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miffion des Miniftres eft extraordinaire: les autres, qu'elle eft ordinaire : & les autres, qu'elle eft extraordinaire & ordinaire tout enfemble. Mais comme ce dernier fentiment enferme les deux autres, il fe détruit aufli en les détruifant. De forte qu'il n'y a proprement que les deux premieres opinions qu'il foit néceffaire d'examiner en particulier.

On peut feulement remarquer ici en géneral, que cette diverfité de fentimens eft une conviction de la témerité des prétendus Réformateurs. Car aulieu qu'il ne dévroit rien y avoir de plus certain & de plus conftant que le titre fur lequel ils fe font attribué le droit de faire de fi grands renverfemens dans l'Eglife, & qu'il n'y avoit rien où ils fuffent plus obligez de pratiquer ce principe de leur reformation, de ne rien recevoir qui ne foit fondé für l'autorité manifefte de l'Ecriture, il fe trouve neanmoins qu'ils ont fi peu fongé à s'affurer de leur miffion par l'Ecriture qu'ils ne favent à quoi s'en tenir, & qu'ils fe condamnent les uns les autres. Car Calvin & Beze, & les autres Miniftres qui ont eu recours à la miffion

extraor

portez que

extraordinaire, ne s'y font parce qu'ils n'ont pas crû pouvoir foutenir avec aparence qu'ils euffent la miffion ordinaire. Et au contraire, ceux qui ont pretendu que la miffion des premiers Réformateurs étoit ordinaire, ne fe font engagez dans ce fentiment, que parce qu'ils ont vu que leur chimere d'une prétendue miffion extraordinaire ne pouvoit fubfifter. De forte qu'il fe trouve en effet qu'ils ont commencé par s'emparer du miniftere & s'ériger en Pasteurs, fauf à examiner enfuite fur quel titre ils fohderoient cette ufurpation, & fans qu'ils euffent aucune affurance raifonnable du droit qu'ils s'atribuoient : ce qui eft le comble de la temerité & de l'injuftice.

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Que les prétendus Réformateurs n'ont point en de miffion extraordinaire.

E'S Miniftres n'avoient prefque

défendre leur miffion, que de foutenir qu'ils l'avoient reçu cxtraordinaire

ment

ment de Dieu. Et l'on peut voir par l'article 31. de leur Confeffion de Foi, que ç'a été fur cette fupofition d'un pouvoir donné immediatement de Dieu à des gens extraordinairement envoïez pour redreffer l'Eglife de nouveau, que toute leur pretenduë reformation eft. fondée. Nous croions, difent-ils, que nul ne doit s'ingerer de fin autorité propre pour gouverner l'Eglife, mais que cela fe doit faire par élection antant qu'il eft poffible, & que Dieu le permet. Laquelle exception nous y ajoûtons notamment, parce qu'il a falu quelquefois, & même de notre tems, anquel l'état de l'Eglife étoit interrompu, que Dieu ait fufcité des gens d'une façon extraordinaire pour dresser l'Eglife de nouvean, qui étoit en ruine

en defolation. Pouvoient-ils marquer plus expreffement, que les premiers Réformateurs n'ont pu prendre leur miffion de l'Eglife, parce que l'état en étoit interrompu, & qu'elle étoit en ruine & defolation; mais qu'il a fal- . que par une exception de la regle commune, Dieu les ait fufcitez d'une façon extraordinaire pour la dresser de

lu

nouveau.

La

La même chofe paroit par un article de leur difcipline, qui ordonne que les Prêtres de l'Eglife Romaine, qui s'étant rendus Calviniftes, feront élus à la charge de Miniftres, recevront une nouvelle impofition des mains; ce qui fait voir manifeftement qu'ils ont fupofé que leur miffion & leur ordination precedente étoit nulle, & qu'ainfi celle que Luther & Zuingle avoient reçue dans l'Eglife Romaine ne valoit rien: d'où il s'enfuit que celle que les Calviniftes

leur attribuent, ne peut traordinaire.

être qu'ex

Calvin après avoir établi dans fon Inftitution, que les qualitez d'Apôtres, d'Evangeliftes étoient extraordinaires, & qu'elles n'avoient pas été établies pour être perpetuelles dans l'Eglife prétend enfuite que les premiers Réformateurs les avoient reçuës de Dieu. Je ne nie pas leur dit-il, que Dien n'ait dans la fuite établi des Apôtres, ou au moins des Evangeliftes, comme il est arrivé de notre tems, parce qu'il en étoit befoin pour retirer les hommes du parti de l'Antechrift.

Mais fi quelque chofe peut faire voir combien ils étoient attachez dans ces

com

commencemens à la vocation extraordinaire, & de quelle forte ils prenoient à injure qu'on attribuât le pouvoir qu'ils s'étoient donné de fonder des Eglifes, à la vocation qu'ils avoient reçue dans l'Eglife Romaine; c'eft la difpute qu'il y eut fur ce fujet à la fin

du dernier fiecle entre un Protestant Beze nommé Hadrien Saravias, & Theolivre in- dore de Beze.

dans un

titulé:

Ad tra

ab Ha

Seravia

editum.

Le premier avoit fait un livre des atione degrez des Miniftres de l'Evangile, où de Mini il combattoit les opinions communes ftrorum Evangelii de fa fecte touchant l'Epifcopat; mais gradibus, où il établiffoit de plus dès le commendriano cement de ce traité : Que c'étoit fe jetter dans des embarras inexplicables, Ad cap. que d'avoir recours à la vocation ex2. lib. 1. traordinaire, quand on étoit preßé de rendre raifon de la vocation de ceux dont Dien s'étoit fervi depuis peu d'années ponr reformer les Eglifes; que tous ceux que Dieu avoit fufcitez pour cet ouvrage à l'exception de très-peu. avoient en une vocation ordinaire; & que pour ce petit nombre qu'il en falloit excepter, on pouvoit dire que tout Chrétien inftruit dans l'Ecriture fainte,pouvoit & devoit combattre la fausse do

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