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CHAPITRE V I.

Des Maladies des Potiers d'Etain.

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L'ETAIN que Pline appelle le plomb blanc, que les Chymiftes nomment Jupiter & qu'ils placent entre la Lune & Saturne, orne les tables de plufieurs citoyens, & fert aux Fondeurs pour faire les canons, les cloches, & tous les inftrumens en général qui font fabriqués avec des mêlanges de métaux. Les Chymiftes préparent, avec ce métal, différens remedes utiles dans quelques maladies, tels que le beurre, les cryftaux d'étain, le bézoardique jovial, & plufieurs autres (1).

La chaux blanche d'étain entre auffi

dans la compofition de l'anti-he&tique de la

Poterie& du kilium de Paracelfe. Ces reme-
des & to ceux que fournit l'étain, font fort
peu ufités
Médecine; la plus ou moins
grande quant d'arfenic que contient ce
demi-métal, do.
tions fufpectes. Sirendre toutes fes prépara-
omme nous l'avons déjà
dit, pag. 63, les vai
dans les ufages domef d'étain peuvent nuire
à craindre de ce poifones, que n'a-t-on pas
intérieurement comme mearfqu'on le donne

rent?

Les

Les Ouvriers qui retirent l'étain hors de la terre, ceux qui grillent fa mine, & ceux qui l'affinent, ne font pas les feuls qu'il affecte dangereufement. Il nuit encore aux Ouvriers des villes qui fondent les plats, les affiettes, & à ceux qui les regrattent & les poliffent (1). Les Potiers d'étain font fujets aux mêmes maladies que les Ouvriers en plomb & les Potiers de terre: comme le métal qu'ils travaillent eft compofé de mercure & d'un foufre très-âcre (2), ils avalent,

1) Il y a bien plus de danger pour les premiers que pour les derniers. L'étain en fufion répand des vapeurs arfénicales, très-dangereufes pour ceux qui les refpirent. Les Potiers d'étain doivent prendre beaucoup de précautions pour les éviter une cheminée vafte fous laquelle on fond, & affez large pour contenir leurs différentes chaudieres; une fenêtre, ou une porte oppofée à cette cheminée, leur feront très-utiles. Ils auront foin auffi de détourner la tête, lorsqu'ils jettent leur étain dans les moules.

(2) La maniere dont Ramazziui énonce la compofition de l'étain, eft fort obfcure, & tient beaucoup de la Chymie ancienne; le mot mercure fignifieroit-il la terre mercurielle de Beccher? Mais les Chymiftes ne l'admettent que dans l'argent, le plomb, l'arfenic & le mercure la volatilité de la liqueur fumante de Libavius prouveroit-elle l'existence de cette

D.

en le fondant, les vapeurs pernicienses qui s'en élevent.

Ermuller (a) rapporte l'hiftoire d'un Potier d'étain, qui eft très-curieufe. Cet Ouvrier réveillé, au milieu de la nuit, par une toux convulfive, un mal-aife incommode, & une oppreffion vive, se levoit de fon lit, ouvroit fes fenêtres, refpiroit l'air frais, & erroit dans toute la maifon jufqu'à la pointe du jour heure à laquelle ceffoient tous ces accidens. Ermuller, en Médecin habile, attribue la caufe de cette maladie nocturne aux fumées mercurielles qu'il avoit avalées. Il admet dans l'étain une grande quantité d'antimoine volatil, qui, mêlé avec le nitre, acquiert la propriété fulminante (1). Il rapporte cette efpece

terre dans l'étain; ou bien eft-ce fimplement une expreffion vague, comme celle du mercure des Philofophes, que les Alchymiftes employoient ? Nous ferions volontiers de cette derniere opinion, d'autant plus que la Chymie, du temps de Ramazzini, étoit encore en partie, de ce voile épais qui lä cachoit au vulgaire, & peut-être aux Chymiftes eux-mêmes.

couverte,

(a) Colleg. confultat., caf. 17,

(1) Après avoir traduit littéralement ce paffage, nous confultâmes Etmuller pour l'éclaircir, Nous trouvâmes d'abord l'hiftoire du

d'afthme aux affections convulfives, & il regarde comme fa caufe prochaine & immédiate, le fpafme & l'irritation d'un plexus nerveux, qui empêchoit l'expanfion des poumons.

Ces Artifans font affez communs dans les villes; &, dès qu'ils ont befoin du fecours de la Médecine, ils doivent être traités comme tous les autres Ouvriers en métaux. Il faut d'abord avoir égard à

Potier d'étain la 20°., tandis que Ramazzini cite la 17a. ; nous conclûmes que nous avions entre les mains une autre édition que celle que Ramazzini avoit eue. En outre, au lieu de fumées mercurielles, nous lumes gas metallicum; ; au lieu de antimoine volatil, fulphur metallica quidem profapia, fed tamen valde volatile exiftens; & enfin, pour quod cum nitro mixtum,vim fulminantem adfciffit, cette phrafe analogue, mais bien plus claire, fi enim ra fura ftanni mifcetur cum nitro, ftrepitum quafi pulveris pyrii edit. Il eft donc clair qu'Etmuller a attribué l'athme convulfif de cet Ouvrier aux fumées fulfureufes & non mercurielles dé l'étain qu'il avoir fondu; & que pour prouver l'existence du foufre dans l'étain, il a rapporté l'expérience de la détonnation du nitre par ce métal. Il eft clair aufi que le mot fulphur, dans cet endroit, fignifie fimplement phlogistique. Etmuller rapporte aufli la caufe éloignée de cet afthme aux fumées du char bon, carbonum gas, que les Ouvriers en étain respirent dans leurs travaux,

leur poitrine, comme au premier fiege de la maladie; car ils fe plaignent principalement de difficultés de refpirer & d'étouffemens. On les guérira comme ceux qui ont l'asthme des montagnes; on éloignera tous les remedes defféchans on emploiera, par préférence, le beurre, le lait, les émulfions d'amandes & de femences froides, la tifane d'orge, & les autres adouciffans & tempérans de cette claffe.

;

On pourra auffi leur adminiftrer les remedes joviaux ci-deffus énoncés, principalement l'anti- hectique de Potier, qu'on prépare avec le régule d'antimoine & l'étain; & on fe reffouviendra que les maux produits par les métaux, fe guériffent très bien par les remedes métalliques.

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