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de la Réformation, les Bohemiens apel lex Taborites, & ceux des Vallées de Piémont & de Provence qu'on apelloit Vandois la rejettoient ouvertement. Ainfi voilà l'Auteur des Préjugez bien refuté: Il avance en termes formels, que Carloftad eft le premier qui a attaqué la prefence réelle, & Monfieur Claude lui donne le démenti, en difant que cela n'eft pas vrai, & il prouve ce defaveu par des preuves convaincan

es.

Il est pourtant bien aisé de le justifier de cette accufation: mais peut-être ne fera-t-il pas fi aifé à M. Claude de fe juftifier lui-même. Car il n'y a qu'à avoir recours au Livre des Préjugez, • & l'on y verra que l'Auteur n'a point dit abfolument, que Carloftad ait été le premier qui ait en la hardieffe d'attaquer la prefence réelle, mais que ce fut lui qui eut la hardieffe d'attaquer le premier dans le 16. fiecle la doctrine de la prefence réelle, l'an 1520. Ce qui eft très-vrai. Mais pour rendre faux cet endroit du Livre des Préjugez, Monhieur Claude a pris la peine en le copiant, de retrancher ces paroles dans le 6. fiecle ; & c'eft fur cela qu'il fonde fa cenfure, en difant gravement,

a Livre des Préjugez chap. 10.

qu'il n'eft pas vrai que Carloftad ait Je premier combattu la doctrine de la prefence réelle, fupofant fauffement que l'Auteur des Préjugez l'avoit avancé. Il n'eft pas difficile de fe faire ainf des fujets de cenfure en retranchant les paroles d'un Auteur, pour lui attribuer tout le contraire de ce qu'il dit.

CHAPITRE IV.

Examen d'un endroit important de Monfieur Claude, où il impute à l'Auteur des Préjugez une propofition, fur laquelle il dit qu'il ne craint pas d'être defavoué. On lui donne neanmoins se defaven.

a

Lufieurs perfonnes ont été extraor dinairement furprises de voir que Monfieur Claude " impute à l'Auteur des Préjugez, que de fon confentement on peut fupofer comme une chofe qu'on. ne dispute pas aux Calvinistes que leurs peres, fuivant le mouvement de leur confcience, ont eu droit de refufer de faire profeffion des erreurs dont ils ant cru que l'Eglife Romaine étoit enC 3 tachée

■ Monfieur Claude pag. 114

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tachée, & de ne prendre point de part à certaines actions qui enfermoient ces erreurs Et qu'ainfi ils ont pu legitiment fe feparer de l'Eglife Romaine d'une feparation négative & de ce qu'il confirme ce reproche en ces termes: Quelque a menagement qu'il ait aporté dans fes expressions, on peut dire, fi je ne me trompe, fans crainte d'en être defavoüé, que ce qu'il leur accorde iei n'est pas une de ces conceffions gratuites, qu'on fait quelquefois à fes adverfaires pour abreger la difpute, mais qu'en effet il a parlé felon fes veritables fentimens.

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Pour moi j'avoue que l'étonnement que cette hardieffe m'a donné tel que quelque affurance que j'eusse, qu'il n'y avoit rien dans ce Livre qui pût fervir de fondement à ce reproche; néanmois pour m'en affurer encore davantage, je n'ai pas feulement confulté les endroits fur lefquels M. Claude le fonde, mais je me fuis même informé de ceux qui y ont interêt, qui m'ayant parfaitement éclairci de leur fentiment, m'ont autorifé de donner à Monfieur Claude le defaveu qu'il croit qu'on ne lui fauroit donner. Je le defavouë donc

a Monfieur Claude dans la même pag. 114.

de

.

de leur part, & j'entreprens de la mienne de faire voir qu'il n'y a pas la moindre aparence dans le fens qu'il attribuë à cet Auteur.

Il eft certain en general qu'on peut concevoir deux fortes de feparations d'avec l'Eglife Romaine, l'une qu'on peut apeller negative, qui confifte à refufer de faire profeffion de fes dogmes en les jugeant des erreurs, & à ne prendre point de part à certaines actions qui les enferment; l'autre qu'on peut apeller pofitive, qui comprend de plus l'érection d'un nouveau miniftere & d'une Societé feparée, l'ufurpation de la charge paftorale, & la condamnation pofitive des Pafteurs, & des Affemblées de l'Eglife Catholique.

Mais il n'eft pas moins certain que la feparation negative eft illicite & criminelle, auffi-bien que la pofitive. Car fi L'Eglife Catholique eft infaillible, & qu'elle n'enfeigne rien comme de foi qui ne foit très-veritable; il ne peut ja mais être permis de réfifter à fon autorité, ni de refufer de faire profeffion des dogmes qu'elle enfeigne. Et il ne ferviroit de rien de dire, qu'on n'est pas perfuadé ni du principe de l'infail labilité de l'Eglife, ni de la verité de

C 4 tous

tous fes dogmes. Car ce défaut de per fuafion étant criminel, auffi-bien que toutes les autres herefies, il ne rend ni excufables, ni permifes les actions qui en font les fuites.

Un Socinien n'eft pas perfuadé de la divinité de Jesus-Chrift, & cette fausfe perfuafion qui forme en lui une fauffe confcience fait qu'il ne fauroit fans peché, pendant qu'il eft dans cette difpofition, faire profeffion de croire la divinité de Jefus-Chrift. Mais s'enfuitil de-là, que le refus qu'il fait de confeffer que Jefus - Chrift eft Dieu, foit legitime & permis ?

Un Mahometan, qui eft perfuadé par une confcience erronée, que JefusChrift n'eft point mort, & que Maho

met eft un vrai Prophete, ne fauroit en confcience dans cette difpofition confeffer la mort de Jesus-Chrift ni renoncer à Mahomet : mais il ne laiffe

pas de commettre un crime par le refus qu'il fait de cette confeffion, & fe culte qu'il rend à Mahomet.

par

Un Athée même qui ne croiroit pas en Dieu, ne pourroit en confcience faire profeffion qu'il y croit, parce que la loi éternelle défend de témoigner au dehors ce qu'on n'a pas dans le

cœur.

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