페이지 이미지
PDF
ePub

raifon n'oblige point de les écouter fur cette matiere.

CHAPITRE XX.

Que les points fur lesquels les Calviniftes font notoirement contraires aux Peres dans la matiere de l'Eucharifie, donnent droit de conclure qu'il eft fans aparence qu'ils aient bien entendu leur doctrine dans le fond

Mfent des qualitez exterieures que

outre ces raifons qui naif

l'on remarque dans la focieté des Calviniftes, ou de certaines erreurs foutenuës par eux, qui font fi groffieres & fi vifibles,qu'elles n'ont pas befoin d'examen; la matiere même de l'Euchariftie nous en fournit plufieurs qui font trèsconfiderables.

La pretention des Calvinistes eft, que toute l'ancienne Eglife leur eft favorable dans le differend qu'ils ont avec nous touchant la prefence réelle & la tranfubftantiation, & que les Catholi qués fe font éloignez des fentimens des Peres des fix premiers fiecles fur ces deux points. L'Eglife Romaine foutient

le contraire, & les accufe fur l'un & fur l'autre de ces dogmes, d'avoir aban-. donné la creance des faints Peres.

Les Calviniftes ne fauroient nier qu'il ne foit très-naturel & très-jufte dans l'examen de ce differend, de paffer des chofes certaines aux incertaines, ou plutôt de celles qui font inconteftables à celles qui font conteftées. Et cet ordre nous donne droit de faire d'abord une revue fur les points dans lefquels les Calviniftes, par leur aveu même, font contraires aux Peres dans la matière de l'Euchariftie, pour en conclure qu'il n'y a pas d'aparence que des gens qui renoncent aux Peres en tant de chofes importantes fur le fujet même de ce myftere, foient les feuls à qui Dieu ait donné la lumiere pour bien penetrer leur fentiment touchant l'effence de l'Euchariftie, en laiffant dans les tenebres ceux qui font demeurez inviolament attachez dans tout le reste à l'autorité des Peres.

La premiere difference confiderable qui s'offre d'abord entre les Peres & les Calvinistes, eft celle qui regarde l'obla+ tion de l'Euchariftie.

Il n'y a point de focieté Chrétienne

qui ne la pratique, & qui ne l'apelle Sa→ crifice, & Sacrifice du Corps de J. C. Elle eft contenue dans toutes les Liturgies;elle eft autorifée par tous les Peres, felon les Miniftres mêmes : & elle fe trouve non feulement dans les Peres du trois & du quatriéme fiecle, mais même ref. c.5 4. -dans ceux du fecond, comme dans faint in. Irenée & dans S. Juftin.

Iren. L. 4.

adv.ba

Martyr

dialog.

contr.

Il n'y a aucune preuve ni conjecture Trypho raifonnable, qu'elle ait été introduite depuis les Apôtres. L'autorité même de ces temoins qui en font fi proches, jointe à l'univerfalité de cette pratique, fait affez voir qu'elle eft d'inftitution Apoftolique, ou plutôt de celle de J. C. Cependant par une hardieffe inconcevable il a plu aux Calvinistes de la retrancher de la celebration de l'Euchariftie, & de fupofer fans raifon, qu'elle avoit été ajoutée :

Parce, dit Aubertin, que cette obla- L. 3. p. tion qui fe fait avant la diftribution de 97.2, l'Eucharistie, n'eft pas de l'inftitution de Jesus-Chrift; mais qu'elle y a été ajoutée comme plufieurs autres chofes, on ne doit pas trouver étrange que nous nous en abftenions, felon cette belle parole de S. Cyprien, que nous ne devons fare

faire autre chofe, que ce que le Seigneur a fait le premier pour nous.

Calvin en parle encore plus infolemment à fon ordinaire dans le Traité intitulé: La maniere de reformer l'Eglife. Combien que les anciens › dit-il, n'aient été entachez d'une impieté fi énorme què celle qui eft furvenuë depuis › fi ne font ils pas du tout à excufer, d'autant qu'il apert qu'ils ont decliné de la pure ordonnance de fefus-Christ. Car comme ainsi foit que la Cene doive être celebrée à cette fin que nous communiquions au facris fice de Chrift, les anciens ne fe tenant point à cela, ont ajouté l'oblation. Je dis que cette oblation eft vicieuse & mauvaife, partie, parce qu'elle obfcur cit le benefice qui nous a été donné par la mort de Chrift, partie, parce qu'elle ne convient point à la nature de la Cene.

Mais il n'y a point d'Auteur qui en ait parlé d'une maniere plus rare qu'un Miniftre qui a fait un Livre fous le titre

Hiftoire de l'Eucharistie, où il raporte des Ecrits des Anciens tout ce qui lui convient, & diffimule tout ce qui ne lui convient pas, quoiqu'il faffe profeffion en qualité d'Hiftorien, de vouloir tout raporter.

Ce

Ce Ministre ne se souvenant plus de cette regle de S. Auguftin: Que l'on eftime à bon droit, que ce que croit l'Eglife Catholique, & qui n'a point été inftitué par les Conciles, mais qui a toйjours été crû, n'eft defcendu que d'une autorité Apoftolique; quoiqu'il faffe femblant de l'aprouver dès la premiere page de fon ouvrage, decide d'abord que l'oblation est une addition que l'on a faite à l'inftitution de J. C. & à la pratique des Apôtres. Comme notre Seigneur, dit-il, après la benediction & l'action de grace, par laquelle il confacra le Sacrement, passa à la fraction & à la diftribution, fans qu'il paroiffe en l'histoire de l'Inftitution aucune trace d'oblation ni d'élevation entre la confeeration & la fraction: ainfi les Apôtres qui furent toujours religieufement attachez à fon exemple & à fes preceptes ne manquerent pas affurement de faire ce qu'il avoit fait ; je veux dire de pro-· ceder à la fraction & à la benediction du pain immediatement après l'avoir beni &fanctifié.

C'est ainsi qu'il prefere une vaine conjecture au temoignage pofitif de la tradition univerfelle de toutes les Egli

fes

« 이전계속 »