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Capable de propofer de telles abfurdi tez n'eft gueres propre à les inftruire des veritez de la foi.

Voilà la décision des trois questions? qu'on peut faire fur le premier moyen de la juftification de Luther.

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On n'a pas befoin d'examiner en par ticulier le fecond moyen, qui eft que Monfieur Claude pretend, qu'il n'y a rien que d'innocent dans ce récit de Luther ni qui s'éloigne du devoir d'un bomme de bien, puisque c'est le sujet de tout ce traité, & que Monfieur Claude n'ajoute aux raifons communes des autres, que quelques exclamations qui font des raifons pour lui, mais non pour les perfonnes judicieuses.

Il nous donne neanmoins fujet de faire deux réflexions fur fon procedé, qui ne feroient pas inutiles pour faire connoître fon efprit.

La premiere eft, qu'il fe laiffe tellement emporter à la paffion prefente qui le poffede, qu'il n'étend point fes vuës plus loin, que l'objet qui l'occupe à chaque moment. Car s'il avoit eu cest fortes de prévoyances que la prudence donne, il auroit moderé fans doute ces expreffions generales, qu'il n'y a rien en tout cela, c'eft-à-dire dans ce récit

a Monfieur Claude pag. 1374

de

de Luther, que d'innocent, & qui s'ës loigne du devoir d'un homme de bien, puifqu'il devoit prévoir qu'on lui pou roit objecter, que dans ce récit même Luther dit formellement

• que c'est Je Diable qui a fait mourir fubitement Oecolampade, l'un a des Saints prétendus des Calviniftes, & plufieurs autres de cette Secte, & qu'on demanderoit fur cela, fi dire qu'un homme qu'il regarde comme Reftaurateur 6 de l'Evangile a été tué par le Diable, & que la même chofe eft arrivée à plufieurs autres de fon parti, est une parole fort innocente, & qui ne s'éloigne du devoir d'un homme de bien. Hofpinien Auteur très-celebre parmi les

pas

■ Hofpinnien Auteur Calviniste dans la feconde partie de fon Hiftoiae Sacramentaire, feüiller 116. parlant d'Oecolampade, dis qu'après fa mort, on mit fur fon tombeau un Episaphe, où entr'autres titres d'honneur, il fut d'it, que fa memoire meritoit d'être honorée pour la fainteté de fa vie. Sepultus eft, dit-il, in fummi Templi circuitu, ubi hoc ejus Epitaphium vifitur: D. Joannes Oecolampadius...... ut doctrinâ, fic vite (anƐtimonia colendessi mus, fub breve faxum hoc reconditus jacet.

Béze dans les Portraits des Hommes Illuftres pag. 84. & 85. apelle auffi Oecolampade, vaillant Champion de Jefus Chrift, & excellent Serviteur de Dieu; & parlant de fa mort, il dit qu'il rendit l'ame paifiblement à fon Sauveur, & alla fe rejoindre dans les Cieux en une meilleure vie à Zuingle fon frere & compagnon d'armes, qui étoit mort un peu avant lui.

b Béze dans les mêmes Portraits des Hommes Illufires mét more Oecolampade au nombre de ceux dont il dir que Dieu seft fer vi pour rétablir le vrai Chriftianisme en Suiffe, & dans les Païs circonvoisins.

Les Calvinistes, n'en a pas jugé de même que lui; car ayant raporté cet en droit de Luther, il accufe Luther d'u ne infigne calomnie: Voilà, dit-il, a ce que raporte Luther, & il fait en cela une grande injure à Oecolampade, en joignant Empferus cet infigne perfe cuteur de la verité Evangelique à ce très-fidele Serviteur de Jesus-Chrift. C'eft

a Hofpinien dans la feconde partie de fon Hiftoire Sa Cramentaire feuillet 131. ayant raporté l'endroit, où Luther dit qu'Oeselampade a été tué par le Diable, il parle en ces termes: Hac Lutherus, ubi magnâ cum injuriâ Oeco lampadium, fideliffimum Chrifti fervum, Empfero infigni illi veritatis Evangelica perfecutori conjungit. Citra veritatem etiam dicit, Oecolampadium Subitanea morte fublatum, & per Satanæ fraudes, tentationes, vires, & ignita tela interemptum effe. Magno denique cum offendiculo fcribit, de multis verè piis, & fidelibus, qui fubitò quidem, fed feliciter, & in bonâ fpe expirautes fub auroram in ftratis fuis mortui funt, quafi ab ipfo Diabolo occifi occubuerint. Et à la marge de ces paroles, Hofpinien die que ce que Luhter écrit d'Oecolorpade en cet endroit est une calomnie: Lutheri calumniæ de Oecolampadió.

