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depuis 240 années, et surtout dans un livre de l'obscure nation des Juifs, alors esclave à Babylone. Comment se fussent-ils imaginé, eux qui étaient alors aussi les tributaires du grand Nébucadnétsar, que, d'après ce livre, leur petit Cyrus fût choisi du Dieu des cieux, pour terrasser les nations, pour délier la ceinture des rois, pour dire à Jérusalem: « Tu seras rebâtie, » et à son temple : « Tu seras refondé ! »

Cependant, il en était ainsi ; et ce que l'Eternel avait arrêté touchant cet enfant des montagnes, devait s'accomplir en son temps.

La mère de Cyrus était fille du prince des Mèdes, tandis que son père était prince des Perses. Le joug des Babyloniens s'étant relâché après la mort de Nébucadnétsar, le roi des Mèdes devint bientôt puissant. Sa fille lui ayant envoyé de Perse le petit Cyrus, pour qu'il fût élevé à la cour de son grand-père, il s'y fit bientôt admirer et chérir. Mis à la tête des armées des Mèdes et des Perses qui s'étaient soulevés contre les rois de Babylone, il fut partout victorieux et fit d'immenses conquêtes, jusqu'à ce qu'enfin il vint mettre le siége devant la puissante Babylone. Cependant cette ville, avec ses murailles hautes de 300 pieds, ses fossés profonds où coulaient les eaux de l'Euphrate et ses forteresses aux triples remparts, semblait inexpugnable, lorsqu'enfin Cyrus, en une nuit, ayant détourné le cours de ce grand fleuve, entra dans la ville avec sa cavalerie par le lit même de la rivière, tua le roi de Babylone et devint le maître du monde. Il connut les prophéties de Daniel; Dieu lui toucha le cœur en faveur de son peuple; il l'affranchit après soixante-dix ans d'esclavage, et il le renvoya bientôt dans son pays par un décret solennel, où il disait à Jérusalem : « Sois rebâtie! » et à son temple: «Sois refondé ! »

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Lisez-moi cet admirable passage d'Esaïe, dont je vous ai déjà parlé, mais dont c'était ici la véritable place. Vous écouterez tous avec un respect profond, en vous souvenant qu'Esaïe l'écrivait à Jérusalem, à 400 lieues du pays où naquit Cyrus, et à 240 années du jour où ce futur conquérant sortit du sein de sa mère.

(On lit dans Esaïe, au chap. XLV, les versets 26, 27 et 28, et au chap. XLVI, les versets 1, 2, 3, 4, 5, 6.)

Admirons, chers enfants, adorons ce Dieu des prophéties qui appelait Cyrus et qui le ceignait de la ceinture des rois, quoique Cyrus ne le connût point encore! Oui, reconnaissons, comme il est écrit, « que ce Dieu est l'Eternel et qu'il n'y » en a point d'autre; » qu'il est celui qui appelle, celui qui élit, celui qui prédestine, celui qui ressuscite, celui qui pardonne, celui qui sauve,... et « qu'il n'y en a point d'autre ! » Mais en voilà sans doute assez sur la poitrine et les bras; je passe à la troisième monarchie.

Il est écrit (au v. 32) que le ventre de la statue était d'airain, et que ses cuisses aussi étaient d'airain; et il est dit (au v. 39) qu'ensuite il s'élèverait un troisième royaume qui serait d'airain, et qui dominerait sur toute la terre.

Remarquez bien encore ici ces trois circonstances:

1o Le cuivre faisait suite à l'argent et s'y soudait immédiatement sans aucun intervalle. Il devait donc venir un troisième empire, un troisième peuple, une troisième langue, qui ferait immédiatement suite au peuple et à la langue des Perses, dans le gouvernement des nations et dans la domination sur le peuple de Dieu.

2o Le cuivre est moins brillant que l'argent, comme l'argent l'est moins que l'or. · Cette troisième monarchie devait done avoir moins de richesse et moins d'éclat que celle de Cyrus,

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bien qu'elle dût dominer sur toute la terre connue alors du peuple de Dieu.

3o Le ventre n'était pas seul d'airain, les cuisses aussi étaient du même métal. Il fallait donc que le troisième empire, après avoir formé un seul et tout-puissant royaume, se séparât plus tard en deux états appartenant au même peuple et parlant la même langue.

Et maintenant, quel est ce royaume ? Vous l'avez déjà nommé dans votre esprit, tous ceux de vous au moins qui ont acquis déjà quelque connaissance de l'Histoire.

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- C'est celui d'Alexandre-le-Grand, roi des Macédoniens et général des Grecs.

