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Efpagne. Je ne puis moins faire, lui répondit Zéluma, pour un ami qui vient de me conferver la vie pour la feconde fois.

Alors s'étant affis l'un & l'au-.. tre, Zéluma commença fon difcours en ces termes : Je me trouve obligé, mon cher Dom Alvare, de rappeller à votre memoire une partie des chofes que vous fçavez, pour vous faire entendre par quelle avanture la charmante Elvire s'eft offerte à mes yeux ; car bien que vous foyiez de deux ans plus jeune que notre Reine, je fuis perfuadé que vous n'ignorez pas la cause du féjour qu'elle a fait en Espagne.

Non fans doute, lui dit Dom Alvare, & pour vous épargner un recit qui pourroit détourner de votre efprit toutes les idées, dont je fouhaite que vous me faffiez part, je vous dirai que je fçai

que

que le Prince Moraïfel, pere de Pilluftre Almahidè votre Reine, voulant paffer de Grenade en Afrique avec toute fa famille, fit naufrage fur les côtes d'Efpagne où une tempête terrible le fit échouer; que ce malheur lui arriva prefqu'à la vûë du Duc d'Arcos, qui étoit pour lors à une fuperbe maifon qu'il a fur les bords de la mer; & que par une compaffion naturelle aux grandes ames, il fit partir plufieurs chaloupes pour fauver les malheureux qu'il voyoit prêts à périr; que fon genereux deffein réuffit; que Moraïfel, fa femme & fa fille qui n'avoit pour lors que quatre ans, & une partie de leur équipage, furent garantis de la fureur des eaux; que le Duc & la Ducheffe d'Arcos les reçurent chez eux avec tant d'amitié, que Moraïfel fut obligé de fe dé

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votre himen, dit-il en adreffant la parole à Félime, ne fe feroit qu'après que le Siege de Grenade feroit terminé, & comme la divifion qui y regne me donne lieu de croire que nous ne refifterons pas aux forces des Rois de Caftille › je ne prévois point que le Prince de Fez vous foit fort redoutable.

Ce difcours raffura ces deux tendres Amans, & remit pour quelque tems la tranquillité dans leurs ames; cependant la Princeffe, craignant qu'un fi long entretien ne parût extraordinaire, fit confentir Zéluma & Dom Alvare à la laiffer retirer. Ce qu'elle fit après que cet illuftre Efclave eut obtenu d'elle la permiffion de la voir quelquefois en ce lieu.

Dom Alvare fe voyant feul avec le Prince de Grenade, ne voulut pas differer à lui faire con

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noître qu'il fçavoit une partie de fon fecret, & le regardant avec tendreffe: Hé bien, mon cher Zéluma, lui dit-il, vous ferai-je inutile en Espagne, & ne puis-je y parler pour vous comme vous avez fait pour moi à Grenade? Zéluma changea de couleur à cette queftion: Hélas! vous pouvez tout, lui dit-il ; mais je crains, ...Non, non, interrompit Dom Alvare, vous n'avez rien à crain dre, & je trouve ma four trop heureufe d'avoir fça vous plaire. Enfuite il lui apprit de quelle façon il avoit découvert fon amour. Enfin, continua-t-il, mon cher Zéluma, je vous promets que fi je puis revoir le Duc de l'Infantade, de ne travailler à mon bonheur qu'après avoir affuré le vôtre: ainfi confiez à mon amitié la naiffance de votre amour & la caufe de votre déguisement en

Efpagne. Je ne puis moins faire, lui répondit Zéluma, pour un ami qui vient de me conferver la vie pour la feconde fois.

Alors s'étant affis l'un & l'au-. tre, Zéluma Zéluma commença fon difcours en ces termes : Je me trouve obligé, mon cher Dom Alvare, de rappeller à votre memoire une partie des chofes que vous fçavez, pour vous faire entendre par quelle avanture la charmante Elvire s'eft offerte à mes yeux ; car bien que vous foyiez de deux ans plus jeune que notre Reine je fuis perfuadé que vous n'ignorez pas la caufe du féjour qu'elle a fait en Espagne.

Non fans doute, lui dit Dom Alvare, & pour vous épargner un recit qui pourroit détourner de votre efprit toutes les idées, dont je fouhaite que vous me faffiez part, je vous dirai que je fçai

que

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