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trerent en triomphe dans Lucéna avec leurs illuftres prifonniers, pour y attendre les ordres des Rois Ferdinand & Isabelle, qui s'étoient retirés à Cordouë. Le fils du Duc de l'Infantade voulut que Zéluma logeât avec lui: Boadilly fut mis fous une forte garde; mais il fut toûjours traité en Roi. Quoique le Prince de Grenade fût vivement touché du malheur de fa Patrie, il ne put fe défendre d'être sensible à l'efpoir de revoir Dona Elvire. Dom Alvare l'entretenoit dans cette penfée, & lui faifoit connoître que la chute de l'Empire de Grenade étoit le feul moyen d'avancer fon bonheur. Il lui apprit la naiffance d'Ofmin & la facilité qu'il avoit trouvé dans l'efprit de la Ducheffe fa mere, à confentir à fon union avec Almoradine ainfi, mon cher Zéluma, lui

dit-il,nous devons efperer de ne pas trouver plus d'obstacles à notre felicité,que le Prince Alonze enrencontrera à la fienne,puifque ma fœcur obéira avec joye, & que vous me flatez que ma Princeffe ne m'a pas oublié. N'en doutez point, lui répondit Zéluma, vous êtes auffi tendrement aimé que vous le pouvez fouhaiter, & j'oublirois facilement un Empire où je pouvois prétendre, fi je croyois que l'incomparable Elvire eût pour moi les fentimens

lime a pour vous.

que Fé

C'étoit ainfi que ces deux illuftres amis s'efforçoient de chaf fer la crainte inféparable de l'amour parfait. Mais tandis qu'ils s'occupoient de leur paffion, les Rois de Caftille voulant déliberer fur ce qu'ils feroient de Boadilly, manderent le Comte de Cabra, Ponce de Leon, Dom

pour

Alvare & le Marquis d'Aguilar affifter au Confeil general que Ferdinand refolut de tenir. fur les loix qu'il prétendoit impofer à Boadilly. Dom Alvare mena avec lui le Prince de Grenade, pour le présenter au Duc de l'Infantade: & Boadilly ainfi que les autres prifonniers furent conduits à Cordoue, pour y attendre ce que les Rois de Caftille ordonneroient de leur fort.

Dom Alvare ne fut pas plûtôt arrivé, qu'il présenta le Prince de Grenade au Duc fon pere. Cet illuftre Seigneur le reçut avec tous les honneurs que demandoit fon rang & fon mérite; il le remercia dans les termes les plus forts, des fervices qu'il avoit rendus à fon fils à Grenade; enfin, Seigneur, continua-t-il, foyez perfuadé que je chercherai avec empreffement l'occafion de vous

marquer ma recon noiffance & l'eftime que je fais de vos vertus. Zéluma, qui regardoit le Duc de l'Infantade comme le pere de celle qu'il adoroit, plûtôt que comme ennemi, répondit avec tant de grandeur d'ame aux offres de Dom Alphonfe, qu'il lui fit fouhaiter d'avoir ce Prince dans le parti de Ferdinand: Il en parla à Dom Alvare lorsqu'il fe vit feul avec lui, & lui ayant demandé s'il n'avoit pas affez de pouvoir fur le Prince de Grenade, pour lui perfuader de changer de Religion & de reconnoître Ferdinand pour fon Roi: Dom Alvare, voyant le moment propice pour lui découvrir les fecrets de fon cœur, ne balança point à en profiter.

Vous avez feul, Seigneur, lui dit-il, les moyens affurés pour retenir Zeluma, & pour honorer le

triomphe de nos Rois de deux perfonnes auffi confiderables que lui. Ce difcours ayant excité la curiofité du Duc, il en demanda l'explication avec empreffement. Alors Dom Avare fejettant à fes pieds, lui avoüa les engagemens qu'ils avoient pris Zéluma & lui, & quelques efforts que fît Alphonfe pour le faire relever, il voulut continuer fon récit & attendre fon arrêt dans cette pofture. L'amour d'Ofmin & d'Almoradine n'y fur pas oublié le ; nom & les interêts fecrets de la Reine de Grenade, qu'il mêla avec adreffe dans fon difcours > l'ardeur avec laquelle il dépeignit la paffion repectueuse de Žéluma pour Elvire, & la violence de la fienne pour Félime, ayant tiré quelques marques de tendreffe du Duc de l'Infantade, il continua ainfi en lui embraffant les genoux.

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