-

Oui, c'est ce qu'on appelle l'empire des Grecs. - Mais ceux mêmes d'entre vous qui n'auraient pas encore fait d'étude sur ce sujet, auraient également pu me nommer cette troisième monarchie, s'ils avaient lu seulement le VIIIe chap. de Daniel; car le prophète l'y désigne par son nom. Il ne se contente pas alors de l'y représenter sous l'emblême d'un bouc d'entre les chèvres, il nous la nomme en toutes lettres : C'est le roi de Javan, nous dit-il (le nom de Javan est en hébreu celui de la Grèce ). Et même il va plus loin; car il nous explique très-clairement (soit en ce VIIIe chapitre, soit au XIe) ce qu'il faut entendre aussi par les deux cuisses d'airain, placées dans la statue au-dessous de son ventre d'airain. La troisième monarchie, nous dit-il, qui est celle des Grecs, doit se partager plus tard en quatre royaumes, et plus tard encore, il y en aura deux entre ces quatre qui seront plus considérables que les deux autres, et avec lesquels seuls les Israélites auront affaire; tellement qu'on appellera l'un (le roi de Syrie) roi du Nord, et l'autre (le roi d'Egypte), roi du Midi.

Lisez-moi, au chapitre VIII, les v. 21 et 22:

Et le bouc velu, c'est le roi de Javan, et la grande corne qui était entre ses yeux, c'est le premier roi............

-Alexandre-le-Grand.

Et ce qu'elle s'est rompue et que quatre cornes sont venues à sa place, ce sont quatre royaumes qui s'établiront de cette nation, mais non pas selon la force de cette corne. - Et au chapitre XI, v. 2, 3, 4, 5:

il

- Et maintenant aussi je te ferai savoir la vérité. Voici, y aura encore trois rois en Perse....

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Xerxès.

Puis, le quatrième possèdera de grandes richesses pardessus tous les autres; et s'étant fortifié par ses richesses, il soulèvera tout le monde contre le royaume de Javan. Puis, un roi puissant.....

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Alexandre.

Puis, un roi puissant se lèvera et dominera avec une grande puissance, et fera selon sa volonté. Et sitôt qu'il sera en état, son royaume sera brisé et partagé vers les quatre vents des cieux, et ne sera point pour sa race ni selon la domination avec laquelle il aura dominé; car son royaume sera extirpe, et sera donné à d'autres outre ceux-là. Et le roi du Midi sera fort puissant; mais un des principaux chefs du roi de Javan sera plus puissant que le roi du Midi et dominera; et sa domination sera une grande domination. - Il est impossible de rien dire de plus clair.

En effet, ouvrez l'histoire qu'y voyez-vous? L'exacte répétition de ce que vous venez de lire dans ces lignes miraculeuses.

Deux cent quarante-neuf ans après le jour où Daniel expliquait l'avenir au roi de Babylone, naquit, dans le petit

royaume de Macédoine, un enfant qu'on devait nommer plus tard Alexandre-le-Grand et qui devait conquérir le monde alors connu, depuis le royaume de Javan (qu'on regardait comme les extrémités de l'Occident) jusqu'aux extrémités de l'Orient, aux lointains rivages de l'Indus et de l'Hydaspis. A peine sorti de l'enfance, il était déjà l'un des plus grands et des plus redoutables capitaines qui aient jamais ensanglanté la terre. Il n'avait que vingt-un ans quand tous les Etats de la Grèce le nommèrent général des Grecs, pour attaquer le puissant empire des Mèdes et des Perses. Dès l'année suivante, il passe en Asie et renverse tout sur son passage; il marche, ou plutôt, il vole comme la tempête; les villes les plus munies tombent devant lui; les armées les plus formidables sont détruites en un jour; la puissante Tyr est brûlée; Gaza est anéantie; l'Egypte est conquise en quelques semaines; Babylone ouvre ses portes; l'infortuné roi des Mèdes et des Perses, longtemps poursuivi, tombe percé de coups; et dans cinq ans d'une guerre rapide et victorieuse comme on n'en vit jamais, ce jeune prince, à peine âgé de vingt-six ans, monte sur le trône de Nébucadnétsar et de Cyrus, se voit le monarque du monde, et se fait nommer « le Maître de la terre et des mers. »

Cependant, à peine ce conquérant superbe, revenu des bouches de l'Indus et des déserts du Sind sur les bords de l'Euphrate, était-il rentré dans cette Babylone dont il voulait faire le centre de son empire, qu'atteint d'une fièvre brûlante, il dut descendre en dix jours dans la poussière du tombeau. C'est en vain qu'on le plongeait plusieurs fois le jour dans les eaux de l'Euphrate, en vain qu'on immolait d'innombrables victimes dans les temples de Babylone, en vain que tous les efforts de l'art étaient mis en usage pour retenir la vie de ce maître du monde ;... il dut rendre à Dieu

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