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verneur du Fort des Tours ver meilles de quel parti il étoit. Abdelec, qui fe voyoit à regret à la tête des Abinferages contre ion Maître & fon Roi, employa fur eux tout le pouvoir qu'ils lui avoient donné pour les obliger à recevoir Boadilly, mais il n'en fut pas le maître ; & quelque fût fa generofité; il fut contraint de répondre qu'il falloit qu'ils fuffent vaincus pour recevoir des loix.

Cette efpece de reproche irritâ Boadilly, qui fe refolut de combattre. Pour Ofmin il envoya dire à ce Prince que tous ceux de la Fortereffe lui étoient foumis, & qu'il les en feroit sortir pour fe joindre à lui auffi tôt qu'il l'ordonneroit. Cependant Dom Sanche ayant fuivi les Envoyés de Boadilly auprès d'Ofmin, entra avec eux dans le Fort; & lorf

qu'il les eut fait retourner vers ce Monarque, il se presenta à lui de la part de Dom Alvare & de Zéluma.

Ce Prince le reçut avec joye; & l'ayant conduit dans fon appartement pour être en liberté, Dom Sanche , que la reffemblance d'Ofmin avec le feu Duc de Bragance avoit frappée, ne put contraindre fon zele, & fe jettant à fes pieds: Ah, Seigneur! lui ditil, ah, mon Prince .... Ses larmes l'empêchant de continuer donnerent le tems à Ofmin de le faire relever, & furpris de ces paroles: Ne vous trompez-vous point, lui dit-il en le regardant attentivement, & me connoiffezvous? Ouy, Seigneur, lui répondit le Portugais, vous êtes le genereux Ofmin, l'ami de Dom Alvare, & le fils du plus grand & du plus malheureux Prince de la ter

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re. A ces mots voyant redoubler fon étonnement, il lui prefenta les lettres de la Ducheffe de l'Infantade & de Dom Alvare. Il les prit avec empreffement; & celle de Dom Alvare s'étant offerte la premiere, il l'ouvrit, & y lut ces paroles.

LETTR E.

Dom Alvare de Mendoce, aur
Prince Dom Alonze
de Portugal.

J

'Ai cru, Seigneur, ne pouvoir mieux reconnoitre ce que je vous dois, qu'en vous inftrui fant du haut rang où vous estes né, & que vos vertus vous font fi bien meriter. L'eftime &l'amitié que vous fiftes naître dans mon cœur est à prefent accompagnée du refpect que je dois au fils du Duc de Bragance. Le Gentil

homme

homme

que vous envoye la Ducheffe

ma mere, vous inftruira de toutes chofes, en vous affurant que je conServe en Espagne pour le Prince Dom Alonze, l'attachement inviolable que j'avois promis à Grenade au genereux ofmin.

DOM ALVARE DE MENDOce.

Après cette lecture, Osmin ouvrit la lettre de la Duchefle, qui étoit conçuë en ces termes.

LETTRE.

La Ducheffe de l'Infantade, au Prince Dom Alonze.

S

'Il est vrai, Seigneur, que le Ciel m'ait confervé un frere en vous, comme je n'en doute point par tout ce que m'a dit mon fils, & par les preffentimens de mon cœur ; ne retardez pas la joye que nous donnera Z

votre préfence, & venez au plûtôt dans le fein d'une famille qui vous aime ardamment,goûter des douceurs que notre malheur & le vôtre vous ont fait ignorer; ne refufez pas cette confolation à ELEONORE, Ducheffe de l'Infantade.

Ces deux Lettres produifirent l'effet que Dom Sanche en attendoit; Ofmin s'attendrit, & regardant le Portugais: Ce que j'apprend, lui dit-il, eft-il fi bien vrai, & feroit-il poffible que la proximité du fang ait eu part aux tendres mouvemens que Dom Alvare m'a infpiré ? Il n'en faudroit point d'autres preuves, Seigneur, lui dit Dom Sanche, que votre parfaite reffemblance avec le feu Duc de Bragance; mais pour vous en convaincre, regardez cette boëte, dit-il en lui prefentant celle qu'il avoit reçûë de

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