페이지 이미지
PDF
ePub
[ocr errors]

vaincre Monfieur Claude, est le Reverend, très-excellent & renommé DoEteur David Pareus, comme il eft appellé par le Sinode de Dordrecht Seffion 99. C'eft dans fon Livre des Controverfes Euchariftiques chap. 7. où ayant réfuté du mieux qu'il a pu ce que les Lutheriens objectent ordi nairement aux Calvinistes de l'Efprit blanc ou noir, qui avoit apris à Zuingle à défendre le fens de figure qu'il donnoit aux paroles de l'Inftitution du S. Sacrement, il a cru que pour leur fermer entierement la bouche, il n'avoit qu'à leur reprocher à fon tour la Conference de Luther avec le Diable

contre

a Quin verò ipfi fecum potiùs cogitent qualia Lu therus de fuis familiaribus cum atro fpiritu Diabolo colloquiis commemoret, quæque in his fibi à Diabolo fuggefta effe palam profiteatur. Refellant ergo tritam Papiftis cantilenam & argumentum: Lutherus, feipfo tefte, ex atro fpiritu Diabolo didicit rationes, cur damnanda fit Miffa privata, & Sacerdotum chrifma. Ergo Lutheri do&rina de Miffæ condemnatione eft.Diabolica. Hic inquam Rhodus. Antecedens negare non poffunt. Objicient alioqui eis Pontificii prolixam legendam Lutheri de difputatione fibi cum atro fpiritu Diabolo habitâ, quam ipfe defcripfit. Sed mox audies Lutheranos vociferantes > hic effe fallaciam accidentis. Verum enim femper effe verum, neque id fieri falfum ; etiamfi ab atro fpiritu Diabolo proferatur, aut fuggeratur. Quidni vero magis hoc valebit pro Zuinglio, cui atrum fpiritum quidquam fuggeffiffe nec dicat ipfe, ficut fatetur de fe Lutherus nec ullâ ratione à calumniatoribus probari poteft. David Paréns Calvinifte dans fon Livre des Controverses Euchariftiques chap. 7. pag. 217

tontre les Meffes privées. C'eft euxmêmes, dit-il, qui font dans l'embaras où ils nous veulent jester, & c'est à eux à penser à ce que rapporte Luther de fes entretiens familiers avec l'efprit noir, qui eft le Diable, & aux chofes qu'il déclare ouvertement lui avoir été snggerées par le Diable dans les Conferences qu'il temoigne avoir enës avec lui. Qu'ils refutent donc cet argument vulą gaire des Papiftes: Luther par fon propre aven, a appris de l'efprit noir, qui eft le Diable les raisons qui portent à croire qu'on doit condamner la Messe privée: Donc la doctrine de Luther touchant la condamnation de la Meffe eft diabolique. Voilà à quoi ils ont à répondre. Ils ne peuvent nier l'antecedent. Car les Papistes les en convaincroient, en leur reprefentant la longue legende de Luther touchant la Conference qu'il a enë avec l'efprit noir, qui eft le Diable qu'il a lui-même rapportée. Tout ce que peuvent done faire les Lutheriens eft de crier, que c'est un Sophifme, parce que le vrai est toujours vrai, & ne devient point faux, quoiqu'il foit prononcé ou fuggeré par Diable, qui eft l'efprit noir. Combien donc cela eft-il plus fort pour Zuingle qui n'a point avoué comme a fait BS Luther

le

Luther que l'efprit noir lui eût rien appris.

Voilà ce que les Calviniftes difent en Allemagne, quand ils ont à difputer contre les Lutheriens. Ils regardent l'hiftoire de la Conference de Luther avec le Diable comme une chofe inconteftable. Ils reconnoiffent que c'est l'argument le plus commun des Catholiques, pour rendre fufpecte d'erreur la Secte des Lutheriens: & ils foutiennent que les Lutheriens ne s'en peuvent tirer, qu'en niant la confequence, parce qu'il eft impoffible de nier le fait. Antecedens negare non poffunt. C'eft fans doute que ces bons Allemands n'avoient pas autant de fecondité d'efprit que Monfieur Claude, pour trouver de ces merveilleufes folutions, dont perfonne avant lui ne s'étoit encore avifé. Ils n'avoient pas prévu que F'on fe pouroit mocquer de cet argument, en prétendant que tout ce récit de Luther n'étoit qu'une parabole, ou une figure de Rhetorique. Cette imagination grotefque étoit refervée à M. Claude.

La feconde a question fe peut vui.

der

a Cette feconde queftion eft de favoir, fi les Moines au tems de Luther avoient accoutumé de remplir les livres de leurs exploits contre le Diable, par des figures de Rhetorique femblables au

Her avec auffi peu de difficulté, car elle confifte en un fait dont la preuve regarde Monfieur Claude, & qui doit paller pour calomnieux, à moins qu'il ne le juftifie par des exemples.

Il dit que les Moines a de ce tems là avoient accoutumé par figure de Rhetorique de remplir les livres de leurs exploits contre le Diable. On avouë que l'on ne fait point d'exemple de ces figures. Il y a des Moines qui raportent des aparitions de Démons, mais ils les raportent comme veritables, & dans le deffein de les faire croire. Si ces aparitions font bien fondées, ils ont eu raifon de les raporter, & les Saints Peres l'ont fait avant eux. S'ils les ont cruës trop legerement, on les doit accufer de legereté; s'ils les ont raportées fans les croire, on les doit accufer de fourberie & d'impofture. Mais Monfieur Claude ne fauroit prouver d'aucun qu'il en ait raporté de femblables à celle dont Luther fait le récit, & avec des circonftances auffi particulieres que celles qu'il y mêle, ne les voulant faire paffer que pour figures de Rhetorique.

,

BG

On

récit que Luther fait de fa Conference avec le Dia ble, lequel récit Monfieur Claude voudroit faire paffer pour une figure de Rhetorique,

a Monfieur Claude pag. 136,

On attend donc encore cet éclaircif fement de Monfieur Claude, & à moins qu'il ne le donne, il ne fauroit éviter 'être condamné par les perfonnes fages d'une malignité peu honnête.

C'eft proprement à Monfieur Claude à décider la troifiéme a question, & à nous dire fincerement, s'il croit de bonne foi, que ce récit de Luther ne foit qu'une parabole, & qu'une figure de Rhetorique, qui ne merite point d'autre cenfure, que d'être éloignée de l'usage commun; ou s'il s'eft fervi de ce faux prétexte contre fa confcience pour couvrir l'honneur de Luther. S'il prend le dernier parti, il fe déclarera coupable d'une très-mauvaise foi: & s'il aime mieux perfifter dans ce qu'il a avancé, il eft de son intereft d'éclaircir le monde, comment il a pu croire que des paraboles fiffent mourir effectivement les gens; & s'il ne donne cet éclairciffement, il a fujet de craindre que ceux même de fa Secte ne tirent de mauvaises confequences contre luimême d'un jugement si peu sensé, & qu'ils n'en concluent, qu'un homme capable

Cette troifiéme queftion eft de favoir, fi Mon fieur Claude a cru en effet, que le recit que Luther fait de fa Conference avec le Diable, fut une figure de Rhetorique, & s'il agit de bonne foi, pour le faire croire aux autres.

« 이전계속 »