24 ). parole importante de notre Seigneur dans saint Luc (XXI, Lisez-la-moi. Il y parle du temps pendant lequel les Juifs doivent demeurer asservis et dispersés au milieu des nations, et pendant lequel aussi les nations doivent posséder Jérusalem. « Ils seront menés captifs parmi toutes les nations, et Jé>> rusalem sera foulée aux pieds par les nations, jusqu'à ce » que le temps des nations soit accompli. - Vous l'entendez le temps des nations, voilà le temps de la statue; c'est-à-dire, le temps qui est donné aux nations pour exercer leur empire et pour consommer leur oppression sur le peuple de Dieu; car, après ce temps, elles seront brisées avec un sceptre de fer; le pouvoir leur sera ôté, et la domination sera donnée aux vrais adorateurs de Dieu, au peuple des saints du Souverain (v. 27). 31. Tu contemplais, ô roi! et voici une grande statue. Remarquez ici trois choses : 1o Les monarchies représentées dans cette vision devaient être idolâtres, et tous leurs rois se faisaient adorer : c'est pour cela qu'elles apparaissent à Nébucadnétsar sous l'image d'une statue, c'est-à-dire de l'une de ces idoles qu'il avait coutume de servir. 2o Ces monarchies devaient être puissantes, actives, redoutables; et c'est pour cela que ce personnage se présente comme un être vivant, comme debout, comme portant des traits menaçants, et comme prenant devant le grand monarque de Babylone une attitude imposante et terrible: Elle était terrible à voir, est-il écrit. 3o Ces monarchies devaient être entourées de tout l'éclat que les enfants du siècle admirent par-dessus tout; et c'est pour cela que sa splendeur était excellente. 32. La tête de cette statue était d'un or très fin. 37 et 38. Toi, 6 roi! qui es le roi des rois, parce que le Dieu des cieux t'a donné le royaume, la puissance, la force et la gloire, et qu'en quelque lieu qu'habitent les enfants des hommes, les bêtes des champs, et les oiseaux des cieux, il les a donnés en ta main, et t'a fait dominer sur eux tous, tu es la tête d'or. Toi, non-seulement ta personne, mais ta famille, ta dynastie, ton fils et ton petit-fils qui règneront après toi. Toi, qui es le roi des rois. Nébucadnétsar était le successeur des rois d'Assyrie; l'empire assyrien avait été la plus ancienne et la plus noble des monarchies; mais par les conquêtes de Nébucadnétsar, ce royaume était devenu empire de Babylone, et les Chaldéens ne formaient plus avec les Assyriens qu'une seule nation. Le jeune roi Nébucadnétsar avait eu déjà, dès les premiers mois de son règne, des succès inouïs; tout avait plié devant lui; il était devenu le roi des rois. - Et comme il était porté trop naturellement par ses victoires à se croire l'auteur de sa haute fortune et à se rêver un demidieu, Daniel, en lui rappelant sa puissance, a soin de lui dire: « Le Dieu des cieux t'a donné le royaume. » Les prospérités de ce prince, en effet, sont peut-être sans exemple dans l'histoire, et quelle qu'ait été plus tard la gloire de Cyrus, d'Alexandre ou des Césars, celle du roi de Babylone fut plus éclatante encore. Il était la tête d'or. Ses magnificences passèrent en proverbe. Les plus grands monarques qui suivirent dans les siècles plus récents ne mirent leur ambition qu'à pouvoir en imiter de loin l'incomparable splendeur. Son règne fut de quarante-cinq années (ou de quarante-trois, si vous les comptez depuis la mort de son père); mais il le commença très-jeune par des triomphes que rien n'interrompit. Il prit, avons-nous dit, trois fois Jérusalem; il détruisit Ninive, cette antique et puissante capitale des Assyriens, cette cité de trois jours de chemin; il conquit Elam, la Susianne et cette Perse même d'où devait sortir plus tard le vainqueur de Babylone prédit par Esaïe; il anéantit la reine des mers, la célèbre Tyr; il joignit à son empire une partie de l'Arabie, et bientôt après, la puissante Egypte avec toutes ses richesses. Enfin, deux historiens grecs vont jusqu'à nous dire qu'il surpassa le fameux Hercule par la grandeur de ses exploits, et qu'il poussa ses conquêtes, du côté du nord, jusque dans la Thrace, et du côté de l'occident, jusque sur toutes les côtes septentrionales de l'Afrique et jusques en Espagne. J'aurai plus tard à vous parler de Babylone. Il n'y eut, à ce qu'il paraît, jamais rien de semblable sous le soleil: vingt lieues de tour, des murs de trois cent cinquante pieds de haut sur quatre-vingt-sept de large, des quais non moins prodigieux, cent portes toutes en airain, une tour du dieu Bel haute de 600 pieds, des magasins fournis de vivres pour vingt ans, des jardins suspendus (comme on les appelait) s'élevant de terrasse en terrasse sur des arches entassées, plantés des arbres les plus rares et portant des fruits exquis, un pont sous la rivière de l'Euphrate, comme celui que les Anglais construisent depuis dix ans sous la Tamise! Hérodote, le voyageur, et Ctésias, le médecin, qui avaient vu de leurs yeux Babylone, nous en ont laissé les descriptions les plus précises; comme aussi le géographe Strabon et Diodore de Sicile, qui vivaient tous deux avant JésusChrist, et qui avaient également fait le voyage d'Asie. - Je vous montrerai dans quelques jours le dessin de cette étonnante cité (1). (1) Voyez, leçon 17€. |