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féroces, dont la quatrième a dix cornes comme les pieds de notre statue ont dix doigts; et vous entendrez l'un des assistants lui dire (v. 23 et 24): La quatrième bête sera un quatrième royaume sur la terre, lequel sera différent de tous les royaumes et dévorera toute la terre et la foulera et la brisera; mais les dix cornes sont dix rois qui s'élèveront de ce royaume.

40 Le bas des jambes et les pieds étaient en partie de fer et en partie de terre (v. 33); et nous voyons (au v. 41), que c'étaient les pieds et leurs doigts qui devaient être en partie de terre de potier et en partie de fer, parce que ce royaume devait être divisé : en partie, fort; et en partie, faible.

Ces derniers traits nous indiquent qu'il devait s'opérer un changement intime dans la constitution de ce royaume; par où je veux dire que ce ne devait pas être un partage extérieur comme celui qu'indiquaient les dix doigts, mais une division intestine, essentielle, en deux gouvernements, ou deux peuples, ou deux langues, ou deux puissances; une division qui devait être commune aux dix royaumes, et à laquelle auraient part également et les pieds de la statue et chacun de leurs dix doigts.

50 Ce changement essentiel dans la constitution intime de cet empire devait se faire.... quand? D'après notre règle de chronologie, vous ne devez pas avoir de peine à me répondre. Vous savez que la hauteur respective des emblèmes, dans le corps de la statue, détermine la suite des temps dans les destinées successives des Quatre Monarchies.

- Ce changement devait avoir lieu vers la fin de cette monarchie, puisqu'il ne commence que dans les pieds.

Très-bien, cher enfant; et cependant aussi ce même changement intime devait s'opérer avant la division de l'empire, puisqu'il commence au-dessus des orteils.

TOME I.

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6o Enfin, le fer et la terre de potier, mêlés dans les pieds de la statue, ne pouvaient cependant jamais se confondre l'un avec l'autre ; et cet emblême, comme cela nous est expliqué au v. 43, signifiait que les deux parties de cette division intime, introduite dans le quatrième empire, seraient unies sans se confondre jamais. Elles s'uniraient par semence humaine, c'est-à-dire qu'elles seraient prises dans les mêmes races et les mêmes familles, sans pouvoir cependant jamais se mêler réellement l'une avec l'autre.

Voilà donc six caractères bien prononcés qui nous sont donnés de ce quatrième empire. Voulez-vous me les répéter? (LES ENFANTS LES RÉPÈTENT.)

Maintenant, mes amis, j'ouvre le livre de l'Histoire, et je vais vous dire en peu de mots les destinées de la quatrième monarchie. Quiconque a quelque connaissance des révolutions de l'empire romain admirera profondément l'exactitude, la variété et la précision de ce tableau. jamais été fait, même après l'événement, ni de plus précis, ni de plus clair en si peu de mots, 'ni de plus propre par conséquent à résumer toute l'histoire.

Il n'en a

On a fait souvent, dans ces derniers temps, des tableaux synoptiques, destinés à présenter à la jeunesse, d'une manière facile et frappante, les grands traits de l'histoire ancienne. Cependant, je ne pense pas qu'il en existe aucun d'aussi convenable que Daniel. — Vous en allez bientôt juger avec moi.

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Le quatrième empire était de fer de fer! On ne peut mieux définir le caractère des Romains: tout en eux était de fer. Leur gouvernement était de fer, inflexible, dur, écrasant, impitoyable.-Leur courage était de fer, cruel, sanguinaire, indomptable. Leurs soldats étaient de fer; jamais peuple ne fut plus redoutablement armé dans les combats :

leurs cuirasses, leurs casques, leurs longs boucliers, leurs dards, leurs javelots, leurs courtes et pesantes épées à deux tranchants, toutes leurs armes étaient ingénieusement terribles. Leur discipline était de fer: le général juif Josèphe nous l'a décrite, après qu'il eut vu défiler toute leur armée se rendant au siége de Jérusalem. «< Leurs lois, dit-il, ordonnent la peine de mort, non-seulement pour la désertion, mais pour les moindres négligences; et quelque sévères que soient ces lois, les officiers qui les font observer le sont encore davantage. » — Leur joug sur les vaincus était de fer: pesant, insupportable, et cependant inébranlable, inévitable. Dans leurs conquêtes, ils écrasaient tout, ils réduisaient en provinces romaines toutes les contrées soumises; ils ne leur laissaient rien de leur nationalité, et dans peu de temps ils leur avaient tout ôté jusqu'à leur langue ; il fallut bientôt qu'on parlât latin, non-seulement dans toute l'Italie, mais en Allemagne au midi du Danube, mais dans toute la France, mais dans la Belgique, dans la Suisse, à Genève, en Espagne, en Portugal et jusques en Afrique. Leurs cœurs étaient de fer: jamais ils ne connurent la pitié; ils faisaient couler le sang des hommes comme de l'eau; il leur fallait ces joies de cannibale dans la paix comme dans la guerre. Quand ils coupaient la tête d'un homme, ce n'était jamais sans l'avoir auparavant déchiré jusqu'aux os, en le frappant de bâtons flexibles qu'on appelait des verges. Quand ils avaient vaincu quelque roi, ils l'attelaient à leur char de triomphe au jour de leur entrée dans Rome; et pendant les festins que l'empereur donnait alors à son armée dans les palais du Capitole, on fouettait ce malheureux jusqu'à sa mort apparente; puis, lui coupant la tête avec des cris de joie, on le tirait enfin par un croc dans la rivière du Tibre. Quand Jules-César, qui s'empara de toute la France et la réduisit en province romaine, en eut

