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>> vers toi, sauve-moi! j'ai prévenu le point du jour et j'ai

» crié ! »

Mais continuons notre verset nous y trouverons encore une troisième direction pour nos prières.

30 Daniel priait à genoux.

Voilà, mes amis, l'attitude qui convient au chrétien dans l'oraison. J'ai connu bien des personnes à Genève qui n'auraient pas voulu s'agenouiller quand elles priaient : il leur semblait, disaient-elles, qu'il y avait dans cet usage quelque chose des papistes. Oui, si c'était devant des hommes et des images; mais vivent les papistes, si c'est du cœur et devant Jésus-Christ! Il leur semblait, je crois, que cette position du corps était trop humble. Pauvres enfants de la mort et de la condamnation ! que le Seigneur leur pardonne! Ils ne savent donc ni qui est Dieu, ni ce qu'ils sont ! Ah! s'ils pouvaient voir quelque chose seulement de la majesté du Seigneur, ils trouveraient cette attitude trop altière encore; ils se voudraient prosterner.

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Quand Etienne priait, c'était à genoux. Quand Paul priait, c'était à genoux. Quand il se séparait des pasteurs de Milet et faisait avec eux la prière, c'était à genoux avec eux tous (Actes, XX, 36). Quand les hommes, les femmes et les petits enfants de l'église de Tyr l'accompagnaient sur le rivage hors de la ville, ils priaient ensemble, et vous les eussiez vus tous à genoux sur la grève (Actes, XXI, 5). Quand saint Pierre priait près du lit de l'aimable Dorcas, c'était à genoux (Actes, IX, 40). Quand le grand roi Salomon faisait sa solennelle prière, à la dédicace de son temple, c'était à genoux, en présence de tout son peuple (1 Rois, VIII, 54). Quand son père David, l'homme selon le cœur de Dieu, priait, c'était à genoux : « Venez (disait-il, dans son Psaume LV), venez, » prosternons-nous, inclinons-nous et mettons-nous à ge

»> noux devant l'Eternel qui nous a faits. » Et pour tout dire,.... quand notre Maître priait, c'était à genoux ! Que dis-je ? ah! quand il priait pour nous en Gethsémané, il ne se contentait pas d'être sur ses genoux : il abattait ses mains et son visage sur la poudre de la terre !

40 Enfin, il nous est dit, dans cet admirable verset de notre leçon, que Daniel priait et louait son Dieu, comme il avait fait auparavant. — Il ne se bornait pas à prier, il louait son Dieu; il priait « en y joignant des actions de >> grâces (Phil., IV, 6). » C'est en effet là ce qu'un chrétien doit faire sans cesse, même dans les jours d'épreuve, de danger, de douleur ou de mort; car un vrai fidèle aura toujours de quoi louer son Dieu; et l'on demandera mal tant qu'on ne saura pas remercier.

Il me semble que je le vois devant sa fenêtre, ce vénérable vieillard: il ne se contentait pas de dire: « Mon Dieu, garde-moi, et me donne toute la force qui va m'être nécessaire ; » mais il louait, il exaltait, il rendait grâces; et « tout » ce qui était au-dedans de lui bénissait le Nom de sa sain>>teté. >> - « O mon Dieu, si je pense à tes bienfaits, les » veux-je réciter et dire, ils surpassent en nombre les che» veux de ma tête; je ne les puis compter ! »> - « O mon Dieu, je te loue de ma longue vie, et je te loue plus encore de m'appeler à la terminer par un martyre! Je te bénis de ce que tu m'as gardé depuis le jour où, n'étant qu'un enfant, tu me fis venir à Babylone; et je tressaille de joie de ce que tu m'as fait digne de souffrir pour ton Nom. Ah! mon désir tend à déloger; j'attends ton héritage; c'est toi qui pardonnes toutes mes iniquités et qui guéris toutes mes infirmités : tu me couronnes de gratuités et de compassions! »

Aussi voudrais-je, mes amis, ne vous plus faire remarquer de ce verset 10 qu'une seule parole. Le Saint-Esprit n'a pas

dit ici: Daniel louait Dieu, mais Daniel louait son Dieu; afin de nous rappeler, par ce simple mot, dans quel esprit d'adoption et de joie religieuse, cet heureux vieillard répandait son cœur devant l'Eternel. C'était son Dieu. « O Dieu, >> disait-il comme l'un de ses ancêtres, tu es mon Dieu ! » je suis ton enfant; tu es mon Père, tu es mon Sauveur, tu es mon partage à toujours, tu es mon Dieu! (Ps. XXII, 10; XXXI, 14; CXVIII, 28.)

Ainsi priait Daniel.

Or, il se fit bientôt un attroupement devant son palais : on excita le peuple; on répandit dans Babylone que ce Juif orgueilleux, ce vieillard insolent, qui aurait dû plus qu'un autre donner l'exemple de la soumission, ne craignait pas de braver ouvertement les ordres du monarque. Alors les grands vinrent à Darius, et lui dirent: «< Sire, n'avez-vous pas écrit » ce décret (v. 12) ?... » Il répondit: La chose est constante, et c'est une de nos lois irrévocables. - Eh bien! seigneur, ce Daniel, qui est un de ces captifs emmenés de Judée, n'a tenu compte de vous, ô roi, ni du décret que vous avez écrit ; mais il continue de prier; il fait même ses prières trois fois le jour comme auparavant !