Hofpinien fait encore ailleurs ce même reproche à Luther, lorfque parlant de la mort d'Oecolampade, il dit: Lutherum, Cochleum, aliofque de ipfo fpargere non pu duit, eum à Diabolo fuffocatum expiraviffe; & ma nè ab uxore exanimem in le&to inventum fuiffe 2. partie de fon Hiftoire Sacramentaire, feüillet 126. suté cì-deffus. Or fi Hofpinien a pretendu, qu'on ne peut dire fans calomnie, qu'Oecolampade ait été fuffoqué & tué par le Diable; & que néanmoins Luther l'ait avan cé dans le récit qu'il a fait de fa Conference avec ce malin efprit comment Monfieur Claude peut-il prétendre qu'en tout ce récit il n'y a rien qui s'éloigne du devoir d'un homme de bien, ni qui ne foit entierement innocent? Eft-ce qu'il veut faire paffer la calomnie pour une chofe innocente, & le calomniateur d'un prétendu Saint de fa Religion pour un homme de bien ?

C'est auffi contre la verité qu'il dir qu'Oecolampade a été tué par les tenta. tions & les traits enflammez de Satan. Et enfin c'eft une chose bien scandaleuse d'écrire, comme il fait en parlant de plufieurs fidéles vraïement pieux, dont la fin a été heureufe, quoique fubite, ayant été fur le matin trouvez morts dans leurs lits, que c'est le Diable qui les a tuez.

La feconde réflexion eft que pour être traité favorablement de Monfieur Claude, il fait bon d'être lié avec lui par quelque forte d'intereft. Car par ce qui lui importe que Luther principal Auteur de la prétenduë Reformation ne foit pas un calomniateur & un extravagant, quoiqu'il dife dans ce récit même, que le Diable a fait mourir fubitement plufieurs Chefs des a Sacra mentaires, & entr'autres Oecolampade, & qu'il prétende perfuader ferieu fement au monde, que c'eft du Diable même qu'il a apris que les Meffes privées étoient un abus ; il n'eft coupable néanmoins en tout cela, que de s'être fervi d'une figure peu commune. C'eft tout ce que M. Claude y trouve à redire. Mais parce qu'il n'a pas le même

interêt

On apelle Sacramentaires ceux qui ne croient pas la prefence réelle de Jesus-Chrift au Sacrement

interêt à la réputation de l'Auteur des Préjugez, il le traite avec un étrange emportement, en l'apellant en termes formels, bien médisant & bien calomniateur fans qu'on puiffe même deviner fur quoi il fonde ces reproches G injurieux.

Car il eft bien certain qu'il n'y a pas de fauffeté en ce qu'il a dit, que Lu. ther avoit pris le Démon pour maître de la verité, & qu'il s'étoit rendu fon Disciple, en fe vantant qu'il a été convaincu par fes raifons, que les Meffes privées étoient un abus, & que c'étoitlà le motif qui l'avoit porté à les abo lir, puifque ces termes ne difent précifement que ce qu'Hofpinien a renfer mé dans ceux-ci: Luther a dit que c'est le Diable qui lui a enfeigné que la Meße privée est une mauvaise chafe, & qu'en ayant été convaincu par les raifons du Diable, il l'a abolie.

Enfeigner & être maître, font termes fynonimes, auffi-bien que ceux d'aprendre, & d'être difciple. Si c'eft le Diable qui a inftruit Luther de ce dogme, qui fait une partie de fa prétendue Réformation,

De hac difputatione narrat plura, quorum fumma eft fe à diabolo edoctum effe, quòd Missa privata in primis fit res mala, & rationibus Diaboli convi aum aboleviffe eam. Hofpinien dans la 2. partie de for Hiftoire Sacramcnsaire, feüller 131,

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