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Elrine touchant le Fils de Dien & les principaux articles de notre Religion. Beze aïant entrepris de refuter ce traité, s'éleve avec chaleur contre cette maniere de foutenir la vocation de leurs Pafteurs. Il reproche d'abord à ce Protestant, de donner lieu à une trop grande licence par ces dernieres paroles: Car qui empêchera, lui dit-il que tout homme qui s'estimera favant, fous pretexte de combattre une faufse doctrine › ne monte en chaire, & ne faffe des affemblees clandeftines', commeles Anabaptiftes & les libertins ont accoutumé de faire? A Dien ne plaife que nous ouvrions la porte તે une licence fi pernicienfe. Et neanmoins nous ne rejettens pas pour cela cette merveillenfe vocation extraordinaire, qui ne procede que de l'infpiration interieure de Dien, par laquelle Dieu notre Seigneur s'eft rendu fi admirable en ce tems pour delivrer fon Eglife. Mais pour difcerner cette vraie & legitime vocation extraordinaire d'avec la fauffe & batarde qu'on ne fauroit trop éviter, nous établiffons trois regles. La premiere› Qu'il n'y ait point en de lieu à une vocation ordinaire, qu'on puiffe dire que

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ce Docteur at méprifée. La feconde Qu'on ait éprouvé l'efprit de cet homme, avant que de le recevoir, c'est-àdire, que fa doctrine ait ézé comparée autant que faire fe peut, à la regle de la parole de Dieu, & que fes mœurs aient été examinez. La troifiéme, Qu'aiant été ainfi éprouvé, il foit legitimement ordonné par l'Eglife même dont il aura jetté les fondemens. Voilà les bornes que nous donnons à cette vocation extraordinaire, fans quoi nous ne l'aprouverions jamais. Et par-là nous défendons centre les calomnies trèsnoires de nos adverfaires, ces bienheureux ferviteurs de Dieu, qui de notre tems, & de celui de nos peres, ont retiré tant d'Eglifes de la gueule de l'Antechrit.

On voit déja que Peze declare bien nettement, que c'étoit par la vocation extraordinaire qu'il s'imaginoit pouvoir défendre ces pretendus ferviteurs de Dieu, du reproche qu'on leur faifoit d'avoir ufurpé par un attentat sacrilege: l'autorité Ecclefiaftique. Et quant à la vocation ordinaire que cet Auteur leur attribue à caufe de l'ordination qu'ils avoient reçue dans l'Egli

Le

fe Catholique, Beze la rejette avec la chaleur qu'on verra dans les paroles fuivantes. Mais quelle eft, je vous prie, ajoûte-t-il, cette vocation ordinaire que vous dites qu'ont enë ceux que Dieu a fufcitez, à l'exception de fort pen? Vous ne pouvez entendre par là qu'une vocation Papiftique, comme vous le marquez affez en ce que vous dites: Que fi aujourd'hui les Evêqueo des Eglifes de France vouloient fe retirer eux & leurs Eglifes de la tyrannie de l'Evêque de Rome, & les repurger de toute idolâtrie & de toute fuperftition, ils n'auroient pas besoin pour cela d'autre vocation que de celle qu'ils ont déja. Quoi donc, nous imagineronsnous que ces ordinations Papiftiques qui n'ont été precedées d'aucun examen de mœurs, dans lesquelles on n'a observé aucunes des loix qui font inviolablement prefcrites par le droit divin pour les élections & les Ordinations & où on a même très-impudemment via lé tous les purs Canons, qui ne font autre chose qu'un très-infame commerce de la paillarde Romaine, plus fouillée que la recompenfe des prostituées, que Dieu a défendu d'offrir en fan Temple

qui ne deftinent les uns qu'a pervertir l'Evangile & non à le prêcher, & qui donnent pouvoir aux autres, non d'enfeigner, mais de facrifier, ce qui est une horrible abomination? Nous imagi nerons-nous, dis-je, que de fi mechantes ordinations foient tellement fermes que toutes les fois que Dieu aura fait la grace à quelqu'un de ces faux Evêques de paffer an vrai Christianifme, toute l'impureté d'une telle Ordination -fera auffi-tôt purgée? Mais avec quelLe bouche, avec quel front, avec quelle confcience celui à qui Dieu aura ainfi changé le cœur par fa grace, detefterat-il le Papifme fans abjurer l'ordination très-defordonnée qu'il y a reçuë; on s'il l'abjure, comment pourra t-il avoir par le droit de cette Ordination l'autorité d'enfeigner? Je ne nie pas que lorsque ces gens-là fe trouvent bien inftruits, de bonnes mœurs & propres à paître leur troupeau, on ne puisse les ordonner de nouveau, & faire par là que de faux Evêques, ils deviennent de legitimes Pafteurs. Et encore ignorez-vous combien il est important d'obferver ce que S. Paul recommande au regard des Neophytes.

. On

On ne peut pouffer plus loin que fait Beze par ces paroles furieufes, la neceffité abfoluë d'une vocation extraordinaire pour les premiers Réformateurs, ni détruire avec plus de vehemence cette impertinente chimere qu'ils n'euffent point befoin d'une autre vocation que de la vocation ordinaire qu'ils avoient reçuë de l'Eglife Romaine, qui les avoit Ordonné Prê

Ires.

Mais ce n'eft pas feulement le fentiment particulier de leurs plus grands Docteurs ; ce font des Synodes entiers qui ont reconnu qu'il étoit impoffible de fe paffer d'avoir recours à une vocation extraordinaire, & que ce n'étoit point une chose foutenable, que de pretendre, comme avoit fait ce Saravias fi fortement refuté par Beze, que la miffion que les auteurs de leur pretenduë Reforme avoient reçue dans l'Eglife Catholique, leur ait donné une autorité fuffifante pour établir leurs Eglifes. C'est ce qui fut déterminé le Synode de Gap de l'an 1603. car il y fut ordonné à tous les Miniftres par un decret exprès, de s'en tenir à l'article 31. de leur confeffion de foi, qui

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