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à la sûreté effective de la propriété mobiliere. Toutes les richeffes quelconques d'une Nation font donc fugitives, puifque ce n'eft qu'une maniere d'être qui n'a d'adhérence aux biens fonds par des caufes extérieures qui peuven aifément être livrées à l'erreur ou à la rapine.

que

Les richeffes mobilieres qui répondent aux befoins que nous appellons d'opinion, n'en ont pas moins un prix foncier relatif à la valeur de la matiere & du travail qui font entrés dans leur compofition; mais leur prix réel est néanmoins d'opinion, en ce que les hommes peuvent fubfifter fans cela, & que, fans la convention des hommes, ces richeffes perdroient même la qualité de biens. Telles furent la Bibliotheque d'Alexandrie dans les mains des Sarafins, & les diamants du Duc de Bourgogne dans celles des Suiffes. Les richesles mobilieres d'une Nation dépendent donc non

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les

feulement de fa civilifation, mais encore de celle de fes voisins. Les befoins d'opinion font fufceptibles d'une extenfion individuelle, & les befoins naturels n'en peuvent trouver que dans celle de l'efpece : je me fais besoin d'une maison de Ville & d'une de Campagne, mais je ne puis avoir befoin de dîner deux fois; mais il n'eft pas moins vrai que befoins d'opinion font dans l'abfolue dépendance des befoins naturels, il faut que j'aie dîné pour me plaire à un concert c'est de la quotité des richelles foncieres que dépend celle des richesses mobilieres. Quelques grimaces de luxe femblent démentir ce principe, mais fes évaluations paffageres & mobiles n'ont lieu qu'entre un petit nombre de riches, effet & caufes de la ruine publique. Portez dans les Provinces d'une Nation pauvre, les affiquets prifés par le luxe dans fa capitale, ils n'y trouveront pas d'acheteurs une Nation ne peut en un

mot fe procurer un fuperflu de jouiffances que par un fuperflu de revenus : ainfi une Nation ne peut avoir de richesses mobilieres qu'au prorata de fes revenus : tels font les rapports des dépenfes avec les richeffes mobiliaires d'une Nation.

L'argent ne peut être regardé que comme une richeffe qui s'acquiert par d'autres richeffes; perfonne ne reçoit de largent qu'en échange de quelqu'autre chofe, l'argent n'eft utile qu'autant qu'il rend richesse pour richeffe : l'argent ne peut donc enrichir une Nation, puifqu'il coute autant qu'il vaur, & qu'il ne rend

que ce qu'il vaut; il ny a dans tout cela qu échange & point de production, point de richeffe renaissante, point de profit: ayez toujours de quoi vendre, vous aurez toujours de l'argent. Quelqu'abondante que für la richeffe pécuniaire en Europe, nous n'en ferions pas plus riches en argent fi nous n'avions pas de productions à vendre, ou fi une

police déreglée faifoit tomber nos productions en nonvaleur. Si vous avez beaucoup de productions à bon prix, & un commerce libre, vous aurez auffi une grande quantité d'argent pour les befoins de l'Etat, & pour acheter des richesses plus profitables & plus fatisfaifantes que l'argent; mais on s'en tient à vouloir acquérir l'argent, fans fonger que l'argent est une marchandise étrangere qu'il faut acheter; que fi l'on tient fes denrées à bas prix, on achete par échange l'argent fort cher, tandis qu'on vend fort bon marché fon argent à l'étranger dans les achats qu'on fait chez lui; l'argent n'eft pas recherché comme wétal, or comme numéraire il n'y en a jamais dans un Etat que ce qui est en circulation ; la circulation est toujours au niveau des dépenfes, puifqu'il n'y a qu'elles qui le mettent en mouvement. Les dépenfes circulantes ne peuvent être qu'au niveau des revenus, puifqu'il

n'y a que l'emploi des revenus qui foit dépenfes circulantes: il n'y a donc jamais d'argent dans un Etat qu'autant qu'il y a de revenus : le reste qui féjourne dans des caves ou des coffres-forts, n'en fortira que pour être prêté à ufure comine on le feroit à fon pire ennemi, & comme on le trouvera chez fon pire ennemi.

L'argent eft donc marchandise, or les menues & fauffes fpéculations de préférence d'une forte de marchandise fur l'autre, ne font pas dignes des Gouvernemens quelconques; leur objet doit être de protéger par tout lordre naturel, & de veiller à ce que rien ne s'oppose à fa marche préordonnée, & prefcrite par les loix mêmes du mouvement: par elles, par ces faintes Loix, les dépenfes de confommation s'arrangent de maniere qu'elles montent toujours au niveau des productions:: le travail s'accroît en proportion, la réproduction, fruit du travail, furpaffe le taux des dépenses précédentes, & crée

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