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fe défendre, ou pour attaquer.Les Apôtres mêmes de ce nouvel Evangile, ont été les premiers à exciter ceux qui les fuivoient à avoir recours à ces étranges moïens. Et Luther, qui en est le chef & le Patriarche, n'a pas craint d'animer fes fectateurs au fang & au carnage,par ces horribles paroles qui fe trouvent dans fon Tome premier de l'édition de Wirtemberg de l'an I545. fol. 195. Si on pend les larrons aux gibets, fi l'on châtie les brigands & les béretiques par le glaive; pourquoi n'attaquons nous pas de toutes nos forces ces Cardinause &ces Papes, & toute cette racaille de la Sodome Romaine, qui ne ceffe point de corrompre l'Eglife de Dieu ? pourquoi ne lavons-nous pas nos mains dans leur fang?

Quant à ces prétenduës lumieres qu'ils s'attribuent, au-lieu de les rendre fermes & conftans dans les mêmes fentimens, elles n'ont fervi au contraire qu'à les rendre flottans, incertains,' fans favoir à quoi s'en tenir. On les a vu incontinent divifez entr'eux en mille fectes differentes, qui fe font fait une guerre cruelle : & fouvent leurs opinions & leur foi étoient marquées

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par les années & par les jours, tant ils s'acordoient peu & avec les autres, & avec eux-mêmes. C'eft ce qui a forcé André Duditius Calvinifte, & ami de Beze, de déplorer ce malheur par ces paroles, qui reprefentent admirablement l'état où les Proteftans font tombez en fe retirant de l'Eglife, comme Beze le raporte lui-même dans fa premiere Lettre: Nos gens, dit-il, sont emportez par tout vent de doctrine tantôt d'un côté, & tantôt d'un autre. Peut-être qu'on pouroit favoir quelle créance ils ont aujourd'hui fur la Religion; mais on ne fauroit s'affurer de celle qu'ils auront demain. En quel point de la Religion ces Eglifes qui ont déclaré la guerre an Pape, font-elles d'acord enfemble? Si vous prenez la peine de parcourir tous les articles depuis le premier jusqu'au dernier, vous n'en trouverezancun qui ne foit reconnu par quelques-uns comme de foi, & rejetté par les autres comme impie.

En verité il faut avoir bien de la con. defcendance pour continuer à vouloir écouter des gens, dont l'exterieur est fi peu édifiant, & a fi peu de raport à ce qu'ils promettent. Et certainement ils

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n'auroient aucun fujet de fe plaindre, quand on romproit avec eux fur ces aparences. Il y a des propofitions fi choquantes & fi incroïables d'elles-mêmes, que c'eft agir fagement que de ne s'amufer pas à les examiner. Or il eft difficile de s'imaginer rien de plus cho❤ quant, que de voir une fecte formée par des Moines & des Prêtres apoftats, dont la premiere démarche a été de contracter des mariages scandaleux, & d'exhorter les Prêtres, les Religieux & les Religieufes à violer leurs vœux, avoir la hardieffe de foutenir que tous ceux qui la compofent ont plus de connoiffance des dogmes de la foi, & plus d'intelligence du vrai fens de l'Ecriture, que tous les Peres enfemble. Cette prétention eft fi hors d'aparence, qu'elle donne un fujet très-legitime de rejetter fans autre examen ceux qui font capables d'une pensée fi peu raisonnable. Nous n'uferons pas néanmoins de ce droit, & nous voulons bien continuer à les écouter, pourvu qu'ils conviennent qu'ils ne le méritent pas.

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CHAPITRE IV.

Examen d'une qualité de cette nouvelLe fecte, qui eft que fes Pasteurs font fans miffion.

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Nɛ des premieres chofes que l'on aperçoit dans cette nouvelle fecte en la regardant de plus près, eft que ceux qu'elle reconnoit pour fes chefs, ne prétendent pas feulement se faire écouter en qualité de fuplians mais qu'ils s'attribuent même le droit d'enseigner avec autorité dans l'Eglise, d'y adminiftrer les Sacremens, d'en corriger les abus, de former des focietez & des Eglifes; en un mot qu'ils veulent paffer pour Pasteurs legitimes, & qu'ils ne prétendent ceder en rien en ce point aux anciens Pafteurs par lef quels Dieu a gouverné fon Eglife dans les premiers fiecles.

S'ils n'ont pas pris le nom d'Evêques, ni celui de Prêtres, ils déclarent euxmêmes, que ce n'est que de peur d'être confondus avec les Prêtres & les Evêques de l'Eglife Romaine, mais

qu'ils ne prétendent pas pour cela avoir moins de part à l'autorité de J. C. que les Evêques de l'antiquité.

Ils font donc vrais Evêques & vrais Prêtres, fi on les en croit. Mais il eft impoffible en même-tems, que l'on ne remarque combien ils font differens des Evêques & des Prêtres qu'ils ont trouvez établis, ou que l'on connoit les hiftoires de l'Eglife.

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Car tous ceux qui ont été reconnus dans l'Eglife pour Evêques, pour Prêtres, pour Pasteurs legitimes, jufqu'à Luther & à Calvin, avoient été ordonnez par des Evêques; & ils tiroient toute leur miffion d'une Eglife dont ils défendoient la foi, & dont ils reconnoiffoient l'autorité.

Mais on voit un renversement entiér de cet ordre dans les prétendus Réformateurs. Les uns n'ont été apellez au miniftere & faits Pafteurs que par des laïques; les autres n'ont été ordonnez que par des Prêtres: & ceux d'entr'eux qui l'avoient été par des Evêques, fe font élevez contre leurs Ordinateurs & contre l'Eglife qui leur avoit donné miffion. Ils lui ont ôté le nom d'Eglife; ils l'ont acufée d'hérefie & d'idolâtrie;

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