tificieuse politique des Romains, il » ne se plaint jamais; jamais il ne cher- 1652, » che à attendrir le Spectateur; mais » la fermeté de fon courage, l'intrépi» dité avec laquelle il regarde la plus grande puiffance qui fut alors fur la » terre; les nobles railleries qu'il en » fait, lui gagnent plus les cœurs que >> ne feroient les plus douloureuses plaintes du monde ; & s'il ne faisoit quelquefois un peu trop le jeune » homme; ce feroit le plus beau ca» ractere qui fut fur la Scene; ce ca»ractere eft naturellement fi agréa»ble, qu'il ne laiffe pas de plaire, lors » même qu'il eft vicieux. » رو دو Après avoir rendu raison de la difpofition de fa Piéce & des changemens qu'il a fait à l'histoire, M. Corneille paffe à l'éxamen, & avoue qu'elle eft une de celles pour qui il fe fent plus d'amitié. « Auffi, ( ajoute-il) n'y remarquerai-je que le défaut de la fin qui va trop vîte ; & l'on peut même >>trouver quelque inégalité de mœurs en » Prufias & Flaminius, qui après avoir » pris la fuite fur la mer, s'avifent tout » d'un coup de rappeller leur courage, » & viennent fe ranger auprès de la »Reine Arfinoé, pour mourir avec دو 16520 » elle en la défendant. Flaminius y demeure en affez mauvaise posture, » voyant réunir toute la famille RoyaL le, malgré les foins qu'il avoit pris » de la diviser, & les inftructions qu'il » en avoit apportées de Rome, il s'y »voit enlever par Nicoméde, les af»fections de cette Reine & du Prince » Attale, qu'il avoit choifis pour inf »trumens à traverfer fa grandeur, & » semble n'être revenu que pour être » témoin du triomphe qu'il remporte » fur lui. » Aux premieres représentations de cette Tragédie, Prufias & Flaminius ne paroiffoient pas au dénouement. Nicomede temoignoit feulement à fa belle-mere le déplaifir qu'il avoit de ce que la fuite du Roy ne lui permettoit pas de lui rendre fes obéiflances; cela ne démentoit pas le fait Hif torique, puifqu'il laiffoit fa mort en incertitude. Mais le goût des Spectateurs accoutumés à voir tous les perfonnages raffemblés à la conclufion de cette forte de Poëme, fut caufe, dit M. Corneille, de ce changement « où je » me réfolus, ( continue-il, ) pour leur » donner plus de fatisfaction bien qu'avec moins de régularité. Quoique ce Poëme ne foit pas auffi parfait que plufieurs du même Auteur 1652. qui l'ont précédé : cependant le fublime des fentimens du principal per fonnage, & cette forte de verfifica tion particuliere à cette Tragédie, & qu'on ne trouve point ailleurs, éblouit & fait difparoître une partie de fes défauts. Nous ne pouvons cependant finir cet article, que par la réfléxion fenfée & délicate que M. de Fontenelle fait fur le rôle de Nicomede. دو « Le Héros ne doit jamais avoir Réfléxion » tort, & il faut lui en épargner juf- fur la poëtique du Théa» ques à la moindre apparence; s'il y cre: Seation a un mauvais côté, c'est au Poëte à 42. » le cacher, & à peindre fon visage » de profil. Il faut montrer Alexandre vainqueur de la terre, mais non pas »> yvrogne & cruel. M. Corneille a pé>> ché contre cette régle, quoique d'une » maniere affez peu fenfible : Nicome» de, dont le caractere eft très-noble, » & d'une fierté très-aimable, brave » fans ceffe & infulte Attale fon jeu»ne frere, & par conféquent en don>> ne fort mauvaise opinion au Specta»teur, qui eft affez difpofé à fuivre » le fentiment du Héros, quand il »l'aime cependant à la fin, Attale 1652. fait une action de générofité, qui » tire Nicomede lui-même d'un grand péril; on eft fâché que Nicomede ait » fi mal connu Attale, & qu'il ait eu » tant de mépris pour un homme, qui » le méritoit fi peu; de plus, c'est une efpéce de honte pour Nicomede, que » d'être tiré d'affaire par celui dont il » faifoit fi peu de cas; il faut compter » que le Spectateur aime le Héros avec délicateffe, & que la moindre chose qui bleffe l'idée qu'il en a conçue, » fait une impreffion défagréable. » lui DOM JAPHET D'ARMENIE, COMEDIE PAR M. SCARRO N. O N auroit tort de vouloir éxami→ ner cette Piéce du côté de l'intrigue. On voit affez qu'elle n'en a point, & que le peu qu'elle en préfente, n'eft que pour fe conformer aux ufages du Théatre qui l'éxigent absolument, & avoir occafion d'introduire le principal perfonnage. D'ailleurs l'o riginal de cette Comédie eft Efpagnol, on fçait que les Ouvrages Dramatiques de cette nation, brillent plus par l'efprit que par la conduite,& que M. Scarron, comme Traducteur, avoit plus de talent pour y ajouter des plaifanteries & du burlesque, que pour en corriger les défauts; ce n'eft que pour jouir du plaifir que peut faire un ridicule outré, qu'on va aux réprésentations de cette Piéce qui s'eft confervée fur la Scene, & non pour analifer les caracteres des perfonnes ou le plan, qu'on n'apperçoit prefque que par réfléxion. Le fujet eft cependant heureux & comique; nul n'étoit plus convenable, & ne laiffoit une plus libre carriere au génie de l'Auteur, naturellement porté au Burlesque: (a) les folies, (a) L'épître au Roy que M. Scarron a mis à la tête, ne l'eft pas moins dans fon genre. Comme elle est très-courte, & qu'elle fert à établir la date de l'Ouvrage, nous ne ferons aucune difficulté de la tranfcrire. AU ROY. SIRE, «Quelque bel efprit » qui auroit auffi bien 1652. |