere directement contraire

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traire aux principes qu'ils enfeignent? Qu'on faffe reflexion fur la plupart des Calvinistes que l'on connoit, on verra que la science de ceux qui en ont le plus entr'eux, fe réduit à avoir examiné quelques-uns des points fur lefquels ils font en differend avec les Catholiques, & que pour toutes les autres difputes qu'ils ont avec toutes les autres focietez, ils n'ont pris aucun foin de s'en informer, en fupofant que tous les points dont les Catholiques & les Proreftans convenoient entr'eux, étoient entierement indubitables.

Cependant cette fupofition eft vifiblement temeraire, felon leurs principes. Il eft permis à la verité aux Catholiques de fe difpenfer de l'examen des articles particuliers, parce que le feul article de l'infaillibilité de l'Eglife les réunit tous, & que quiconque fait qu'il eft dans la vraie Eglife, fait aufli que tout ce que cette Eglife lui enfeigne est veritable. Mais les Calviniftes fuivant d'autres principes, ne peuvent raisonner de cette forte. Ils n'ont aucun lieu commun qui uniffe ainfi les divers articles, & qui leur donne droit de conclure que ceux qui fe trompent en l'un

fe

fe trompent neceffairement en l'autre. Ainfi l'examen d'un article controversé entr'eux & les Catholiques, ne les difpense pas d'examiner tous les autres : & la difcuffion de tous les points qui font en difpute entre leur focieté & l'Eglife Romaine, ne les exemte pas non plus de difcuter tous les autres points fur lefquels ils font en differend avec toutes les fectes dont on peut avoir connoiffance.

que

Il est affez rare même d'en trouver entr'eux qui en foient venus jufques-là, de s'être attachez à examiner certains articles avec quelque foin, la plûpart n'ayant point d'autres fondemens de leur creance, que l'air plein de confiance avec lequel on leur a propofé la doctrine qu'ils profeffent.

Et c'eft pourquoi quand on vient à conferer avec eux, ils avouent de bonne foi qu'ils n'ont point étudié les matieres dont on leur parle ; qu'ils ne font point capables de'demêler les difficultez ? & ils fe remettent ordinairement fur leurs Miniftres de répondre aux objections qui les embaraffent, faisant affez voir par là, que ce qui les attache au parti qu'ils fuivent n'eft point une conviction

de la verité de leur Religion fondée fur un examen raifonnable, mais une confiance temeraire en la lumiere de leurs Miniftres, qui leur fait prefumer fans fondement, qu'ils repondront bien aux raifons aufquelles ils ne fauroient repondre eux-mêmes.

Ainfi l'on ne fauroit mieux définir la fecte des Calviniftes, qu'en difant que c'eft une focieté de gens qui font profeffion de renoncer à toute autorité, & qui s'obligent à examiner tous les points de leur foi par l'Ecriture, & dans laquelle il n'y en a point neanmoins qui puiffe dire en confcience qu'il ait fatisfait à cette obligation.

Que c'eft une focieté qui prefcrit aux autres un chemin pour arriver à la foi, qu'elle n'a pu fuivre elle-même.

Et enfin que c'eft une focieté de gens qui font condamnez par leurs propres regles, & qui font voir par l'impuiffance où ils fe font trouvez de les obferver, avec combien de temerité ils les avoient établies.

Après cela, comment pouroient-ils pretendre avoir droit de fe faire écouter par les autres, puifqu'ils ne s'écoutent pas eux-mêmes, & qu'il n'ont pu obfer

ver les regles qu'ils voudroient prefcri

re aux autres ?

CHAPITRE XIX.

Que tous les préjugez ci-dessus raportez donnent lieu de conclure en particulier, qu'il eft fans aparence que les pretendus Reformateurs aient été deftinez de Dieu pour inftruire l'Eglife du myftere de l'Euchariftie.

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I les prejugez que nous avons propofez jufqu'ici, donnent un jufte fujet de regarder la focieté des Calviniftes comme une fecte qui ne merite d'être écoutée fur aucun point; on peut dire qu'ils ont encore plus de force, étant apliquez à la controverfe de l'Euchariftie; & qu'après ce que nous venons dé remarquer, il y a encore moins d'aparence qu'on puiffe aprendre d'eux ce qu'il faut croire du myftere de l'Euchariftie, que de tous les autres. Car qui s'imaginera que des gens, qui comme nous l'avons fait voir, fe font déclarez ennemis de la virginité & de la continence, foient les feuls à qui Dieu ait donné la connoiffance d'un mymyftere, dont l'extrême pureté a fait

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