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fans être nous, paroiffent devenir d'autres nousmêmes, fe transforment dans nos fentimens, & prennent toutes nos paffions.

LUCINDE.

Ma bonne, tâchez de me faire voir celui qui eft venu me baiser la main, tandis que je dormois. LA FÉ E.

Si vous ne l'avez point trop effarouché, il est peut-être encore autour de ce Palais : je vais le chercher auparavant qu'il s'éloigne.

LUCINDE.

Allez vîte; j'attends votre retour avec impa

tience.

SCÈNE III.

LUCINDE, feule.

,

ELLE rit.... de mon impatience fans doute... elle a raison. Réellement ma curiofité va jufqu'à l'émotion. Il me paffe dans la tête des chimeres qui femblent être approuvées par mon cœur. Un homme... Eh bien un homme!.. Oh! je veux... je veux jouer un air fur mon clavecin.

(Elle va à fon clavecin, & revient aussi-tôt.)

Je fais une réflexion. Je fuis une étourdie; je devois accompagner Souveraine; elle auroit guété de fon côté, & moi du mien; & s'il avoit paru, nous nous ferions doucement, doucement rapprochées, & nous l'aurions pris.

(Elle retourne encore à fon clavecin, & revient auffi-tôt.)

Quel cruel foupçon vient m'agiter? Pourquoi ne m'a-t-elle pas propofé d'aller avec elle? Car enfin nou, nous ferions aidées : elle a dû le penfer: quand elle a dit que les hommes avoient tant de défauts qu'elle s'en étoit dégoûtée, je me suis apperçue qu'elle fourioit, & ne difoit pas ce qu'elle penfoit. Ne voudroit-elle point encore garder celui-ci pour elle, & me le cacher comme les autres? Oh! ne foyons pas fa dupe; allons la joindre avant qu'elle ait le tems....

(Voulant fortir, elle apperçoit la Fée qui entre. }

SCÈNE IV.

LA FÉE, ALCINDOR, LUCINDE.

LUCINDE.

AH! vous voilà! eh bien, eft-il pris ?

LA

LA FÉE.

Oui, & je n'ai pas eu de peine à l'amener.

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LUCINDE.

Oh! vous l'aurez laiffé échapper.

(Elle court au fond du Théâtre, & apperçoit Al

cindor.)

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LA FEE la contrefaifant.

Ah!... ma Bonne! mais.... comment?... En vérité... oui... que voulez-vous dire ?

LUCINDE.

Je ne fais vous m'avez jetté un regard qui m'a tout-à-fait embarraffée.

LA FÉ E.

Moi, je vous ai jetté un regard?

LUCINDE fe mettant à côté d'Alcindor.

Il eft auffi grand que moi! Comme il me regarde! Ses yeux font doux & gracieux! Oh! je fuis

Tome I.

B

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perfuadée qu'il n'eft pas de ces furieux qui fe battent & fe déchirent. Je le retiens pour moi. LA FÉE.

Je vous le cède volontiers.

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Charmant, foit. Mais-laiffons pour quelques momens Monfieur Charmant ; & allons confidérer un phénomène que je viens d'appercevoir au coucher du Soleil.

LUCINDE.

Ma bonne! j'ai tant vu le Soleil.

LA FÉE.

Mais vous n'avez pas vu ce phénomène; & nous raifonnerons ensemble...

LUCINDE.

En vérité, Madame, je raifonnerois fort mal.

LA FÉE.

En vérité, Mademoiselle, reftez avec votre Charmant ; je ne veux point vous gêner; il faut efpérer que cette fantaisie vous paffera comme bien d'autres.

SCÈNE V.

LUCINDE, ALCINDOR.

LUCINDE regardant fortir la Fée. ELLE fort; tant mieux; fa préfence m'embarraffoit; fon efprit eft quelquefois monté fur un ton qui m'ennuie beaucoup.

(Confidérant Alcindor.)

Les beaux cheveux! Qu'il porte bien la tête! Sa taille eft parfaite ! Il femble à mon cœur qu'il trouve enfin l'objet qu'il cherchoit, & que des idées confufes lui traçoient il y a long-tems.

(Contrefaifant la Fée.)

Cette fantaisie vous paffera comme bien d'autres! ( S'approchant d Alcindor.)

Non, Charmant, je vous chérirai toujours. Fantaifie! Quel terme! Il fembleroit encore que je ne

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