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moyen, les années avec la plus grande précision, les époques indiquées par Daniel pour les événements à venir (par exemple, celle de soixante-dix semaines d'années dont nous parlerons plus tard), se trouvaient s'être parfaitement accomplies. En second lieu, il fut appelé à une autre admiration, et voici comment.

Il avait fait usage, pour ses calculs, d'un catalogue d'éclipses donné par un très-ancien astronome, nommé Ptolémée. - C'était un païen, qui vivait en Egypte cent quarante ans seulement après Jésus-Christ, et qui avait consigné dans ses livres des observations astronomiques faites à Babylone pendant une longue suite d'années, et déjà recueillies trois cents ans avant lui par le fameux Hipparque de Nicée. - Or, quelle ne dut pas être l'admiration de Newton pour Daniel, quand il vit que le païen Ptolémée, pour désigner les années de ses éclipses, avait divisé les temps anciens absolument de la même manière que l'avait fait, sept cent quarantecinq ans avant lui, le prophète Daniel; c'est-à-dire que l'astronome Ptolémée avait vu les Quatre Monarchies derrière lui dans le passé, comme Daniel les avait vues devant soi dans un avenir si lointain. On dirait, en lisant Daniel, qu'il avait Ptolémée sous les yeux; ou l'on dirait, en lisant Ptolémée, qu'il a copié Daniel. - En effet, de même que cet homme de Dieu, contemplant dans les siècles futurs ces quatre grands empires qui devaient remuer le monde, les considérait sous l'image d'une seule statue, comme ne formant, pour ainsi dire, qu'un seul royaume qui commencerait avec le roi de Babylone et se continuerait d'abord par les rois de Perse, puis par les rois des Grecs, et enfin par les empereurs et les rois des Latins; c'est ainsi qu'a fait, sept cent quarante ans après Daniel, le païen Ptolémée. Cet astronome, appelé à faire une liste des années, pour énumé

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rer ses éclipses par les règnes des rois, les a comptées en les rapportant aux mêmes Quatre Monarchies que Daniel voyait des de la foi dans les siècles à venir. yeux Pour cela, il les a considérées comme une seule suite de règnes, qu'il commence par les rois de Babylone, qu'il continue par Cyrus et les rois de Perse, par Alexandre-le-Grand et les rois grecs de l'Egypte, et qu'il termine enfin par les empereurs des Latins (1).

Mais il y aurait même encore là quelque chose de plus; car de la même manière que, dans la statue de Daniel, chacune des quatre monarchies n'est censée commencer que du moment où elle vient s'insérer à la suite de la précédente, ainsi le païen Ptolémée, dans son catalogue des rois (qu'il a nommé Règle ou Canon mathématique des rois), ne compte les rois de Perse que de l'année où ils sont devenus maîtres de Babylone; il ne compte les rois de Macédoine que du moment où ils ont renversé les Perses; et il ne compte les monarques de Rome que du jour où ils ont remplacé les successeurs d'Alexandre. Il ne tient aucun compte de l'existence antérieure ni des uns ni des autres. Ainsi faisait Daniel.

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Ne dirait-on pas, je le répète, que cet astronome païen avait sous les yeux la statue que je vous ai déjà tant expliquée? Et ne comprenez-vous pas maintenant pourquoi Newton, qui avait tant à s'occuper du catalogue de Ptolémée en étudiant les éclipses (2), devait être pénétré d'admiration?

C'était ma première réflexion; je m'y suis peut-être un peu trop étendu; mais j'ai l'espérance que, si vous n'avez pas pu tous en suivre le développement, vous saurez tous

(1) Voir ce Canon de Ptolémée, à la fin du tome IIIe.

(2) Voyez, à la fin du volume, note a.

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au moins vous en rappeler la pensée générale. La voici réduite en trois mots. Dieu mène les nations comme il mène le monde; Dieu se montre grand et vrai dans les prophéties, comme il est grand et vrai dans l'astronomie; Dieu se fait reconnaître dans les révolutions des peuples, prédites et déterminées en son conseil, comme il se révèle dans les révolutions des astres qui parcourent nuit et jour l'immensité de cieux.

Maintenant, vous vous rappelez que j'avais fini ma dernière leçon par deux remarques importantes : je voudrais m'assurer que vous en avez clairement conservé le souvenir, parce qu'elles peuvent vous servir très-utilement pour l'intelligence des prophéties. - Quelle était la première ?

C'est que l'histoire d'un peuple comprend celle de sa politique et celle de sa religion.

