tés s'ils ne voient pas évidemment combien plus clairement la gloire de Dien reluit en tel ufage des Sacremens, & combien plus grande douceur & confolation Spirituelle en revient aux fideles. que de ces folles vaines batelleries, qui ne fervent à autre chofe, finon qu'elles deçoivent le fens du peuple qui s'en émerveille & épouvante. Ils apellent cela le peuple maintenu en la Religion crainte de Dieu, quand tout étourdi & abêti de fuperftition, il est mené par tout ou plutôt traîné où ils veulent. Si quelqu'un veut défendre par ancienneté ces inventions; je ne fuis point ignorant combien est ancien l'usage du chrême & foufflement au Batême; combien pen après le tems des Apôtres la Cene de Notre Seigneur a été comme enrouillée par bumaines inventions. Mais c'est la legereté folie, avec la hardiefe de l'esprit humain qui ne fe peut contenir qu'il ne fe jonë aux mysteres de Dieu.

Les autres Miniftres à fon exemple ont choifi les ceremonies de la Meffe pour le fujet ordinaire de leurs mauvaifes railleries; & Hofpinien entr'autres en parle d'une maniere fi horrible à l'occafion du rétabliffement de la Meffe

dans

dans trois Eglifes de Strasbourg, où el le en avoit été abolie vingt-un an, qu'il eft impoffible de traduire ce qu'il en dit.

Or comme tout ce qu'ils difent contre les ceremonies de l'Eglife Romaine retombe directement fur les Peres, & generalement fur toutes les Eglifes Chrétiennes, n'y en ayant aucune qui ne pratique ou les mêmes ceremonies, ou d'autres femblables qui ne font pas plus au goût des Miniftres; il ne faut que voir ce qu'ils difent fur ce fujet pour juger que l'on ne peut pas traiter les Peres d'une maniere plus infolente & plus outrageufe.

Il y a deux chofes très-remarquables dans cette averfion que les Calvinistes ont contre les ceremonics. La premiere eft, que non-feulement elle n'a pas le moindre fondement dans l'antiquité, mais qu'elle a toujours été condamnée par leur faint Pere Luther, qui les a traitez de fanatiques fur ce point auffibien que fur la prefence réelle, & qui a toujours blamé ceux qui avoient eu la hardieffe de les abolir.

La feconde eft, que comme le caprice qui les leur a fait rejetter n'a ni raifon ni pretexte, il n'a point eu auffi de bornes ;

bornes, Dieu ayant permis par un juste jugement que les Calviniftes ayent été traitez fur le fujet des ceremonies, par des gens de leur fecte, à peu près comme ils ont traité l'Eglife Romaine: Car après qu'ils eurent abandonné en Angleterre la plupart des ceremonies de I'Eglife Romaine, comme ils en avoient néanmoins reservé quelques-unes, il y en eut parmi eux qui ne purent fouffris ce droit qu'ils s'étoient attribué de referver celles qu'il leur plaifoit, ou d'en prefcrire de nouvelles, & qui prirent de là occafion de s'élever contr'eux, en les voulant obliger de les rejetter toutes fans difcernement: C'eft ce qui Pol. 126 donna occafion à la fecte de ceux que les Calviniftes apellent Bruniftes. Après s'être feparez de l'Eglife Anglicane fur le fujet de la Liturgie & de l'Ordre hierarchique dont cette Eglife avoit au moins confervé quelque image, ils fe feparerent auffi de toutes les Eglifes 794 Proteftantes fur d'autres fujets dont les ceremonies en font un, foutenant même qu'il eft abfolument défendu de prier Dieu avec certaines prieres reglées, & même de reciter l'Oraifon Dominicale; parce, difoient-ils, que cette pratique

eft

Horub.

contr. Pe

eft fuperftitieufe & antichrétienne, & que JESUS-CHRIST ne nous a point donné l'Oraifon Dominicale afin que nous la recitaffions mais feulement pour nous fervir de modele.

Ce n'eft pas auffi une petite marque du mépris que les Calviniftes ont pour les Peres, de ce qu'ils n'ont pas fait de difficulté d'ôter le Viatique aux mourans; de peur des confequences qui fe tirent contr'eux de la referve de l'Euchariftie. Il paroit, dit Calvin, par ces Zuft.1.4. 7.39. paroles, que la referve de l'Euchariftic pour communier extraordinairement les malades, eft inutile. Mais on me dira que ceux qui la pratiquent, ont pour eux l'exemple de l'ancienne Eglife; je l'avonë, mais dans une chofe fi importante où l'erreur ne peut être que très-dangereuse, il n'y a rien de plus feur que de ne fuivre que la verité.

Le même Auteur en reconnoiffant que toute l'ancienne Eglife a donné l'Euchariftie aux enfans,ne craint pas de dire que leur donner la communion, c'est leur donner du venin au lieu d'un aliment de vie. CUR venenum pro vivifico alimento tenellis noftris liberis porrigamus. Auffi felon lui, toute l'ancienne

Eglife a nourri les enfans de venin. Mais le prejugé le plus fort, & qui fait le mieux voir combien il y a peu d'aparence que les Calviniftes foient conformes aux fentimens des Peres, eft que l'idée qu'ils fe font formée de ce myftere leur a fait abolir une grande partie de leurs expreffions, & en introduire de nouvelles. Car encore que l'in-terêt qu'ils ont de foutenir que les Peres leur font favorables, les ait portez à fe fervir en quelques occafions de quelques-unes de leurs expreffions ; néanmoins foit qu'ils ayent aprehendé que ces expreffions des Peres étant reçues dans un ufage ordinaire, n'infpiraffent aux peuples une autre doctrine que celle où ils les vouloient engager, foit que la nature des chofes qu'ils vouloient exprimer les ait infenfiblement accoutumez à un autre langage, il eft arrivé en effet, que la plupart des expreffions des Peres fe font abolies dans Pufage ordinaire des Calviniftes, & qu'ils en font même choquez quand il arrive à quelqu'un de s'en fervir fans explication.

Ainfi non feulement ils ont retran ché cette oraison reçuë fans exception

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