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fes du monde, & à la confequence qu'on en doit tirer, felon S. Auguftin qu'il avoit lui-même aprouvée. Mais la fuite de ce qu'il dit fur ce fujet fera encore mieux voir combien ce Miniftre étoit peu propre à nous faire l'hiftoire des dogmes, & des pratiques de l'Eglife, tant il y fait paroitre peu de memoire. Simplicité, dit-il, qui plut merveilleu fement à ceux qui vinrent au fiecle fuivant: Car S. Justin Martyr temoigne que la confecration des symboles étoit fuivie de la Communion des fideles, laquelle prefupofoit neceffairement la fraEtion du pain ; c'est pourquoi il ne l'a pas exprimée. Mais leurs fucceffeurs ayant erû qu'ils devoient relever la dignité de ce myftere, & en enrichir la fimplicité de plufieurs ceremonies, pour le rendre plus recommandable aux fuifs & aux Payens, qu'ils fouhaitoient avec paffion d'attirer à la connoiffance de l'Evangile, & à la connoiffance de Jefus Chrift, ils joignirent à la confecration des fymboles l'oblation qu'ils en faifoient à Dieu après les avoir benis & fanctifiez; oblation qui étant une espece de facrifice à prendre ce mot dans une figni fication fort generale & pancanfequent

impropre, leur paroiffoit d'une merveilleufe importance pour donner dans la vue des Payens & des Juifs.

Il est visible que cet Auteur pretend que la pratique de l'oblation n'a été ajoutée qu'après S. Juftin, puifqu'il le produit pour le temoin de cette fimplicité apoftolique, qui excluoit felon lui, l'oblation, & qu'il en attribuë l'inftitution à ceux qui font venus après lui. Cependant ce même Auteur, trois pages après, raporte un paffage de S. Justin, où il eft dlt, que les facrifices des Chrétiens font offerts par tout au pain & an vin de l'Euchariftie. Ce qui prouve invinciblement que S. Juftin a reconnu 'oblation de l'Euchariftie.

Il y a encore quelque chofe de plus étrange dans la raifon qu'il rend de ce pretendu établiffement de l'oblation, qui eft, dit-il, que les Peres ont voulu par cette ceremonie, donner dans la vue des Payens & des fuifs. Car il fe trouve juftement que ce qu'il pretend avoir été introduit pour fraper les yeux des Payens & des Juifs, a toûtjours été fouftrait à la vue des Payens & des Juifs par la difcipline perpetuelle de l'Eglife.

Le

Le mépris que les Calviniftes font en ce point de l'autorité des Peres, ne peut donc être plus conftant ni plus in

excufable. Mais en voici encore un autre plus general & plus étendu, dans lequel il a plu aux Calviniftes de fouler aux pieds de la maniere du monde lå plus infolente l'autorité de tous les Peres.

Il ne paroit point qu'on ait jamais celebré l'Euchariftie dans l'Eglife fans quelques ceremonies exterieures ; l'argument qu'on peut tirer de ce que que faint Juftin en raporte dans fa feconde Apologie étant vifiblement nul, parce qu'il eft clair qu'il n'a pas eu deffein de décrire toutes les ceremonies particulieres qu'on y pratiquoit, commie il paroit même en ce qu'il ne fait point mention de l'oblation en cet endroit-là, quoiqu'il en marque expreffément la pratique dans fon Dialogue contre Tryphon. Il eft vrai que ces ceremonies fe font augmentées, lorfque l'Eglife a eu plus de liberté de regler l'office public, & d'y pratiquer tout ce qu'elle a cru utile pour infpirer aux fideles le refpect envers les myfteres, & pour édifier leur pieté. Mais il eft certain que la plupart

des

I. contr

des chofes que l'on pratique prefente- Hieren. la ment ont été pratiquées par les Peres Pelagi du quatriéme & du cinquième fiecle. Chryfoft. Il eft conftant, par exemple, 1. Que Matth. 5. l'on s'y fervoit d'habits differens de l'ordinaire.

2. Que les vafes que l'on y emploïot étoient précieux.

bom. 83.

3. Que l'on y allumoit des cierges. Athan 2. Apo 4. Que l'on y emploïoit l'encens, Prud in comme il paroit par toutes les liturgies, Hym. S. & par S. Ambroife.

Laur.

Aug, in

5. Que l'on recevoit l'Euchariftie à P

Chyfoft

bom. 4.

Hieron.

jeun. 6. Que l'on pratiquoit dans la Litur- in Manbi gie plufieurs ceremonies qui font enco-entr reen usage; & fi l'on y ena ajouté quel- Vigib ques-unes, elles ne font que du même epift.18. genre que celles qui fe font toujours pratiquées.

Auguft.

S. Cyrille de Jerufalem fait mention carb. 5. en particulier du lavement des mains des Prêtres, du baifer de paix, du Surfum corda qui fe dit au commencement de la Preface; de la réponse du peuple, Habemus ad Dominum; de l'action de graces que le Prêtre ajoute, en difant : Gratias agamus Domino Deo noftro; de l'aprobation que le peuple y donnoit

par

par ces paroles: Dignum & juftum eft'; de l'hymne feraphique Sanctus, Sanctus, Sanctus; de l'invocation du S. Efprit pour la confecration, & le changement du pain & du vin au corps & au fang de J. C. des prieres pour l'Eglife, pour les Rois & pour tous les divers Etats des Chrétiens, qui se faifoient sur l'Hoftie même de propitiation, fuper ipfa propitiationis hoftia;de la priere pour les morts, de l'Oraifon Dominicale. Chryfoft. S. Chryfoftome & S. Auguftin te hom 55. in Math moignent auffi que l'on faifoit des fiAug.tr. gnes de croix fur le facrifice.

118. in

Jean,

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Je ne m'arrêterai pas à décrire plus en détail la conformité des ceremonies de l'ancienne Eglife, & de celles qui fe pratiquent à prefent. Divers Auteurs l'ont fait avec affez de foin, & j'aprens qu'un fort favant homme prepare un ouvrage fur cette matiere.

Aufli n'eft-ce pas ce que les Calvini ftes attaquent que l'antiquité de ces ceremonies; ils les reconnoiflent anciennes, & ne laiffent pas de les condamner, quelques anciennes qu'ils les reconCalu. In. noiffent. J'adjure,dit Calvin, tous ceux ful.4. qui font touchez (encore que ce foit bien petitement) de quelque affection de pier

C. 17.9.

22.

'R',

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