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ainement le parti contraire voulut empêcher leur marche, ils vainquirent tout ce qui s'oppofoit à leur paffage,& le vaillant Alonze fûr de l'absence d'Abdelec, donnant la mort à chaque coup qu'il portoit, conduifit Boadilly triomphant jufqu'à la Place de l'Alembre. Les portes du Palais furent ouvertes à l'inftant pour y recevoir ce Prince, qui, étant à la fois & vainqueur & vaincu, efclave & Roi tout enfemble, y fut reçu avec plus de pitié que de joye.

Mais après qu'on eut donné. les premiers mouvemens aux ordres neceffaires à la fureté de l'Alembre, la Reine s'étant retirée dans fon appartement avec les Princeffes, Alonze lui rendit un compte fidele des changemens de fa condition, & de celui de l'état de Grenade. Il lui remit les

lettres que Dom Sanche lui avoit donné; & tandis que Félime & elle s'occuperent à les lire, il entretint Almoradine d'une maniere à lui faire connoître qu'il étoit auffi parfait Amant, que vaillant Guerrier. Elle fut fenfible à ce qu'il avoit fait avec Abdelec ; elle l'en remercia tendrement, & laiffa entrevoir qu'elle fuivroit avec joye Félime en Efpagne, fi ce Prince y confentoit. Cependant la Reine ayant achevé de lire, fe tournant du côté d'Almoradine en lui préfentant fa lettre, & celle de la Princefle de Grenade: Vous avez trop de part à ceci, lui dit-elle, pour que vous n'en faffiez par la lecture. Almoradine les prit en baisant la main de cette Princeffe, & trouva dans la premiere ces paroles.

LETTR E.

Le Prince Zéluma à la Reine de Grenade.

V Os fouhaits font accomplis,

Madame, je refte en Espagne

pour en fuivre les loix divines & humaines. F'efpere que votre, vertu ne fera pas moins d'effet fur le cœur de Félime. Fe fupplie votre Majesté de Tengager à venir, moins pour fervir d'otage de la parole du Roi de Grenade, que pour dégager celle quej'ai donnée au Duc de l'Infantade, qu'elle faivroit vos pieux fentimens. La Princeffe Almoradine trouvera dans le vaillant Ofmin, un Prince digne de l'attirer à notre parti ; Ainfi. Madame, c'eft de votre auguste main que nous attendons le fuccès de nos vœux. ZELUMA.

Almoradine lut enfuite ces

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mots dans la lettre de la Princelle de Grenade.

LETTR E.

Dom Alvare à la Princeffe

M

Félime.

On fort dépend de vous feule, Madame; mon bonheur eft certain fi vous y confentez. De grace, divine Princeffe, venez ratifier vos tendres promeffes, & rendez ma felicité parfaite,en portant la genereufe Almoradine à faire celle du Prince Dom Alonze. J'attends Mada me, avec une impatience auffigran de que mon amour, le moment fortuné qui doit vous offrir aux yeux du fidele Doм ALVARE.

Après que radine eut achevé de lire: Le Ciel, dit-elle à la Reine, ne m'a

la Princeffe Almo

point fait naître indigne de votre eftime, Madame, & ma foumiffion à fes decrets pourra vous le prouver. Soyez affurée que je Tuivrai fans honte le char des Rois de Caftille, fi le Prince Abdelec m'en donne la liberté. Almahide l'embraffa & la remercia de cette réfolution. Cependant comme le tems prefent ne permettoit pas de longs entretiens, le Prince Dom Alonze ne voulut pas differer à prendre congé de Boadilly, & le prier de lui laiffer conduire la Princesse de Grenade à Cordouë, la Reine s'étant chargée de parler pour Almoradine. Dans ce deffein Dom Alonze fut trouver le Roi; & l'ayant inftruit de fa naissance & de ce que fon devoir exigeoit de lui,il lui demanda avec refpect, pour récompenfe du fervice qu'il venoit de lui rendre, de lui don

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