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qui fuffent affez fimples pour le croire fur la foi de M. Claude, il feroit bien aifé de les detromper, en leur faifant faire reflexion fur les circonftances de ce recit.

On ne prouve point les paraboles, & on ne tâche point de les rendre vraifemblables, parce qu'on ne les veut pas faire croire. Or Luther, afin qu'on ne s'étonnât pas de fon Dialogue avec le Diable, a foin de nous dire que le Diable lui a livré fouvent de pareils affauts, & qu'il avoit fouvent éprouvé les effets de ces difcours diaboliques: a Ila fçu, dit-il, me rendre plusieurs nuits fâcheu fes & pleines d'amertume............ Za l'ai bien refenti & experimenté.

Secondement on n'attribuë point à des paraboles des effets réels; car les fictions ni les figures de Rhetorique n'en ont point. Or Luther pretend qu'il y en a beaucoup, que le Diable fait mourir par fes argumens: 'aib bien éprouvé, dit-il, connu par experience, B 2 pour

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a Multas noites mihi fatis amarulentas & acerbas reddere ille movit.... Senf equidem & probè fum experius. Ces paroles font raportées par Hofpinien dans le res cit qu'il fait de cette Conference qu'il a traduite de l'Allemand de Luther, 2. part.e de fon Hiftoire Sacramentaire, feüiller 131.

b Senfi equidem & probè fum expertus, quam ob caufam illud evenire foleat, ut fub auroram quidam mortui in kratis fuis inveniantur. Hospinien au même androi

pourquoi l'on a souvent trouvé sur le point du jour des perfonnes mortes dans

Leurs lits.

Et afin qu'on ne pût prendre cela pour un difcours en l'air, il nomme en particulier des gens qu'il pretend que le Diable a tuez de cette maniere, entre lefquels il y en a pour qui M. Claude devroit s'intereffer davantage. Je croi, dit-il, a qu'Empferus & Oecolampade,

d'autres qui leur reffemblent, font morts fubitement, ayans été percez, de ses traits enflammez de Satan; car il n'y a perfonne qui fans un fecours particulier de Dieu les put foutenir. Il est

vrai

a Credo equidem, inquit, quod Empferus & OccoLampadius, aliique horum fimiles, iftiufmodi ignitis Satana telis & haftis confoffi fubitanea morte perierint. Nemo enim mortalium citra fingulare Dei auxilium ac robur, illas fuftinere, & perferre poteft. Jucundum equidem fe fe difputando præbet, fcilicet. Brevibus enim tranfigit omnia, nec diu moras necit, fiquidem virum folitarium domi fuæ invenerit. Hofpinien 2. partie de fon Hiftoire Sacramentaire, feüillet 131.

Voyez auffi Luther, tom. 7. de l'H' ftoire de virtemberg, feuillet 230. où après avoir dit: Equidem fatis video in David & reliquis Prophetis, quàm graviter lucentur & ingemifcant in his certaminibus contra Diabolum & horribilem impetum ejus. Et Christus ipse, (quamvis fine peccato,) propter nos in quantis lachrymis, in quibus anguftiis agonizavit, in his agonibus contra Satanam. Urget enim in immenfum corda, nec definit nifi repulfus verbo Dei. Il ajoute : Et ego planè perfuafus fum, Empferum & Oecolampadiam & fimiles, his i&ibus horribilibus & quaffationibus fubitó extin&os elle; nec enim humanum cor horrendum hunc & ineffabilem impetum, nifi Deus li adfit, perferre poteft, &c.

vrai qu'il fe montre agreable dans la difpute en un point, c'est qu'il l'expedie promtement, & ne la laisse pas longtems traîner, lorsqu'il trouve un homme folitaire dans fa maison.

Voilà ce que M. Claude veut faire paffer pour une parabole, & fur quoi il fe contente de dire que cette maniere de figure est a éloignée de l'usage commun. En effet on n'avoit point encore oui parler de paraboles meurtrieres, & après lefquelles les gens fe trou vaffent morts dans leurs lits : & on avoit cru jufqu'ici, qu'un effet fi réel devoit avoir une caufe plus réelle, qu'une figure de Rhétorique.

