l'idée de cet objet: quel eft le mé. chanisme par lequel cette fenfation eft opérée? Le voici. Entre la fleur & votre oil, il y a un corps fluide que vous ne pouvez appercevoir. C'est une matiere très - fubtile qui eft dans un mouvement continuel; elle heurte les furfaces de tous les corps, & en eft réfléchie. Une portion de cette matiere réfléchie par la furface de cette fleur, parvient à votre œil; elle entre par la prunelle, & va porter fon impreffion fur un nerf dont les filets épanouis for ment une espece de toile qui tapis◄ fe le fond de l'œil; c'est ce qu'on appelle la rétine. Ces filets nerveux, comme nous l'avons remarqué, font remplis d'un fluide spiritueux. Que doit donc opérer fur eux cette matiere qui étant réfléchie de la furface de la fleur, va les frapper?

elle doit les comprimer. Mais peutelle les comprimer fans diminuer le diametre de ces tuyaux nerveux qui contenoient les efprits? non, fans doute. Que doit-il donc en réfulter? il faut que ces efprits refluent vers l'autre extrémité du nerf, & qu'ils s'échappent par l'ouverture qui fe trouve à leur naiffance: il faut encore, que fi ces efprits rencontrent à leur fortie quelques filets nerveux, ils les heurtent, les ébranlent, & les faffent trémouffer. Voilà, Madame, tout ce qui fe passe dans notre cerveau à l'occasion d'un objet visible; & c'est en conféquence de ce dernier trémouffement des fibres du cerveau, que l'ame eft affectée: c'est ainsi qu'elle voit les objets, qu'elle en acquiert l'idée.

Ce que nous avons dit d'une fleur doit être appliqué à tout ce qui est

vifible, c'est toujours un fluide ré fléchi, qui comprime les filets du nerf épanoui au fond de l'oeil, ce font des efprits refluans vers le cerveau qui ébranlent & font trémouffer les filets nerveux qu'ils trouvent à leur paffage mais tous les objets fontils la même impression? Non, Madame, cette matiere fubtile eft différemment réfléchie felon la diverfité des furfaces des corps. Leur grandeur, leur figure, leur couleur, lui donnent différentes modifications cette matiere fubtile diversement refléchie porte fon impreffion fur différens filets de la rétine, elle les comprime avec plus ou moins de force, & elle en comprime un nombre plus ou moins grand; il en arrive que les efprits qui refluent vers le cerveau par divers filets nerveux & qui s'échappent

par

pár différens points, rencontrent à leur paffage, & font trémouffer différens filets, femblables aux fautereaux du clavecin, qui pincent différentes cordes, felon la touche fur laquelle la main a été appliquée. C'est ainfi que notre ame diftingue un objet d'un autre objet, felon la fibre du cerveau qui a été ébranlée, comme vous diftinguez un fon d'un autre fon, felon la corde du clavecin qui a été pincée. L'ame ne peut confondre deux objets différens entre eux ; chacun d'eux fait dans le cerveau fon impreffion particuliere, & cette impreffion ne peut fe renouveller qu'à l'occafion du même objet, ou d'un autre qui ait avec le premier une exacte reffemblance.

C'est par ce méchanisme, Ma

dame, que notre ame ap apperçoit

tous les objets qui nous environnent; & fi le befoin de les connoître fous différens rapports a exigé que notre corps eût différens organes pour en recevoir les diverfes impreffions, toutes ces impreffions fe terminent à un ébranlement des filets nerveux dans le cerveau. Les corps fonores ébranlent l'air, cet air ébranlé vient frapper une cloifon qui eft placée au fond de nos oreilles ; & par un méchanisme dépendant de l'arrangement des parties de cet organe, les nerfs en sont comprimés, les efprits refluent les fibres du cerveau font ébranlées. Il en eft de même de l'odorat. Les parties qui exhalent des corps odorans font portées par l'air jufques à une membrane très-délicate qui tapiffe l'intérieur du nez. Les filets nerveux qui font parfemés dans cet