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A ces mots, le malheureux Darius reconnut, mais trop tard, le piége qu'on lui avait tendu. Il vit qu'on voulait perdre son premier ministre, et il en eut en lui-même, est-il écrit une grande douleur; bien plus, il prit à cœur de le délivrer ; il fit tout ce qu'il put pour trouver quelque moyen de le faire échapper aux rigueurs de cette loi de persécution qu'on lui avait surprise; il fit même, jusqu'au soleil couchant, toutes sortes d'efforts qui sont ici rappelés sans être récités. Mais ce fut en vain les seigneurs de la nation s'assemblèrent; ils arrivèrent en corps auprès du monarque; ils lui dirent : « Seigneur, voudriez-vous renverser la monarchie? Vous

savez que la loi fondamentale de notre empire, c'est que les ordonnances royales, une fois faites, ne peuvent plus changer. »

Il semble qu'on entend ici les méchants sacrificateurs et les sénateurs de Jérusalem, criant à Pilate, lorsque celui-ci disait : « Mais quel mal a-t-il fait ? »—« Si vous délivrez cet » homme, vous n'êtes pas ami de César; car il s'est dit le >> roi des Juifs ; il faut qu'il meure! crucifiez-le! crucifiez-le ! »

De pareils traits, chers enfants, nous montrent combien les pauvres rois et tous les chefs des nations ont besoin que le peuple de Dieu intercède en leur faveur.

Enfin, le malheureux Darius se croit obligé de céder il commande qu'on amène Daniel, et qu'on le jette dans la fosse aux lions. On va donc prendre ce vénérable gouverneur; on le conduit comme un criminel entre des soldats; et garotté de chaînes sans doute, il paraît devant le roi. Ne vous semble-t-il pas voir ce beau vieillard, ces cheveux blancs, ce regard doux et ferme, ce front généreux, cet air d'élévation et de noble candeur?

Je me figure aussi quelles devaient être alors les émotions des milliers et milliers de Juifs, qui, dans Babylone, attendaient l'accomplissement des promesses faites à leurs pères, et qui, le livre de Jérémie à la main, comptaient avec tant de prières les soixante-dix années de la captivité.

Depuis qu'ils avaient vu tomber Babylone, comme les Ecritures le leur avaient annoncé, ils regardaient l'élévation de Daniel au gouvernement du nouvel empire des Perses, comme le moyen préparé de Dieu pour leur délivrance. Quelle épreuve donc pour leur foi que le supplice cruel de leur protecteur ! Mais aussi, quelle belle leçon, que la vue de ce martyr, de ce Daniel, de ce vieillard de quatre-vingt-cinq ans, s'en allant à la mort, pour n'avoir pas voulu cesser de

prier et de confesser l'espérance d'Israël, le Dieu vivant et vrai! Quel bien devait leur faire un tel exemple!

Peut-être y en avait-il au milieu d'eux, surtout parmi les plus pauvres, plusieurs qui, par des jugements hasardés et sévères, avaient impitoyablement blâmé le pieux Daniel de consentir à vivre dans une Cour idolâtre et au sein des grandeurs. Mais maintenant, hommes téméraires, ne jugez plus ! Qui êtes-vous, pour condamner le serviteur d'autrui ? Voyez ce cœur de fidèle; voyez ce noble vieillard s'en allant à la mort pour avoir trop prié; voyez ce saint martyr; voyez cet homme de prières; - allez et faites de même !

Mais enfin, on l'emmène pour être dévoré.

Ecoutez cependant les paroles du roi des Mèdes, au moment où il le voit partir. Quelle consolation pour la foi de Daniel, que d'entendre de la bouche même de ce roi païen ces paroles remarquables: Ton Dieu, lequel tu sers incessamment, Daniel, sera celui qui te délivrera! — « Oui, mon Dieu (dutil répondre dans son cœur), oui, mon Dieu, d'une manière ou d'une autre, certainement tu me délivreras ! O mon Dieu, bénis ce pauvre roi ! »

·

On l'emmène, ai-je dit; on ouvre l'horrible fosse; on l'y jette; on la ferme d'une énorme pierre; on appose sur cette pierre non-seulement le sceau du monarque, mais aussi celui de ses gentilshommes, qui se défiaient sans doute de Darius et qui voulaient empêcher ainsi, nous est-il dit, « que rien ne fût changé touchant Daniel. »

On avait, suivant l'usage, tenu les lions sans nourriture durant toute la journée, afin de les rendre plus furieux ; mais pour être plus sûr encore de la mort de Daniel, on l'y laissera toute la nuit, et l'on ne rouvrira plus la fosse qu'au lendemain matin.

Ce martyre, mes amis, m'a rappelé plusieurs fois celui

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