M. Claude nous fera part, quand il lui plaira, des nouvelles lumieres qu'il a fur ce nouveau genre de figures: mais cependant je penfe qu'on s'en peut tenir par provifion aux idées ordinaires, qui portent à prendre ce récit, pour une hiftoire rapportée par Luther, & que ce pretendu Réformateur a voulu que l'on prît pour trèslitterale & très-effective. Et il nous permettra même de croire, que s'il étoit en Allemagne où les Lutheriens ont accoutumé d'objecter aux Calvinites, que Zuingle a apris du Diable à B 3

4 M. Claude page 137

expli

expliquer ces paroles: Ceci eft mon Corps, dans un fens de figure: il ne trouveroit point de moyen plus efficace, pour repouffer ce reproche des Lutheriens, que de leur objecter cette Conference du Diable avec Luther, comme une hiftoire veritablement arrivée, & non pas comme une figure de Rhetorique. Monfieur Claude ne trouvera pas mauvais qu'on ait cette opinion de lui, puifque c'est le moyen dont fe fervent ordinairement en Allemagne les plus fameux de fon parti, quand ils entreprennent de foutenir leur fens de figure contre les Luthe riens, qui le rejettent comme une erreur fuggerée à Zuingle par le Démon.

Et comme un fait eft fuffisamment prouvé, quand il eft attefté par deux té moins irréprochables à ceux contre qui on les produit ; nous nous contenterons de lui alleguer Hospinien & David Paréus.

Le premier, outre ce que nous en avons déja rapporté, s'étant propofé l'objection d'Hunius & des Compilateurs de la Confeffion d'Aufbourg, qui attribuoient au Diable le fonge de Zuingle, leur répond en ces termes : Ileft a faux, dit-il, que Zuingle ait témoigné

Hofpinien dans la feconde partie de fon Hifloire Sacrag

gné ne favoir pas, fi l'Ange qui lui avoit parlé en fonge, étoit blanc on noir. Car Zuingle n'a point dit que ce fut un Ange qui lui eût parlé. Mais quand il l'auroit dit, que pouroit Hunius conclure de-là, pour nous rendre fufpects d'erreur? Ignore-t-il ce que Luther écrit dans le fixiéme tome de fes Oeuvres en Allemand de l'impreffion d'fenne feuillet 83. non d'un Ange en general, mais du Diable même qui avoit es pendant la nuit un entretien avec lui,

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l'avoit informé de beaucoup d'abus de la Meffe des Papiftes? Dira-t-il que Dieu a affez, marqué par-là, que l'on fe devoit garder de la Secte des Luthe

riens ?

L'autre témoin qui achevera de con

B 4

vaincre

mentaire, feuillet 26. s'étant proposé l'objection du fange de Zuingle en ces termes: Somnium Zuinglii Papifta, Lutherani, Ubiquifte, aliique adverfarii acerbiffimis judiciis exagitarunt atque infe&tati funt. Hunius fic argumentatur: Zuinglius fuam fententiam de Cœnâ Domini ex fomnio didicit: Ergò hoc ipfo Deus Zuinglianam Se&tam notare, & omnes monere voluit, ut fibi ab eâ caveant ; il répond à cette objection: Negatur confequentia. Et un peu après il aioute: Falfum & hoc eft, quod idem fcribit, Zuinglium nefciviffe, an ille Angelus ater, vel albus fuerit. Nam Zuinglius nullius Angeli meminit: aut fi meminiffet maximè, quid inde abfurdi colligere vellet Hunius? An nefcit quæ Lutherus fcribat tom. 6. Germ. Jenenfi fol. 83. non de Angelo, fed de ipfomet Diabolo, qui noctu colloquium cum eo habuerit, eumque de multis abufibus Miffa Pontificiæ edocuerit? Dicet ne, hic etiam, Sedam Lutheranorum nota mat effe?

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