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mation, il a été fon maître & fon do &teur fur ce point; & fi Luther l'a apris de lui, comme il l'avoue, il a été fon disciple. On ne dit pas que Luther ait été en claffe fous le Diable, ce qu'il femble que M. Claude veüille enfermer fous le terme de difciple & de maître, pour y trouver de la calomnie: mais on dit qu'il a été fon difciple à l'égard de ce dogme; c'eft-à-dire, qu'étant dans l'erreur felon les Miniftres fur ce point, c'est du Diable qu'il a reçu cette préten duë lumiere qui l'en a tiré; & c'eft ce qu'on apelle être difciple du Diable, & avoir pris le Diable pour maître,

Il plaît à M. Claude de ne trouver rien que d'innocent,& qui ne foit digne d'un homme de bien, dans cet aveu que Luther fait de lui-même; mais il n'eft pas la régle des fentimens publics, & je m'imagine que quoiqu'il en dife, le commun du monde y trouvera au moins de l'extravagance, puifque jamais hom me fenfé ne fe fervit d'un tel préambu le, pour faire recevoir une verité. Or l'extravagance eft un affez méchant ca ractere, poar un Réformateur des prétendues erreurs de tous les Peres & de toutes les Eglifes du monde.

Je me perfuade encore que malgré M. Claude, on en conclura, que c'est

un

un affez fâcheux préjugé pour la Réfor mation, qu'au lieu que les vrais Prophetes envoïez pour réformer le peuple de Dieu, commençoient leurs Propheties en avertiffant les peuples, que Dieu leur avoit parlé: Cieux, écoutez ma voix, terre, entend mes paroles, parce que le Seigneur a parlé; Dieu a permis au contraire, que la doctrine des Proteftans ait commencé d'être annoncée par un homme, qui attirant d'ailleurs les yeux du monde par quantité de qualitez peu convenables à un Apôtre, n'a pas fait difficulté de reconnoître, que c'étoit du Diable qu'il avoit apris l'un des principaux articles de fa Réformation, & qui pouvoit ainfi dire à ceux qu'il inftruifoit de ce point: Cieux, écoutez ma voix, terre, entend mes paroles, parce que le Diable a parlé.

Ainfi comme il eft à craindre pour M. Claude, que l'impreffion de ce préjugé ne fait plus forte que fes petites raifons, les perfonnes judicieufes de fon parti jugeronr fans doute, qu'il auroit mieux fait de paffer fur ce point plus legerement, comme il a fait fur beaucoup d'autres, & de ne fe déclarer pas f G hautement l'Apologifte de cette Conference diabolique de Luther.

CHA

Kaïc chap. 1. Ž. a

CHAPITRE II.

Examen de ce que Monfieur Claude dit fur un autre paffage de Luther,

où il excite les Princes Chrétiens an

Sang & au carnage du Pape & des Cardinaux.

L E fujet de cet Ecrit ne m'enga geant qu'à refuter les nouvelles illufions, par lefquelles Monfieur Claude

s'eft efforcé de couvrir l'honneur de Luther, au regard de fon entretien avec le Démon; je croi m'être fuffifamment aquité de ce devoir, & avoir donné lieu en même-tems de former un affez mauvais préjugé du livre que ce Miniftre vient de produire, puifqu'on ne doit pas attendre de grandes lumieres d'un homme qui fait paroître dans les moindres chofes fi peu de fincerité, de folidité & de moderation. Mais comme il y a affez de gens qui feront bien-aifes d'en avoir encore plus de preuves, j'ai cru y devoir joindre l'examen de trois autres endroits de ce Miniftre. Je ne me suis arrêté aux deux premiers, que parce que l'un precede immediatement le point que j'ai traité,

&

& l'autre le fuit immediatement. Mais pour le dernier, je l'ai choisi à deffein, parce que tous les caracteres de l'efprit de Monfieur Claude y paroiffent autant qu'en aucun lieu de fes Ecrits, & ainfi il donne plus lieu de juger de ce qu'on doit attendre de fon Ouvrage.

Le premier de ces trois endroits re garde un paffage de Luther raporté par l'Auteur des Préjugez, dont voici les termes: Si l'on pend les larrons aux gibers, fi l'on châtie les brigands & les heretiques par le glaive, pourquoi n'attaquons-nous pas de toutes nos forces ces Cardinaux & ces Papes, & toute cette racaille de la Sodome Romaine, qui ne ceffe point de corrompre l'Eglife de Dieu ? pourquoi ne lavons-nous pas nos mains dans leur fang?

Monfieur Claude dit fur cela, qu'on ne peut raporter de passage d'une maniere plus envenimée ni de plus mauvaife foi. Mais comme c'est sa maniere ordinaire de commencer par ces fortes de décifions outrageufes, il ne s'en faut

pas Dans le livre des Préjugez, chap. 3. pag. 29. b Si fures furcâ, fi latrones gladio, fi hæreticos igne, plecimus, cur non magis hos magiftros perditionis hos Cardinales, hos Papas, & totam iftam Romanæ Sodomæ colluviem, quæ Ecclefiam Dei fine fine corrumpit, omnibus armis impetimus, & manus noftras in fanguine iftorum lavamus? Luther rome Ad de l'Edition de vritemberg, füillet 1959

Monfieur Claude pag. 334

pas étonner, il en faut voir la preuve, & c'eft ce qui lui manque toujours.

Celle qu'il allegue ici eft que Luther ne dit pas cela abfolument, mais dans une certaine hypothefe, qui eft que les creatures du Pape empêchoient le Concile par leurs maximes, que le Papi eft au-deffus du Concile, qu'il eft infaillible, qu'on ne pouvoit apeller de lui, qui étoient foutenues par Sylveftre Maître du Sacré Palais. C'est-à-dire en un mot, que Luther ne déclare pas, que le Pape & les Cardinaux foient tuables abfolument, & fans caufe; mais dans l'hypothese qu'ils foutiennent de certaines maximes, par lefquelles il prétend qu'ils empêchent le Concile. Or comme il eft vrai que Sylveftre foutenoit ces maximes, & que Luther croyoit avoir droit de les attribuer au Pape, aux Cardinaux, & à tous les autres dont il parle fi injurieufement, il s'enfuit qu'ils étoient tous effectivement tuables, felon les maximes de Luther. Car Monfieur Claude n'ignore pas, que lors qu'on attache une confequence à une hypothefe réelle & effeAive, la confequence devient aufli abfolue & effective.

Si l'Auteur des Préjugez avoit écrit

M. Claude pag. 1315

contre

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