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Luther.

Or comme entre ceux qui fe vantent d'avoir des remedes finguliers, il y en a qui ont des marques fi vifibles d'être fourbes, ignorans & étourdis, qu'un Medecin habile a raifon de rejetter leurs remedes fans autre examen : il y a de même entre ceux qui prétendent connoître la verité, des gens qui portent des caracteres d'erreur fi évidens & fi fenfibles, qu'il y a fans doute de l'imprudence à les écouter pour en être inftruit. Car encore qu'il fe puiffe faire que des perfonnes remplies d'erreurs mêlent quelque verité parmi les fauffetez qu'ils avancent ; néanmoins c'est agir contre la prudence & contre l'ordre de Dieu que d'écouter leurs difcours, ou de fire leurs ouvrages pour y chercher une verité enfevelie parmi tant d'erreurs.

Il n'y a jamais eu que Luther qui ait tom. 6. ofé fe vanter dans un ouvrage impriVid. Hof. pin. par mé, qu'il avoit eu une longue confealt. fol. rence avec le diable, qu'il avoit été con

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vaincu par fes raifons que les Messes privées étoient un abus, & que c'étoitlà le motif qui l'avoit porté à les abolir. Mais le fens commun a toujours fait conclure à tous les autres, non-feule

ment

ment que c'étoit un excès d'extravagance de prendre le démon pour maître de la verité, & de s'en rendre difciple; mais que tous ceux qui avoient des marques d'être fes miniftres & fes inftrumens,& qui n'avoient aucune autorité légitime dans l'Eglife pour fe faire écouter, ne méritoient pas qu'on s'apliquât à eux, & qu'on examinât leurs opinions.

litate cre

La raifon en eft que toute la Reli-De uigion eft fondée, comme le remarque den is c. S. Auguftin, fur ce principe, que la lu- 16. miere naturelle nous fait connoître, & dont l'Ecriture nous perfuade encore plus fortement, qu'il y a une providence qui préfide à la conduite des hommes, & qu'elle fe fert de certaines perfonnes pour inftruire les autres de la verité: Si providentia non præfidet rebus humanis, nihil eft de religione fatagendum.

Or l'une des plus claires conclufions qu'on puiffe tirer de ce principe, est que la bonté de Dieu ne peut permettre qu'il choififfe pour réformer fon Eglife, & pour la purger d'un grand nombre d'erreurs & d'herefies damnables qui s'y feroient introduites, &

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qui

qui auroient été inconnues à fes plus fi- deles ferviteurs, des gens qui auroient été certainement animez par l'efprit du diable, & en qui il n'auroit paru extérieurement que des fignes évidens qu'ils étoient fes inftrumens.

Le tems & l'aplication que les hommes peuvent donner à l'examen des matieres de Religion ont des bornes trèsétroites. On ne peut pas lire tous les livres, ni écouter tout le monde. L'efprit fe confondroit néceffairement par cette multitude d'inftructions differentes. La vie la plus longue n'y fuffiroit pas.Et ce feroit la plus grande des miferes, & un moïen certain de ne parvenir jamais à la connoiffance de la verité, que de donner fon tems indifferemment à tous ceux qui fe vantent de la connoître. Il faut donc par neceffité en faire choix. La prudence, la raison, & "la neceffité y obligent. Pour en écouter quelques-uns, il faut en exclure un grand nombre d'autres. Or qui font ceux qui méritent le mieux d'être exclus, que ceux en qui on découvriroit tout d'un coup ces crimes qui préviennent le jugement, felon S. Paul, que ceux qui voudroient nous conduire à la

verité

verité par des voïes manifeftement impoffibles; & enfin que ceux qui nonfeulement n'auroient aucune raifon de demander d'être plutôt écoutez que d'autres, mais qui auroient même des defavantages fi manifeftes, qu'ils seroient les derniers de tous ceux que l'on devroit écouter.

Je ne dis pas encore que ces qualitez fe trouvent dans les prétendus Réformateurs. Mais je dis que fi elles s'y trouvoient, ils feroient injuftes de demander d'être écoutez, & qu'il feroit jufte même de conclure abfolument de là qu'il eft impoffible qu'ils aïent la ve

rité

pour eux, la providence de Dieu

ne pouvant permettre, comme nous avons dit, qu'il choififfe pour établir fa verité dans fon Eglife des perfonnes que la verité même obligeroit de n'écouter pas. Il eft donc jufte de jetter les yeux fur ces qualitez extérieures qui paroiffent d'abord dans ceux qui prétendent réformer l'Eglife. Et quoique les Miniftres faffent d'ordinaire de grandes plaintes quand on les y arrête, & qu'ils vouluffent qu'on entrât tout d'un coup dans la difcuffion des matieres plus embaraffées, parce qu'ils esperent

perent y couvrir mieux la foibleffe de leur caufe; il eft visible néanmoins que leur prétention eft déraisonnable, parce que n'étant ni jufte ni poffible d'écouter tout le monde, il eft néceffaire avant que de paffer outre, d'examiner s'ils font du nombre de ceux qui ont quelque droit de demander d'être entendus, ou de ceux que l'on peut rejetter tout d'un coup fans les entendre. Ce fera donc par-là que nous commencerons malgré qu'ils en aïent. Et tous ceux qui voudront fuivre la raifon dans l'examen de ces matieres, prendront fans doute la même voïe.

CHAPITRE III.

Que ce qui paroit d'abord dans l'extérieur des Calvinistes n'eft nullement édifiant.

Co

OMME Dieu vent que les hommes embraffant la vraïe Religion, ne s'éloignent pas de ce que la raifon leur preferit, & qu'il n'eft pas raifonnable, ainfi que nous avons dit, d'écouter fans choix tous ceux qui fe van

tent

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