Oui, il faut se souvenir qu'elle se compose de ces deux éléments, toujours plus ou moins unis, mais toujours distincts, les intérêts de sa religion et les intérêts de sa politique, l'histoire de l'Eglise et l'histoire de l'Empire. — Ainsi, dans le chapitre IIe et dans le VIIe, Daniel parle également des Quatre Monarchies; mais dans la première de ces prophéties, c'est surtout l'état de l'Empire qu'il veut exposer; tandis que ce sera dans la seconde celui de la Religion.

Et quelle était notre seconde réflexion?

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C'est

que les seuls empires dont nous devions nous attendre à trouver l'histoire dans les prophéties, ce sont ceux qui ont eu affaire au peuple de Dieu.

Ainsi, mes amis, quand les prophètes parlent de la terre, ou quelquefois du monde, il faut entendre le plus souvent par là le vaste territoire des Quatre Monarchies, l'empire de la Statue, et rien de plus. C'est ce que nous avons nommé la Terre Prophétique. Ce sont toutes ces contrées que je vous ai

montrées sur la carte en couleur blanche, et qui constituaient le monde connu des anciens.

Et remarquez bien encore ici quelque chose d'important: cet empire nous a été représenté dans les prophéties comme n'en formant en quelque sorte qu'un seul, figuré par un seul colosse métallique, commencé par le roi de Babylone (qui en est la tête), continué par les rois des Perses et par ceux des Grecs (qui en sont les bras et la poitrine, le ventre et les cuisses), et enfin achevé par les rois latins ( qui en sont les jambes et les pieds). Il en résultera que souvent dans les Ecritures, soit de l'ancien, soit du nouveau Testament, Rome sera appelée Babylone; parce qu'aux yeux du Saint-Esprit, qui embrasse d'un coup-d'oeil toute la suite des temps, l'empire de Babylone était comme le commencement de l'empire romain, tandis que l'empire romain, à son tour, n'était que Babylone dans son développement et dans sa plénitude.

Je vous ai dit, mes amis, que cette dernière remarque avait de l'importance, parce qu'elle jettera plus tard une utile lumière sur les études que vous pourrez faire dans la parole des prophètes.

Par exemple, quand vous lirez dans les « Révélations de Saint-Jean » (XVII), comment il décrit ce que devait être dans l'avenir la ville de Rome, la ville aux sept collines (comme il l'appelle, v. 9), la ville qui (de son temps ) dominait sur les rois de la terre (v. 18); quand il vous l'aura dépeinte comme une église adultère, sous l'image d'une femme impure et prostituée, revêtue de fin lin, de violet (1) et d'écarlate (XVII,4; XVIII, 16), parée d'or, de pierres précieuses et de perles, et quand alors il finira par vous dire son nom, vous ne serez plus étonnés d'entendre qu'il l'ap

(1) Le violet, chez les anciens, s'appelait pourpre.

pelle: Babylone la grande, la mère des fornicateurs et des abominations de la terre (v. 5). Il lui voit, dit-il, un nom écrit sur son front ; et quel est ce nom?

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Il la voit portée à cheval comme sur l'empire romain, c'est-à-dire sur une bête à sept têtes et dix cornes (v. 3), assise sur les grandes eaux, qui représentent des peuples, et des foules, et des nations, et des langues (v. 15); il la voit enfin sous les traits d'une femme ivre....... ivre! et de quel vin ?

Ivre de sang.

Et de quel sang?

Du sang des saints et des témoins de Jésus !

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Oui, et quand Jean la vit ainsi, il fut étonné d'un grand étonnement. Vous pouvez donc vous assurer ici très-évidemment (et tous en conviennent) que Rome est mystérieusement appelée par le Saint-Esprit du nom de Babylone.

Mais je crois même qu'il y a là quelque chose de plus; et puisque je vous en ai dit autant, il faut que je vous fasse part d'une observation qui m'a vivement frappé cette semaine, et qui, je l'espère, vous intéressera.

Je pensais, pour vous être agréable et pour vous rendre plus facile la mémoire de tous ces faits, à vous décrire le costume des rois de Babylone; et, dans ce but, je lisais les anciens historiens qui se sont plu à nous réciter avec un grand détail les usages des Chaldéens. L'un d'eux, entre autres, est un grand géographe nommé Strabon, né près du pays des Mèdes, cinquante-six ans avant Jésus-Christ. Un autre, qu'on appelle Hérodote, le plus ancien des histo

TOME I.

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