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trer chez elle à toutes les heures du jour. Il courut chez la Princefle fa fœur, pour fçavoir fi elle ne fçavoit rien de ce que lui vouloit Almahide; mais fuivant ce qu'elles s'étoient promifes, elle affûra Zéluma qu'elle ignoroit que la Reine eût quelque chofe à lui dire. Ainfi il fe vit contraint d'attendre jufqu'au lendemain pour en être inf

truit.

- Dom Alvare attendoit encore plus impatiamment que Zéluma, le moment fortuné où il devoit fe faire connoître ; & jamais nuit ne lui parut fi longue que celle qui préceda ce grand jour. Il vint enfin, ce jour heureux, & cet illuftre esclave fe rendit au Palais de l'Alembre avec toutes les idées qui accompagnent ordinairement les par

faits amans.

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La Reine, la Princeffe de Grenade & Zéluma fe promenoient déja dans le bois des trois Fontaines. Zéluma qui venoit d'être inftruit qu'on ne l'avoit mené en ce lieu, que pour voir un homme qui lui apportoit des nouvelles de Dom Alvare, en pardans loit à la Reine & à Félime, des termes qui exprimoient vilui. vement fon amitié pour Joraé cependant les ayant apperçû, s'avança avec précipitation; & lorfqu'il fut affez près de la Reine pour en être reconnu, il fe jetta à fes pieds & fe baiffa profondément, autant pour se cacher encore à Zéluma, que par refpect pour cette Princeffe ; mais lorfqu'il fe fut relevé, Zéluma n'écoutant que les premiers mouvemens de fa tendreffe, courut à lui les bras ouverts. Ah mon cher Dom Alvare!dit-il, en l'em

braffant, en croirai-je mes yeux, eft-ce bien vous que je revois ? Oui, Seigneur, lui répondit le fils du Duc de l'Infantade,c'eft Dom Alvare qui paroît devant vous; c'eft un ami fidel qui vient fçavoir fi vous lui avez confervé l'amitié que vous lui avez pro

mife.

A ces mots ils redoublerent leurs embraffemens, & Zéluma le prenant par la main, fetourna du côté de la Reine & de Félime, qui ne pouvoient revenir de leur étonnement. Madame dit ce Prince à Almahide, vous voyez l'illuftre Dom Alvare, & j'efpere que ce nom vous fera pardonner les tranfports que je viens de faire paroître. Zéluma n'eut pas plutôt nommé Dom Alvare, qu'il s'avança pour baifer la robe à cette Princeffe. Elle luitendit la main en le relevant

& le préfentant à Félime: Nous jugeâmes bien hier, lui dit-elle, que Joraé n'étoit pas ce qu'il vouloit paroître ; & fi Félime fuit mes fentimens, elle ne doit pas être infenfible à cet heureux changement. Je prends trop de part,Madame, lui répondit cette belle Princeffe, à la joye du Prince Zéluma, pour ne pas voir avec plaifir celui qui lui a fauvé la vie. Elle prononça ce peu de mots avec un feu dans les yeux, qui paffa jufqu'au cœur de Dom Alvare & qui l'affura d'une partie de fon bonheur. Il répondit à ce difcours obligeant, comme un homme qui avoit autant de modestie que de generofité.

Les Princeffes s'étant affifes au bord d'une fontaine, Dom Alváre & Zéluma fe tinrent debout devant elles, & la Reine regardant Joraé avec un fourire

charmant : Nous fçavons, lui ditelle, une partie de vos avantures, mais nous ignorons celle qui vous a conduit à Grenade; de grace inftruifez-nous-en, & nous avoüez ingénument fi l'amitié feule a caulé votre déguisement? J'avois deffein, Madame, lui répondit-il, de paroître devant votre Majefté, fous des marques plus glorieufes que celles que je porte; & quoique mon cœur foit entierement en ces lieux, j'avouerai avec fincerité que je ne dois mon efclavage qu'à la furprife de Zahara, & à l'ame intereffée du Capitaine Hali d'Aoub; mais Madame, je ne me plains plus de ma deftinée, puifqu'elle m'a fait voir l'illuftre Reine de Grenade, & les feules perfonnes de qui dépendent le bonheur de ma vie dit-il, en regardant Félime & Zé.

luma...

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