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ner la liberté de partir. Boadilly,qui joignoit à fes mauvaifes qualités, un fond d'ingratitude qui augmentoit la haine publique pour lui, & qui prenoit des réfolutions conformes à fes indignes fentimens, rougit de colere à ce difcours; mais diffimulant ce qui fe paffoit dans fon cœur: Je fçai,dit-il à Dom Alonze, à quoi je me fuis engagé, & je vous ferai fçavoir demain la récompenfe que je vous prépare ; en attendant je vous ordonne de refter dans l'Alembre. A ces mots il le quita fans vouloir l'écouter davantage. Cette réponse, & l'air avec lequel elle fut prononcée, furprirent également le Prince ; il eut une peine extrême à contraindre fon reffentiment; mais jugeant bien qu'il feroit un éclat inutile,il fortit le défefpoir dans l'ame.

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L'ordre qu'il avoit de rester dans le Palais, l'obligea à envoyer chercher Dom Sanche aux Tours vermeilles portée de le faire partir fans lui S'il le falloit. Cependant le parti des Abinferages irrité d'être abandonné d'Abdelec qui s'étoit retiré au Château de l'Albifain, & de n'avoir pû défendre l'entrée de Boadilly dans l'Alembre, faifoit un ravage horrible dans la ville. Il ne pouvoit fortir perfonne de confideration du Palais, qu'il ne fût contraint de livrer un combat, & le retour du Roi de Grenade, fembla avoir augmenté l'horreur & le carnage.

Dans cette perplexité, ce Prince envoya chercher Almanfor, qui, fe trouvant comme lui dans. l'intention de retenir fa fille, & dans un courroux terrible de ce que Zéluma avoit consenti à ref

ter en Espagne, prit avec lui la réfolution de faite publier un Manifeste au nom de Boadilly, par lequel il affùroit fon peuple & les Grands de l'Etat, qu'il n'avoit accepté les conditions qu'on lui avoit impofées, que pour fe voir en liberté de ne les pas tenir; que pour leur prouver qu'il ne les vouloit pas affujettir à une puiffance étrangere, il les conjuroit de fe réunir pour l'aider à chaffer l'ennemi des portes de Grenade, & à foûtenir un Trône que leur feule divifion rendoit chancelant;& que pour marquer encore la fincerité de fes intentions, il leur promettoit de ne point envoyer les ôtages, & retenir dans un étroite prifon un Prince Espagnol que le hafard avoit mis fous fa puiffance. ( Ils ne voulurent point nommer Of min, fçachant combien il étoit ai

mé, & craignant que cela n'irritât au lieu d'adoucir. )

Tout ceci conclu & refolu, Boadilly fit arrêter & garder foigneufement Dom Alonze, & fit crier dans toute la Ville fes mauvaises intentions, avec défense à qui que ce fût de fortir de Gre nade, fous peine de la vie. La prifon de Dom Alonze, & la publication du manquement de foi de Boadilly, mirent une confternation generale dans le Palais : la Reine & les Princeffes étoient inconfolables, la plus grande partie de la ville blâma le Roi de Grenade, & prévit avec douleur les malheurs qu'il lui alloit procurer; & les Abinferages, fans en être moins acharnés à fa perte, l'en mépriferent davantage.

La Reine Almahide, qui fongeoit à tout ce qui pouvoit terminer promptement tant de trou

ble,

ble, trouva le moyen de faire venir Dom Sanche & de lui donner ceux de pouvoir fortir de la ville: quoiqu'elle ne l'inftruist qu'en tumulte, elle lui en dit affez pour qu'il ne negligeât rien de ce qui pouvoit contribuer à la liberté d'Alonze. Les Princeffes n'eurent pas le tems d'écrire, elles le chargerent de bouche de tout ce qu'il devoit dire de leur part à Zéluma & à Dom Alvare ; & conduit par les guides fideles que la Reine lui donna il partit & prit le chemin de Cordoue où la Cour étoit encore.

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Sa commiffion étoit trop importante, & le tems étoit trop cher, pour qu'il ne fît pas une prompte diligence. Il arriva à Cordoue comme les Rois étoient déja inftruits par leur intelligences fecrettes à Grenade de ce qu'avoit fait Boadilly. Dom AlA a

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