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PREFACE.

A plupart des Auteurs qui ont écrit touchant les Peines des fecondes Nôces, ont rempli leurs Préfaces de déclamations, pour exagérer l'intempérance de ceux qui fe remarient, & principalement des Veuves, que l'on blâme d'autant plus qu'on leur oppofe des exemples pris des femmes idolâtres, qui ont préféré d'ensevelir dans le tombeau de leurs maris leurs premieres affections, à tous les attraits que peuvent offrir de nouveaux feux; ce qui doit bien faire honte à nos Veuves nourries & élevées dans une Religion qui devroit leur infpirer des sentimens infiniment plus purs; néanmoins il s'en trouve peu, dit-on, qui imitent ce que Virgile, lib. 4. Æneïd. fait dire à Didon après la mort de fon mari Sichée.

Ille meos primus qui me fibi junxit amores

Abftulit, ille habeat fecum, fervetque fepulchro. D'autres ont dit que Tertullien a réprouvé les fecondes Nôces comme contraires à ce qui caractérife le mariage de notre premier pere, Erunt duo' in carne una, non tres, nec quatuor, Adam & Eva unis inter fe Nuptiis defuncti funt; ce que Tertul

lien avoit voulu perfuader à un ami qui avoit perdu fa femme, pour le détourner d'en prendre une autre, lib. Exhortationis ad caftitatem; & dans le livre fuivant de Monogamia, il s'efforce de prouver cette exhortation comme un dogme; mais on a dû s'appercevoir du correctif qui précede ce livre, où l'on avertit que c'est une erreur contraire à la veritable doctrine: Standum eft nobis ab orthodoxorum Patrum fententiâ, nec violenta Paulinorum verborum interpretationi ullo modo.adhærendum ; & plus bas on ajoûte: Scripfit & Tertullianus de Monogamia librum hæreticum, quem Apoftolo contra ire nemo qui Apoftolum legerit, ignorabit; il nous fuffit en un mot que l'Eglife autorise les feconds mariages: inutile encore d'examiner ici pourquoi on ne donne point la bénédiction aux fecondes Nôces. Toutes ces difcuffions ne conduisent à rien par rapport aux Loix civiles. Pour moi j'ai envifagé uniquement l'utilité publique; & confiderant que les fecondes Nôces font approuvées, tout ce qui m'a paru néceffaire pour le bien de la justice, c'eft d'expofer dans cet Ouvrage les différentes peines qui accompagnent les fecondes Nôces, afin que chacun puiffe être inftruit des embarras où il engage fa famille, & où il s'engage luimême, par les conteftations toujours inévitables que produifent les différens mariages. On ne manque point d'Auteurs touchant les Peines des fecondes Nôces; mais on peut avancer qu'ils en ont tous

parlé (pour ainfi dire) à morceaux & par lambeaux. Il y a des Auteurs François qui ont fait des recherches plus curieufes qu'utiles, en parlant de ce qui fe pratique en Mofcovie, en Allemagne & dans plufieurs autres Etats jufqu'aux Provinces Orientales; & qui ne difent prefque rien fur l'usage du Royaume d'ailleurs, les Arrêts intervenus dans tous les Parlemens, tant fur l'interprétation des Loix Romaines, que de l'Edit des fecondes Nôcés & autres Ordonnances, fe trouvent répandus dans une infinité de livres ; j'ai cru que ce feroit un Ouvrage très-utile de les affembler dans un feul volume. Nous voyons que Barry s'applaudit d'avoir compofé fon Traité des Succeffions, de plufieurs Auteurs, où ces matiéres étoient répandues confufément; il dit, qu'il a eu pour principal motif de foulager l'attention des Magistrats, des Jurisconfultes & des Avocats qui fréquentent le Barreau. Je puis dire aujourd'hui que j'ai été animé du même zéle, fans pourtant en vouloir retirer aucune gloire. Je me fuis particuliérement attaché aux textes des Loix, & aux Glofes, pour en pénétrer le véritable fens; à concilier les variations qu'on a voulu y trouver, fans faire l'attention néceffaire à la différence des temps où ces Loix ont été promulguées; enfuite j'ai fuivi avec toute l'exactitude poffible la Jurifprudence des Arrêts de tous les Parlemens du Royaume, qui ont jugé presque toutes les questions qui ont été controversées par les an

ciens Jurifconfultes: & par ce moyen on peut abréger l'étude de toutes ces différentes opinions qui engageoient les Juges & les Avocats à des recherches très-pénibles, pour démêler celles qui étoient les plus folides. La décision des Arrêts fur toutes ces questions controversées doit fans doute faire une Loi affurée, ainfi que le témoigne Calliftrate fur un refcrit de l'Empereur Severe, en la Loi 38. ff. De Legib. dont voici les paroles: Nam Imperator nofter Severus refcripfit in ambiguitatibus.quæ ex legibus proficifcuntur, confuetudinem, aut rerum perpetuò fimiliter judicatarum auctoritatem vim Legis obtinere debere. Que s'il s'en trouve encore quelques unes fur lefquelles les Arrêts ont varié, l'exposition de la différence de ces Arrêts qui a été faite, fervira, afin que chacun puiffe pefer ceux qui meritent d'être fuivis, en attendant que les Parlemens faffent ceffer les contrariétés qui fe rencontrent dans leurs Arrêts, en pratiquant le conseil que donna autrefois un célebre Magistrat dans une harangue qu'il prononça au Parlement de Paris, qui étoit de commettre un bon nombre de Juges les plus éclairés pour examiner les Arrêts qui avoient décidé diversement les mêmes questions

afin

que fur leur rapport, le Parlement déterminât ceux qui devoient être préferés pour faire Loi à l'avenir. Jufques alors on pourra toujours dire fur ces queftions, pares aquila, & pila minantia pilis.

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