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tent de connoître la verité, & de la vouloir enfeigner aux autres : il eft de fa fageffe de ne remplir pas feulement les Prédicateurs de fon Evangile,de lumiere & de force pour en convaincre ceux qui les écoutent; mais de leur donner auffi quelques qualitez extérieures qui portent les hommes à les écouter, & qui obligent les perfonnes équitables à juger au moins qu'il feroit injufte de les rejetter fans les entendre. C'eft par cette raifon qu'il en a relevé quelques-uns par la grace des miracles, & par d'autres dons furnaturels ; les autres par l'aufterité de leur vie, & par l'éclat d'une fainteté extraordinaire: & à peine en trouvera-t-on en qui il n'ait accompagné & muni, pour ainfi dire, le miniftere de fa parole par des graces qui les releyaffent beaucoup audeffus du commun des fideles.

On n'entend point parler d'interêt de familles, de mariages, ni de paffions baffes & charnelles dans la vie de ces grands Evêques & de tous ces grands hommes de l'antiquité, que Dieu a opofez aux hérefies qui fe font élevées contre fon Eglife, comme S. Cyprien, S. Athanafe, S. Bafile, S. Gregoire de Na

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Nazianze, S. Jerôme, S. Epiphane, S. Chryfoftome, & S. Auguftin. Ils ont tous été éminens en fainteté, en defintereffement; & la continence a toujours été jointe à leur miniftere. Leur vie a été toute pure & toute irréprochable. Elle a répandu une odeur capable d'attirer tous ceux qui ont quelque amour pour la vertu. Et ceux mêmes qui n'étoient pas encore perfuadez qu'ils fuffent les Docteurs de la verité, n'en pouvoient juger autrement en fuivant la lumiere de la raifon, finon qu'il ne paroiffoit rien en eux qui ne fût très-convenable à des perfonnes deftinées de Dieu pour l'annoncer aux hommes & pour la défendre.

Mais fi l'on jette les yeux fur ce qui paroit d'abord dans l'exterieur de la vie des prétendus Réformateurs, il est impoffible qu'on ne foit étonné de l'extrême difference qu'on aperçoit entr'eux, & ceux dont nous fommes affurez que Dieu s'eft fervi pour l'établiffement & pour la défense de fa verité.

Je ne m'attacherai pas à examiner les acufations dont ils ont été chargez par divers Auteurs. Je ne prétens m'arrê xer qu'aux choses publiques, conftan

tes

tes & expofées aux yeux de tout le monde. Et en demeurant dans ces bornes, je dis que ceux d'entre les Calviniftes qui font tant foit peu finceres, ne fauroient defavouer que non-feulement ils n'ont pas attiré les yeux des hommes par l'éclat d'une fainteté extraordinaire, mais qu'ils les ont frapez par un fpectacle qui ne pouvoit que caufer de l'horreur,felon les idées communes de la pieté & de la vertu que nous donnent les faints Peres.

Car quels autres fentimens pouvoiton avoir en voïant que ce nouvel Evangile n'étoit annoncé que par la bouche de Moines, qui quittoient leur habit & leur profeffion, pour contracter des mariages fcandaleux, ou par celle des oupar Prêtres qui violoient le celibat, que les Calvinistes avouent eux-mêmes avoir été imposé à tous les Prêtres & à tous les Moines dans l'Occident. par plufieurs Conciles, & à tous les Moines & tous les Evêques dans l'Orient, & que le premier fruit de cette doctrine a été d'ouvrir les Cloîtres, de dévoiler les Vierges, d'abolir les aufteritez, & de détruire toute la discipline de l'Eglife 1

Je

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Je n'examine pas encore fi cette conduite eft legitime ou illegitime dans le fond. Mais je dis qu'on ne peut nier qu'elle ne foit étonnante, extraordinaire, fans exemple; & qu'il eft certain au moins que Dieu n'avoit pas encore employé de tels inftrumens à de tels ouvrages.

que

Je dis qu'il eft bien étrange qu'au lieu Dieu a accordé la vertu de continence à tous les anciens défenfeurs de l'Evangile, on ne la voïe prefque dans aucun de ces nouveaux Docteurs, & qu'ils aient tous fait une auffi haute profeffion de ne la pouvoir garder, que les autres en faifoient de la garder.

Ainfi l'on ne peut pas feulement dire d'eux ce que S. Chryfoftome dit des païens, qu'ils n'ont jamais fongé à la virginité, à la pauvreté volontaire, aux jeûnes, ni à toutes les autres vertus plus hautes que celles du commun du monde mais au-lieu que ce Saint dit des premiers maîtres du Chriftianifme qu'ils avoient planté la virginité par toute la terre, * οἰκουμλύκ άπασαν το δ παρθενίας ενέπλησαν φυτού, on peut dire des prétendus Réformateurs, qu'ils ont tâché de déraciner la virginité de

toute

toute la terre; & non-feulement la virginité, mais la penitence, la pauvreté volontaire, & les autres vertus qui ont été fi relevées par les loüanges de ceux que l'Eglife honore comme des Saints. Que les Miniftres difent ce qu'il leur plaira, ils auront de la peine à faire paffer cette conduite pour fort édifiante, & à perfuader aux perfonnes judicieufes que l'Efprit de Dieu, qui eft invariable, produife des mouvemens fi differens dans ceux qu'il aime. Que la loi du celibat soit juste ou injufte; qu'elle n'ait commencé, fi l'on veut, que depuis le Pape Sirice, ce que je ne veux pas examiner ici ; on ne fauroit nier au moins, que l'Efprit de Dieu n'ait porté tous les Evêques celebres de l'antiquité & ceux qui ont été illuftres en fainteté, à fe rendre imitateurs de S. Paul, & à fuivre le confeil qu'il donne de renoncer au mariage pour s'attacher uniquement à Dieu, & qu'il n'ait de même, dès les premiers fiecles de l'Eglife, infpiré à un grand nombre de Chrétiens de l'un & de l'autre fexe de demeurer vierges toute leur vie, comme le témoignent S. Juftin & Apol. 2; Origene contre Celfe. D'où vient donc

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