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qu'il ne paroit rien de cet inftinct, ni de ces mouvemens de l'Esprit de Dieu dans les prétendus Reformateurs, ni dans les Societez qu'ils ont établies, non plus que de toutes les autres graces qui éclattent dans les Saints de l'antiquité ?

Cependant en même-tems qu'ils avouent qu'ils n'ont point reçu les dons que Dieu faifoit autrefois à tant de perfonnes d'une vertu médiocre, ils prétendent avoir reçu de lui des lumieres que tous les Peres n'ont point euës & être deftinez de Dieu pour corriger des erreurs & des abus qui fe font, difent-ils, gliffez dans la Religion depuis les Apôtres jufqu'à nous, & que les Peres n'ont point connus.

Ils prétendent montrer que ces Peres ont ignoré en plufieurs points la verité de la foi & l'effence de la Religion; qu'ils ont autorifé des fuperfti tions dangereufes; qu'ils ont fait des loix injuftes; qu'ils ont donné des confeils témeraires, imprudens, pernicieux.Car il faut remarquer que la plûpart des chofes que les Miniftres difent contre l'autorité des Evêques, la prie re pour les morts, l'oblation du Sacri

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fice, le celibat des Prêtres, les vœux des Religieux, les œuvres de penitence, l'abstinence des viandes, les céremonies, les fatisfactions, retombent fur tous les Peres par leur aveu même.

Certainement l'alliance monftrueufe qu'il faudroit fupofer dans ces nouveaux Réformateurs, d'une fi étrange privation des dons de grace, & d'une abondance fi prodigieufe de lumiere, eft fi contraire à ce que nous connoiffons de l'ordre de la providence, & de la conduite de Dieu, qu'il faut pour la croire, renoncer à toutes les idées que la raifon, la foi & l'experience nous en donnent. Car elles nous portent toutes à conclure, qu'étant question, felon les Miniftres, de détruire les erreurs les plus apuïées & les plus répanduës qui furent jamais, & de vaincre les plus grands obftacles que la verité ait jamais euës à furmonter, il étoit de la fageffe de Dieu, de donner au moins à ceux qu'il emploïeroit à ce grand ouvrage, les mêmes fecours & les mêmes avantages qu'il a donnez à une infinité d'autres dont il s'eft fervi pour des chofes moins difficiles & moins importantes. Mais cette conduite que les Mini

ftres

ftres attribuent à Dieu, paroîtra encore bien plus incroïable, fi l'on confidere qu'il ne faut pas fupofer feulement cette abondance de lumieres au-deffus de celles de tous les Peres, jointe à la privation de tous les autres dons de Dieu dans les chefs de la réformation; mais qu'il la faut admettre pareillement dans tous ceux qui compofent ce parti. Car il s'enfuit clairement des principes des Miniftres, qu'il n'y a point de fimple Calvinifte qui ne foit plus éclairé que tous les Peres & tous les Saints de l'antiquité dans l'intelligence de l'Ecriture, puifqu'ils y voïent avec évidence, par exemple, qu'il n'eft pas permis d'invoquer les Saints, de prier pour les Morts, d'introduire des céremonies non prefcrites par l'Ecriture, d'honorer les Reliques, de défendre certaines viandes: ce que les Peres certainement n'y ont pas vu.

Cependant il eft fi vrai qu'en confiderant leur vie, on n'y voit rien qui ait quelque proportion avec ces lumieres, que les Miniftres mêmes ont été forcez par l'évidence de la verité,de reconnoître que toute leur prétendue réformation n'avoit produit aucun renouvelle

ment

• ad Farell.

4. éd tim

ment de l'efprit du Chriftianifme, & qu'elle avoit plutôt augmenté que diminué le déreglement de ceux qui l'ont embraffée. C'est ce qui a porté Capiton Miniftre de Strasbourg à écrire confidemment à Farel: Que Dieu leur fai-Capit. ep. foit connoître combien ils avoient nui; inter ep. aux ames par la précipitation avec la-Calz. p. quelle ils les avoient portées à fe féparer Genere, du Pape. La multitude, dit-il, a feconé entierement le jong, étant accoutumée & prefque élevée à la licence comme fi en ruinant l'autorité du Pape, nous avions voulu ruiner & détruire entierement la force de la parole des Sacremens, & tout le miniftere. Ils ont bien la hardieffe de nous dire : 7e fuis affez inftruit de l'Evangile ; je fai Lire par moi-même ; je n'ai pas befoin

de vous.

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Calvin ne rend pas un témoignage plus avantageux à fa réformation, quand il dit en parlant fincerement Que dans le petit nombre de ceux, Calv in dit-il, qui fe font feparez de l'idola- Daniel. trie du Pape, la plupart font remplis de perfidie & d'artifice. Ils font paroître à l'exterieur un grand zele; mais fi vous les fondez un peu plus avant,

cap. XI.

v. 34.

vons les trouverez pleins de fourberie. Luther qui étoit plus ouvert & moins diffimulé que les Calviniftes, parle auffi plus clairement des fruits que fa réformation a produits en ce qui regarde Z pofti. les mœurs: Nous voions, dit-il, que domeft. par la malice du diable les hommes font maintenant plus avares, plus impitoiaAdven. bles, plus abandonnez aux vices, pius Edit. Ar- infolens & beaucoup pires qu'ils n'étoient fous la Papauté.

part. r.

Dom. I.

fol. 5.

gentor

an. 1548

Auffi au-lieu que pendant l'efpace de trois cens ans l'efprit de l'Evangile a difpofé les Chrétiens à fouffrir par tout l'Empire Romain les plus grandes cruautez que des hommes aïent jamais exercées contre d'autres hommes, fans fe foulever contre leurs perfecuteurs, & fans leur opofer d'autres armes que celles d'une invincible patience; l'esprit de la réformation a porté au contraire ceux qui l'ont embraffée, nonfeulement à fe défendre par les armes contre leurs Princes legitimes, mais à les chaffer de leurs Etats, quand ils ont été affez forts pour le faire. Et l'on ne l'a pas plutôt vû paroître dans le monde, que l'on l'a vûë armée prefque dans tous les endroits de l'Europe,pour

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