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tems embraffé fans pouvoir proferer une parole. Enfin, l'usage de la voix lui étant rendu, il le releva, & le tenant toûjours dans fes bras: Ah! mon fils, lui dit-il, mon cher Dom Alvare, que vous m'avez coûté de pleurs! Dom Alvare, joignant à fes autres vertus un refpect profond, & une vive tendreffe pour pere, ne fut pas moins fenfible que lui au plai-. fir de le revoir. Il l'exprima dans des termes fi forts & fi touchans, que ce grand homme en fentit augmenter l'amour paternel.

fon

Enfin, faifant tréve aux tranfports que cette joye leur causoit, ils fongerent à s'informer de ce qui touchoit leurs cœurs, Dom Alvare de la Ducheffe fa mere & de Dona Elvire fa fœur ; & le Duc, du fujet de fa longue abfence.Dom Alvare l'inftruifit fuccintement de ce qu'il avoit fait à Za

hara, de fon efclavage, de fon combat avec Abenamard, & des bontés de la Reine de Grenade, auffi-bien que des fervices que lui avoient rendus le Prince Zéluma & le genereux Ofmin, defquels i exagéra les grandes qualités. Enfin, il ne lui cacha rien, excepté fon amour, dont il ne crut pas devoir lui parler fi-tôt, attendant une occafion favorable pour lui découvrir ces fecrets importans.

Le Duc lui fit entendre que dans le cours de cette guerre, il chercheroit à reconnoître les obligations qu'il avoit aux illuftres perfonnes qu'il venoit de lui nommer, se sentant porté à leur vouloir du bien, puifqu'elles avoient contribué à lui conferver un fils qui faifoit toute la joye. Il lui apprit à fon tour que la Reine étant à Jaën où elle prenoit foin dés chofes néceffaires à l'Armée,

la Ducheffe de l'Infantade, ainfi que Dona Elvire étoient avec elle, comme toutes les Dames de la Cour qui s'étotent fait une gloire de fuivre cette Princeffe. Je vous permetterai, continua-t-il, de leur aller faire part de ma joye, lorfque vous aurez falué le Roi. A ces mots le prenant par la main, il rentra chez ce Prince auquel il le prefenta, en lui racontant tout ce qu'il venoit d'apprendre, Ce Monarque le reçut avec une bonté extrême, & lui dit obligeamment que fon abfence ne lui avoit pas fait oublier les belles actions qu'il avoit fait à Zahara: enfuite il lui demanda dans quelle fituation étoient les efprits à Grenade? ce qu'il avoit pû découvrir des deffeins de Boadilly? quelles étoient fes forces & celles de cette importante ville? Dom Alvare, que fon amour

n'avoit

n'avoit pas empêché de s'inftruire de ce qui pouvoit être utile à fon Maître, lui répondit fi jufte, parla avec tant de prudence, & fit voir une connoiffance fi parfaite de ce qui concernoit les affaires de la Guerre & la politique du Gouvernement, que Ferdinand,qui fe connoiffoit en grands hommes, jugea dès-lors que celui-ci ne démentiroit pas le fang dont il fortoit. Après plufieurs autres difcours, Dom Alvare ayant demandé au Roi la permiffion d'aller à Jaën faluer la Reine, & l'ayant obtenu, il ne voulut point féjourner au Camp. A peine fut-il forti de chez le Roi, qu'il fe vit acueilli de tous les Seigneurs de fa Cour; chacun s'empreffant à l'envi de lui marquer fon eftime & le plaifir que donnoit fon retour. Quatre des plus qualifiés de cette jeuneffe

beliiqueufe qui fuivoit Ferdinand, fe détacherent de la foûle de ceux qui felicitoient Dom Alvare, pour l'accompagner jufqu'à Jaën. Quoique cette ville fût affez proche du Camp, il étoit nuit que Dom Alvare & fes amis étoient encore en chemin.

Comme ils traverfoient une plaine qui fépare Baëca de Jaën, ils virent un chariot dételé & entouré d'une troupe de gens à cheval. Nos jeunes guerriers s'avançant toûjours, entendirent bientôt la voix & les cris de quelques femmes qu'il paroiffoit qu'on vouloit contraindre à monter à che

val. Il n'en falut pas davantage "pour exciter Dom Alvare & les compagnons à prendre leur défenfe; ils doublerent le pas, & trouverent quelques foixante hommes à la tête defquels, il y en avoit un qui tenoit déja une

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