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mens de fa tendreffe en prononçant ces paroles, après avoir obligé Dom Alvareà fe relever: La Reine vous estime; Zéluma par le pour vous; mon cœur eft de concert avec eux: pouvez-vous douter de votre bonheur?

Il feroit difficile d'exprimer les transports de Dom Alvare à cet aveu charmant ; fon filence, fes foupirs, fes regards, fes difcours, enfin toutes les actions prouverent fa joye & l'ardeur dont il brûloit. Félime en rougit, Zélu ma en fut touché, & ces trois illuftres perfonnes firent entre elles une conversation auffi tendre que fpirituelle.

La Princeffe de Grenade devenuë plus hardie par la déclaration qu'elle venoit de faire, & encouragée par la présence du Prince fon frere, dévoila tous les replis de fon cœur dans cet entre

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tien ; & après avoir admiré la for ce de leur destinée, qui les avoit fait s'aimer fans fe connoître une réflexion fâcheufe ayant mis fur fon vifage les marques d'une trifteffe que la vue de Dom Alva. re en avoit chaffées. Helas! ditelle, nous nous abandonnons à la joye, & nous formons des projet de bonheur, dans le tems que tout s'affemble pour le troubler; Dom Alvare ne fonge pas qu'il n'eft point maître de fon fort, & que le mien doit bien-tôt me féparer de ce que j'ai de plus cher.

Ah! Madame, lui dit-il, quel le funefte idée faites-vous fucceder à celles qui font ma félicité ? mais divine Princeffe, continuat'il, quoique je dépende & d'un pere & d'un Roi, j'ofe vous affurer que le dernier a affez d'eftime pour le Duc de l'Infantade, pour lui tout accorder ; & que mon pe

re a trop de tendresse pour moi, pour ne pas approuver le glorieux choix que mon cœur a fait. Ainfi ce n'eft qu'à Grenade que

dois craindre de voir confondre le doux efpoir dont je m'étois flatté, puifqu'étant foumife aux volontés de Boadilly & d'Almenfor, vous ne ferez fans doute pas pour vous y fouftraire, les mêmes efforts que je ferois auprès d'Alphonfe & de Ferdinand, s'ils. avoient l'injustice de s'opposer à mon bonheur.

- Je ne vois pas, dit alors Zéluma, pourquoi vous cherchez Pun & l'autre à vous affliger inutile. ment. Le plaifir que j'ai eu à revoir Dom Alvare, m'a empêché de vous apprendre une nouvelle qui doit vous raffurer, puifqu'Almenfor me dit hier au foir

que, pour des raifons dont il m'inftruiroit, il avoit obtenu du Roi que

votre himen, dit-il en adreffant la parole à Félime, ne se feroit qu'après que le Siege de Grenade feroit terminé, & comme la divifion qui y regne me donne lieu de croire que nous ne refifterons pas aux forces des Rois de Caftille, je ne prévois point que le Prince de Fez vous foit fort redoutable.

Ce difcours raffura ces deux tendres Amans, & remit pour quelque tems la tranquillité dans leurs ames; cependant la Princeffe, craignant qu'un fi long entretien ne parût extraordinaire, fit confentir Zéluma & Dom Alvare à la laiffer retirer. Ce qu'elle fit après que cet illuftre Elclave eut obtenu d'elle la permiffion de la voir quelquefois en ce lieu.

Dom Alvare fe voyant feul avec le Prince de Grenade, ne voulut pas differer à lui faire con

noître qu'il fçavoit une partie de fon fecret, & le regardant avec tendreffe: Hé bien, mon cher Zéluma, lui dit-il, vous ferai-je inutile en Espagne, & ne puis-je y parler pour vous comme vous avez fait pour moi à Grenade? Zéluma changea de couleur à cette queftion: Hélas! vous pouvez tout, lui dit-il ; mais je crains, ... Non, non, interrompit Dom Alvare, vous n'avez rien à crain dre, & je trouve ma fœur trop heureuse d'avoir fçû vous plaire. Enfuice il lui apprit de quelle façon il avoit découvert fon amour. Enfin, continua-t-il, mon cher Zéluma, je vous promets que fi je puis revoir le Duc de l'Infantade, de ne travailler à mon bonheur qu'après avoir affuré le vôtre: ainfi confiez à mon amitié la naissance de votre amour & la caufe de votre déguisement en

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