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de ces Dames pour la mettre en croupe derriere lui. Dom Alvare & fes amis, avec quelques domeftiques qu'ils avoient amenés, mirent l'épée à la main, & fe rangerent du côté des perfonnes qu'on vouloit enlever. Le fils du Duc de l'Infantade fut d'abord à celui qui paroiffoit le Chef du Parti, & le féparant de la Dame qu'il tenoit Arrête, lui dit-il, ou prépare-toi à recevoir la mort. L'Inconnu furpris du fon de voix qui frappoit fon oreille, quitta fa prife, & fe tournant du côté de Dom Alvare: Hé d'où viens-tu, lui répondit-il, pour t'oppofer encore à mes deffeins?

Dom Alvåre à ces mots ayant reconnu Hali d'Aoub ne lui répondit qu'en lui criant de fe défendre. En effet il fe commença entr'eux un combat auffi fanglant qu'inégal, car malgré la valeur

de ces cinq genereux amis, ils ne pouvoient empêcher que plu fieurs ne les attaquaffent à la fois, mais enfin le Ciel fe déclara pour eux, & foûtenus de ceux qui accompagnoient le chariot, ils mirent en déroute les foixante Maures, en tuerent la plus grande partie; & le refte éperdu par la défaite d'Hali d'Aoub, que Dom Alvare avoit bleffé mortellement & mis hors de combat, chercha fon falut dans la fuite.

Quand les vainqueurs fe virent fans ennemis, ils s'avancerent où les Dames s'étoient retirées. Dom Alvare fut le premier à prendre la parole; mais à peine commença-t-il à parler, que la plus âgée de ces Dames s'écria: Qu'entends-je, ô Ciel ! feroit-il poffible que vous m'euffiez confervé Dom Alvare? Ce jeune guerrier reconnut aisément à ces

mots la Ducheffe fa mere; mais comme il étoit trop tard pour refter dans la campagne, il ne voulut point fe découvrir, & faifant avancer un de fes amis pour répondre à la Ducheffe, il le pria de ne lui rien dire de fon retour; il fit la même priere aux trois autrés & leurs gens ayant remis les chevaux au chariot, Dom Alvare, malgré plufieurs bleffures qu'il avoit reçuës, monta fur le fiége du cocher qui avoit été tué au commencement du combat.

Le Marquis d'Aquilar à qui il avoit dit de répondre pour lui s'avança, & faluant la Ducheffe : On voit bien, Madame, lui dit-il, que Dom Alvare eft le feul à qui vous fouhaiteriez devoir le fuccès de ce combat; mais fi vous n'avez pas cette fatisfaction, foyez du moins persuadée que nous avons combatu pour vous avec

le

le même zele & la même ardeur Comme ce difcours fe faifoit en marchant, la Ducheffe fe trouvant proche du chariot,n'eut que le tems de répondre au Marquis, par des remercimens, fur le fecours qu'elle en avoit reçu, priant d'excufer fi elle avoit donné fes premieres penfées à fon fils, qu'elle avoit cru entendre, mais qu'elle voyoit bien que fon imagination feule lui avoit caufé cette fauffe joye.

Enfin, ayant remonté dans fon chariot avec les Dames de fa compagnie, entre lefquelles étoit Dona Elvire, elle raconta aux Cavaliers qui les accompagnerent jufqu'à Jaën, que ne craignant point de furprise fi près de l'Armée, qu'elle avoit fait deffein d'aller au Camp avec fa fille & les Dames qui étoient avec elle; que le tems leur avoit paru fi

beau, qu'elles étoient defcenduës pour prendre l'air avec plus de plaifir, qu'elles avoient marché long-tems; & que voyant le foleil prêt à fe retirer, elles avoient voulu remonter en chariot, lorfqu'un gros de Cavalerie s'étoit offert à leurs yeux ; que ne les voyant que de loin, elles avoient crû que c'étoit quelques Officiers qui venoient à Jaën, & que dans cette penfée, elles ne s'étoient pas preffées de partir ; mais que les ayant reconnu pour ennemis, la frayeur les avoit prife; que ceJui qui étoit à la tête de ce Parti s'étoit avancé pour la contraindre à monter à cheval, & que les autres en alloient faire autant à fa compagnie, lorsqu'ils étoient

arrivés à leur fecours.

En finiffant ce récit, ils fe trouverent dans Jaën. La Ducheffe fit arrêter chez elle; & Dom Al

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