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contre les Miniftres de la Religion Prétendue Réformée, ce que Luther a écrit contre le Pape & les Cardinaux, Monfieur Claude trouveroit-il qu'on auroit bien excufé cet Auteur, en difant qu'il n'auroit parlé que dans une certaine hy. pothese? S'il avoit comme Luther, excité les Roys & les Princes à prendre les Armes, pour les exterminer de la terre, au cas qu'ils continuaffent d'enfeigner leurs faux dogmes, ajoutant que c'eft-là le feul moyen qui leur refte pour terminer le different, & qu'il ne faut plus penfer à en venir aux paroles, mais au fer & au feu; & que pour perfuader fon fentiment, il se fût servi de cette raison de Luther: Si l'on pend les larrons aux gibets, fi l'on châtie les brigands, & les heretiques par le glaive & par le feu; pourquoi n'attaquons nous pas de toutes nos forces ces Miniftres qui ne ceffent point de corrompre l'Eglife de Dieu ? pourquoi ne lavonsnous pas nos mains dans leur fang? Si dis-je l'Auteur des Préjugez avoit parlé de cette forte, les Miniftres ne croiroient-ils pas être en droit de dire, que ce feroit avoir recours à d'étranges moyens d'en ufer ainfi, & que cet Auteur exciteroit les Princes Catholiques au fang & au carnage? Manqueroient

ils de raporter ces paroles fans craindre qu'on pût leur reprocher avec justice, qu'ils ne pouroient raporter de paffage d'une maniere plus evenimée, & de plus mauvaise fei? & fe tiendroientils bien réfutez, fi on leur répondoit que cet Auteur n'auroit parlé que dans une certaine hypothese?

Il est donc visible que M. Claude fe mocque du monde, de pretendre qu'on n'a pu dire abfolument que Luther exhorte à maffacrer le Pape, les Cardinaux, & toute la Cour de Rome, parce qu'il n'exhorte à les maffacrer, que fupofé que l'on continuë d'enfeigner à Rome certaines opinions que l'on y enfeigne en effet, quoi qu'il y ait d'autres Catholiques qui les conteftent.

Mais, dit Monfieur Claude, ce h'eft qu'une confequence abfurde, qu'il tire de cette hypothese. Il eft bien vrai qu'elle eft en effet très-abfurde, & il devoit ajouter qu'elle eft trèscruelle & très-impie : mais Luther ne la propofe point comme abfurde, mais comme liée néceffairement à un fait certain felon les Miniftres. Il ne faloit donc qu'avoir du fens commun pour en tirer la confequence absoluë qu'on lui a attribuée. Car quiconque dit d'une part

■ M. Claude pag. 1354

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qu'il faut mallacrer le Pape & les Cardinaux, s'ils enfeignent certaines opinions, & qui pofe de l'autre que ces maximes s'enfeignent à Rome, donne lieu à tout le monde de tirer cette abominable conclufion, qu'il faut donc maffacrer le Pape, les Cardinaux, & toute la Cour de Rome.

Qui pouroit donc voir fans indignation & fans horreur, que M. Claude ne trouve à redire qu'à l'expreffion de Luther, & qu'il ne blâme rien dans la chofe même. Je ne veux pas dire; • dit-il, qu'il n'y ait quelque chofe de violent dans ces expreffions. Il n'y a donc rien de trop violent dans les chofes, c'est-à-dire, que fi l'Empereur & les Princes d'Allemagne avoient maffacré effectivement tous les Cardinaux & le Pape même, en fuivant ce barbare raifonnement, pourvû qu'ils évitaffent les expreffions dures, Monfieur Claude n'y trouveroit rien à reprendre, & s'ils s'en étoient même fervi, il ne les auroit blâmé que d'acreté dans le ftile, & il leur auroit rendu en même-tems témoignage d'un bon fond de pieté, comme il le rend à Luther, après en avoir

C

ra

Monfieur Claude pag. 137. b Monteur Claude was la vage 136 dit: J'avouë qu'il feroit à fouhaiter que Luther eût gardé plus de mefure qu'il n'a fait dans fa maniere d'écrire, & qu'a

raporté ces paroles barbares & fangui

naires.

Mais, dit Monfieur Claude, Luther n'adreffe pas ces paroles à fes Sectateurs, mais à l'Empereur, aux Roys & aux Princes.

Quand cela feroit, l'exhortation que leur fait Luther de tuer le Pape, les Cardinaux, & toute la Cour de Rome, en feroit-elle moins barbare? Et néanmoins Monfieur Claude peut bien dire qu'il n'adreffe pas ces paroles à fes feuls Sectateurs, mais il ne peut nier qu'il ne les adreffe auffi à fes Sectateurs, puifque les Princes qui -le fuivoient étoient du nombre de ces Princes dont il parle, & qu'il feroit -ridicule de prétendre que les Lutheriens ne fuffent pas compris dans ces paroles: Pourquoi ‹ n'attaquons - nous pas de toutes nos forces ces Cardinaux

ces Papes, & toute cette racaille de
la Sodome Romaine? & pourquoi ne,
Lavons-nous pas nos mains dans leur⚫
Sang?

vec ce grand & invincible courage, avec ce zele
ardent, pour la verité, avec cette inebranlable fer-
meté qu'il a toujours fait paroitre, on cût pû voir
en lui plus de retenue & de moderation. Mais ces
défauts qui viennent le plus fouvent du temperament
n'empêchent pas qu'on eftime les hommes, lors
que d'ailleurs on voit en eux us on fond de pi té,
des ver us tous· à-fau beraïques, comme on les v joir › cluire

an Liher

AM. Claude pag. 134. & 135.

fang? Voilà ce que c'eft que de vouloir défendre à quelque prix que ce foit les plus grands excès.

CHAPITRE III.

Fauffe accufation de Monfieur Claude, contrel' Auteur des Préjugez, fondée fur le retranchement d'un mot, qui change entierement le fens.

A troifiéme accufation fuit immé

Ldiatement ce que Monfieur Claude

A

dit fur l'entretien de Luther avec le Diable, & à n'en juger que par la maniere dont il la propofe, on diroit qu'il a toutes les raifons du monde. Car après avoir fait dire à l'Auteur des Préjugez, que Carloftad fut le premier qui eut la bardieffe d'attaquer la doErine de la préfence réelle, il le censure par par cette propofition contradictoire à la fienne: Il n'eft pas vrai que Carloftad ait le premier combattu la doctrine de la prefence réelle, Bertram, Erigene, Raban, la combattirent dans le neuviéme fiecle, dès que Pafchafe l'eût mife au jour Berenger la combattit dans l'anziéme ; & dans le fiécle même

M. Claude pag. 140,

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