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pris d'assaut la dernière ville, il fit couper les deux mains à tous les hommes qui s'y trouvèrent et s'en vanta lui-même dans ses «< Commentaires. » Il leur fallait du sang humain dans toutes leurs joies; ils avaient pour ce plaisir, dans toutes leurs villes, des théâtres où les dames romaines assistaient comme les hommes, et où l'on obligeait de pauvres prison niers de guerre à se battre jusqu'à la mort, ou bien contre des bêtes féroces, ou bien les uns contre les autres. Dès que l'un d'eux était blessé, tout le peuple criait : Il en a! il en a! et il fallait alors que le malheureux, baissant aussitôt son bouclier, mît un genou en terre, et tendît la gorge avec une grâce théâtrale pour se laisser tuer; le peuple, à cette vue, hommes et femmes, donnait le signal en élevant le pouce; et aussitôt le vainqueur, s'approchant du vaincu, lui mettait son épée sur la veine jugulaire au-dessus de l'épaule, et la lui enfonçait jusqu'à la garde. Alors, si le malheureux, en mourant, savait conserver une attitude héroïque et des mouvements gracieux, les applaudissements de toute la foule saluaient à grands cris son dernier soupir. Quand Jules-César, à son retour de France, donna ses fêtes au peuple de Rome, il y eut, dit-on, des combats semblables dans chacune des rues de cette immense cité : c'était entre des prisonniers allemands ou français. Le fameux Titus, celui qui prit Jérusalem, et qu'on a nommé « le plus doux des Romains et les délices du genre humain, » fit tuer de sang-froid tous les vieillards, tous les malades et tous les gens mal faits; et quand il se mit en marche joyeuse pour retourner à Rome, il prit à sa suite les quatre-vingt mille jeunes Juifs qui restaient et les fit tuer par milliers à coups d'épée ou dévorer par les bêtes féroces pour amuser le peuple dans les villes de son passage. Dans un seul jour, par exemple, à Césarée, le 24 octobre, pour célébrer le jour de naissance de son frère, il en fit

mourir deux mille cinq cents, dont les uns furent brûlés, les autres égorgés et les autres mangés par les bêtes. Ce qui survécut de cette multitude fut employé à bâtir le Colysée ou à donner sa vie à son tour pour les jeux cruels qu'on y célébra. Nous tenons ces détails de Josèphe, qui suivit ce prince à Jérusalem et qui fut son ardent admirateur.

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Il y aura un quatrième

Les jambes étaient de fer. royaume qui sera comme du fer, parce que le fer brise et met en pièces toutes choses; car comme le fer met en pièces toutes choses, ainsi il brisera et mettra tout en pièces (v. 30).

Vous verrez plus tard, au chapitre VIIe, lorsque le prophète représentera les Monarchies sous l'image de quatre bêtes féroces, que la quatrième était épouvantable, affreuse et très-forte; elle avait de grandes dents de fer; elle mangeait et brisait, et elle foulait à ses pieds ce qui restait.

Nous avons dit, en second lieu, que ce quatrième royaume, dans la statue, étant représenté dès son commencement par deux jambes de fer, devait être d'abord gouverné par deux autorités égales en

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pouvoir. Tel fut en effet l'empire romain, lorsqu'il devint partie de la statue, c'est-à-dire lorsqu'il eut réduit le royaume grec de Syrie en province romaine, l'an 65 avant Jésus-Christ, et qu'il eut pris Jérusalem, l'an 63. Cet empire alors n'était point monarchique; il avait officiellement deux chefs d'un pouvoir égal, qu'on appelait consuls, auxquels on remettait l'imperium, au nom desquels on administrait les affaires publiques, et par lesquels, dans les fastes, on désignait les années.

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Nous avons dit, en troisième lieu, que l'empire étant, dans sa partie inférieure, représenté par les dix doigts des pieds, devait être partagé en dix royaumes; et en quatrième lieu, que ce partage devait avoir lieu dans la dernière partie de son règne.

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